Montpellier : le plan de financement de la sécurité sociale provoque la colère des soignants

Elian Barascud Publié le 29 octobre 2024 à 14:44 (mis à jour le 29 octobre 2024 à 14:57)
Les principales organisations syndicales de la santés dénoncent des coupes budgétaires dans le budget de la sécurité sociale. ("Le Poing")

A l’appel de quatre fédérations syndicales de la santé (CGT, FO, SUD, UNSA), des professionnels de l’hôpital public, des établissements du sanitaire, du social et du médico-social se sont mobilisés ce mardi 29 octobre devant le siège des caisses d’Assurance Maladie à Montpellier. Ils s’opposent à des coupes dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale, discutées cette semaine à l’Assemblée nationale

41 milliards d’euros d’économies, dont presque 15 pour la sécurité sociale. Voilà le plan du gouvernement, qui présente cette semaine son projet de budget 2025 à l’Assemblée Nationale cette semaine. Une annonce qui a mis les principaux syndicats de la santé dans la rue.

A Montpellier, l’appel a la grève relayé par la CGT, Force Ouvrière, SUD et l’UNSA a réuni une grosse cinquantaine de personnes devant le siège de l’Assurance Maladie, cours Gambetta. “C’est une attaque dissimulée contre le syndicalisme, car la sécu a été créée par des syndicalistes !”, peste Sophie Vidal, monitrice-éducatrice et déléguée CGT à l’APEI 34, une association du secteur médico-social. “Cela nous met en difficulté, car c’est la sécurité sociale qui finance nos actions. Et puis, on s’est battu quatre ans pour que les salariés de notre secteurs puissent toucher la prime Ségur, et quand ils ont enfin 183 euros de prime par mois, certaines structures commencent à faire marche arrière car elles n’ont pas les moyens financiers de le faire, donc ça nous touche aussi en tant que salariés.”

Gérald, qui travaille également dans le médico-social, ajoute : “Ces coupes budgétaires, on les voit quand on accompagne quelqu’un à l’hôpital et qu’on attend douze heures aux urgences fautes de lits.” Françoise Gaillard, militante à la CGT au CHU de Montpellier, renchérit : “On a des collègues épuisés, qui n’en peuvent plus. Sur certains services, les heures supplémentaires cumulées atteignent l’équivalent de deux ou trois temps pleins.”

“Un plan d’urgence de 80 milliards pour la santé”

“Il y a un vrai problème d’attractivité dans nos métiers, et la solution que le gouvernement a trouvé, c’est des primes au mérite. On est un service public, il faut arrêter avec les logiques capitalistes”, tonne de son côté Lénaïc Berger, secrétaire générale USD CGT santé action sociale. “Le gouvernement dit que ces coupes concernent surtout les fonctionnaires, mais en réalité, quand on veut baisser le remboursement des consultations médicales de 70 à 60% ou qu’on compte baisser le montant des indemnités journalière en cas d’arrêt maladie, ça ne concerne pas que les fonctionnaires, ça concerne tout le monde !”

Face à ces coupes budgétaires, la CGT demande “une sécurité sociale qui réponde intégralement aux besoins et dont les recettes soient assurées par des cotisations” et 80 milliards d’euros débloqués d’urgence dans la santé et la protection sociale, “pour les salaires et pour désendetter les établissements”, dixit Lénaïc Berger.

“On a tenu à poser un préavis de grève aujourd’hui car c’est symbolique, c’est aujourd’hui que c’est discuté à l’Assemblée, mais on va être vigilent sur la suite, et ce n’est pas exclu qu’il y ait d’autres appels”, précise-t-il. Le texte sera voté le 5 novembre,“avec un 49,3 sans doute”, souffle le secrétaire général CGT, dépité. “Nos collègues sont dans l’expectative, c’est dur de mobiliser pour le moment.”

Les retraités aussi mobilisés

Pour équilibrer le budget, le gouvernement entend également repousser la revalorisation des pensions de retraite, normalement prévue au 1er janvier 2025 comme le voudrait le Code de la Sécurité Sociale. Cette augmentation interviendrait le 1er juillet 2025. Gérard, retraité encarté à Force Ouvrière, présent au rassemblement de ce mardi 29 octobre, s’insurge : “C’est impensable, les retraités souffrent beaucoup.” Il accuse “la stratégie du quoiqu’il en coûte” de Macron pendant le Covid : “Le gouvernement a utilisé de l’argent de la sécurité sociale pour le donner aux commerçants et artisans, et après, il reporte ce trou dans le budget.”

L’intersyndicale des retraités appelle à une manifestation nationale le 3 décembre pour demander l’annulation du report de la valorisation des pensions. A Montpellier, la manifestation aura lieu à 10 h 30 sur le parvis de l’Opéra, place de la Comédie.

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