Le préfet de l’Hérault interdit encore deux rassemblements pro-palestiniens et pour Georges Abdallah
Dans deux arrêtés publiés le 13 novembre, François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault, a interdit un rassemblement pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah prévu à Montpellier ce jeudi 14 novembre et un rassemblement de soutien à la Palestine organisé le même jour à Béziers. L’association la Libre Pensée a déposé un référé-liberté au tribunal administratif en dénonçant des interdictions qui tendent à devenir “générales et absolues” et a obtenu gain de cause
Et deux interdictions de manifester de plus pour les soutiens à la Palestine dans l’Hérault. Dans deux arrêtés publiés le 13 novembre, François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault, a interdit un rassemblement en soutien à la Palestine organisé par La France Insoumise, Cultures Solidaires et le Parti Ouvrier Indépendant (POI) à Béziers et un rassemblement pour la libération du militant communiste libanais Georges Ibrahim Abdallah prévu à Montpellier le 14 novembre à 18 h 30 sur la place Georges-Frèche.
Pour rappel, Georges Ibrahim Abdallah, militant marxiste, a cofondé en 1979 l’organisation des Fractions armées libanaises (Farl). Envoyé en France pour soutenir la résistance palestinienne, il est arrêté en 1984 pour usage de faux papiers. Trois ans plus tard, il est condamné à perpétuité pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates, un Américain et un Israélien. Libérable depuis 1999, la France a refusé ses onze premières demandes de libération, sur fond d’ingérence américaine et israélienne, au motif qu’il n’aurait jamais émis de regrets vis-à-vis des crimes (qu’il a toujours niés). L’une d’entre elles avait été acceptée en 2013 sous réserve qu’il fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion, que le ministre de l’Intérieur de l’époque, un certain Manuel Valls, n’avait pas mis en œuvre. Le 7 octobre dernier, la justice a examiné sa douzième demande de libération auprès de la justice. La décision sera rendue le 15 novembre.
Dans ses arrêtés, le préfet justifie les interdictions par ses arguments habituels : “le contexte départemental, international et national particulièrement sensible“, ou le fait qu’un individu isolé ait commis, le 24 août dernier, un attentat près de la synagogue de la Grande-Motte et que ce dernier “a été filmé avec un keffieh sur la tête et un drapeau palestinien à la taille”.
De son côté, la Libre Pensée de l’Hérault, très active dans le soutien au peuple palestinien, a saisi le tribunal administratif pour une audience en référé-liberté afin de contester ces arrêtés. Ses militants dénoncent le fait que ” la succession d’interdictions motivées de façon stéréotypée montre que le préfet ne poursuit pas le but de préservation de l’ordre public. Quel que soi tle contexte propre à chaque initiative, il invoque toujours les mêmes arguments, sans jamais d’ailleurs apporter la moindre preuve de leur fondement concernant un possible trouble à l’ordre public.”
Ils ajoutent que “le préfet paraît davantage poursuivre un dessein politique que la préservation de l’ordre public. À cette fin, il entend, en particulier, interdire de manière régulière aux militants dénonçant les massacres au Liban et en Palestine de se réunir.En procédant à d’interdictions ou de restrictions systématiques des manifestations successives en faveur du peuple palestinien sans motif sérieux quant aux potentiels troubles à l’ordre public, dont l’accumulation tend vers une interdiction générale et absolue, le préfet remet en cause une liberté aussi fondamentale que la liberté d’expression.”
Le tribunal administratif, de son côté, a reconnu que les arrêtés portaient “une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de réunion et d’expression” et a cassé la décision du préfet. Les rassemblements de ce jeudi soir pourront finalement avoir lieu.
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