“Des conditions d’accueil insalubres” : à Montpellier, nouvelle grève chez 2 Choses Lunes
Ce vendredi, les salariés du Centre d’Accueil et d’Examen des Situations (CAES) de Montpellier, géré par l’association 2 Choses Lune, étaient une nouvelle fois en grève après leur mobilisation de décembre dernier, pour dénoncer la dégradation des conditions d’accueil des demandeurs d’asile hébergés et pour demander plus de transparence au Conseil d’administration de la structure
Ils s’étaient déjà mobilisés le 19 décembre dernier à Montpellier pour alerter sur les conditions d’accueil des demandeurs d’asiles hébergés dans ce centre d’accueil et d’examen des situations (CAES). Mais ce vendredi 30 janvier, le mouvement de grève était national pour les salariés de l’association 2 Choses l’Une, qui a également des sites à Dijon, Caen, Bourgoin-Jallieu et Rillieux la Pape. Autre changement par rapport à la mobilisation de décembre dernier, les salariés, qui avaient jusque là peur de prendre la parole par crainte de représailles, ne cachent plus leur colère : “C’est fou qu’on doivent en arriver là et contacter la presse pour rappeler une chose aussi fondamentale, qui est qu’on accueille des êtres humains”, résume Lisa Echenne, assistante sociale dans la structure. “Et c’est pourtant de moins en moins évident de le dire, vu le contexte politique global”, ajoute-t-elle.
Car dans ce centre, qui permet un premier accueil aux demandeurs d’asile afin de commencer les démarches administratives, les personnes accueillis dorment dans des “habitats modulaires”, de type Algeco, “mal isolés, insalubres, et souvent trop petits”, détaille Lisa Echenne. “La vaisselle se fait dehors, à l’eau froide, les sanitaires sont sales depuis plusieurs années, on a des quantités insuffisantes de nourriture pour répondre aux besoins, et les personnes ici sont sans ressources financières et ne peuvent pas en acheter. Cela nous tient à cœur de défendre ces conditions d’accueil , parce qu’on porte la parole de personnes qui ne l’ont pas, et aussi parce que ça impacte directement nos conditions de travail.”
Elle décrit des bureaux étroits et partagés, eux aussi dans des bungalows, sans possibilité d’avoir une confidentialité lors des entretiens, des pannes d’Internet et d’imprimantes récurrentes, des frais d’interprétariat extrêmement limités, et surtout, un manque de dialogue social avec le Conseil d’Administration de l’association. “Quand on fait part de nos difficultés et qu’on demande des solutions, on nous dit que c’est pas possible, sans expliquer pourquoi, aujourd’hui, on est aussi là pour demander plus de transparence au Conseil d’administration”, explique Lisa.
Des risques de surpression de postes
Pour José Théron, coordinateur pour la CGT Action Sociale 34, la situation de 2 Choses l’Une est “emblématique du secteur”. “Il y a de moins en moins de subventions, donc les salariés et les personnes aidées en pâtissent, on se retrouve avec des précaires qui aident des précaires. Dans cette structure, il n’y a pas de convention collective, donc pas d’évolution de carrière ou de salaire, et la direction évoque la potentielle suppression de 25 places d’accueil sur les 120 actuellement présentes, ce qui s’accompagnerait de cinq suppression de postes, mais la décision doit encore passer la le Comité Social d’Entreprise.”
Contactée, la direction de 2 Choses l’Une n’a pas répondu à nos questions.
Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :