Montpellier : un militant d’extrême-droite condamné pour une agression à la fête des fanfares

Le Poing Publié le 7 novembre 2024 à 10:26
Image d'illustration du tribunal d'instance de Montpellier/ "Le Poing"

Le procès a eu lieu le 31 octobre et le délibéré est tombé ce jeudi 7 novembre. Ongwé L. G., membre du Bloc Montpelliérain, groupuscule nationaliste-révolutionnaire, a été condamné à dix mois de prison avec sursis et l’interdiction de porter une arme pendant trois ans après l’agression d’un syndicaliste à la fête des fanfares en juin dernier

Le délibéré est tombé ce jeudi 7 novembre : 10 mois de prison avec sursis, l’interdiction de porter une arme pendant trois ans, et sur le volet civil, 3 000 euros à verser à la victime plus 800 de frais d’avocat. Une peine lourde pour une agression qui l’est tout autant. Le premier juin dernier, vers 22 h 30, alors que la fête des fanfares bat son plein dans le quartier des Beaux-Arts, M., militant syndical, va chercher une bière. Soudain, une petite dizaine d’hommes, pour beaucoup au visage masqué, débarquent.

La suite, il la raconte dans Mediapart quelques jours plus tard : « Quelqu’un m’a pris par l’épaule et m’a envoyé une grosse patate dans la bouche. » Bilan : une dent cassée et 42 jours d’ITT. Dans sa plainte, il affirme avoir reconnu deux militants d’extrême droite, dont Ongwé L. G, membre du Bloc Montpellierain, groupuscule nationaliste-révolutionnaire qui s’est monté en janvier 2024 à Montpellier. Un témoin, qui s’est interposé dans l’altercation, a confirmé sa présence. Début septembre, le Bloc publie une vidéo sur les réseaux sociaux – supprimée 24 heures plus tard, mais que Le Poing a pu consulter – accompagnée d’images d’articles de presse qui relataient l’agression de M. . De quoi sonner comme une revendication de l’exaction, qui revêt d’un caractère politique pour la victime en raison de son militantisme syndical.

Ongwé L. G. s’était déjà fait remarquer le 26 janvier lors de la manifestation des agriculteurs à Montpellier. Avec ses camarades, ils avaient intimidé les journalistes Samuel Clauzier et Ricardo Parreira, à qui Ongwé L. G. avait asséné qu’il était dans une manifestation de “français de souche” et que notre confrère n’avait “rien à foutre là”. Par ailleurs, Dorian M., autre membre du Bloc Montpelliérain a été relaxé le 30 octobre pour des faits de violences lors de cette manifestation.

« J’ai été rejeté par ce groupe en raison de mon identité »

Le procès de cette affaire d’agression à la fête des fanfares (dont le compte-rendu est également disponible sur Streetpress) s’est tenu le 31 octobre dernier. A la barre, Ongwé L. G. a tenté de se défendre comme il pouvait, mais souvent de façon contradictoire. S’il a admis avoir été présent sur les lieux de l’agression, il a nié toute participation à l’acte. Il aurait été invité par un ami qu’il connaît « par le sport » à « rejoindre un groupe d’ultra-droite à cette soirée ». Un pote qui l’aurait « perdu de vue » pendant l’agression. « J’ai été rejeté par ce groupe en raison de mon identité », a affirmé le vingtenaire métisse au casier judiciaire vierge, qui ne se serait pas senti « à l’aise » avec eux. Une curieuse déclaration, puisqu’Ongwé L. G. a échangé et est reparti de l’audience avec Martial Roudier, un identitaire de la Ligue du Midi, groupuscule identitaire raciste et violent. Le procureur était resté perplexe : « Si vous en avez été rejeté, cela veut dire que vous avez fait partie de ce groupe à un moment, non ? »

Mais à écouter maître Mathieu Sassi, l’avocat d’Ongwé L.G., ce serait bien son client qui subirait « une campagne de dénonciation calomnieuse de la part de l’extrême gauche locale », dont Le Poing. Il avait demandé la relaxe du militant d’extrême droite ainsi qu’un complément d’information sur l’enquête.

La sanction prononcée ce jeudi 7 novembre est en dessous de ce qu’avait requis le procureur, qui avait demandé 12 mois de prison avec sursis, cinq ans d’inéligibilité et d’interdiction de port d’arme et un an d’interdiction de territoire pour le centre-ville de Montpellier. Une audience civile sera organisée ultérieurement après expertise médicale de la victime pour chiffrer les dommages causés par l’agression. Ongwé L. G. et son avocat ont dix jours pour faire appel de cette décision.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Crise économique, dispute de pouvoir et lutte pour l' autodétermination : la Bolivie en ébullition