À Montpellier, des personnes handicapées dénoncent des baisses de moyens à la MDPH
A la veille de sa première manifestation qui aura lieu le jeudi 27 novembre à 14 h, le collectif Citoyen Handicap 34 dénonce la baisse des moyens et les délais interminables de la MDPH de Montpellier. Entre heures d’aide réduites, dossiers égarés et recours qui traînent, plusieurs personnes témoignent d’une situation devenue intenable
Plusieurs personnes en fauteuils roulant s’activent autour d’une table, sur laquelle on trouve des cartons et de la peinture. L’heure est à la préparation de banderoles et de pancartes pour la première manifestation du collectif Citoyen Handicap 34, prévue ce jeudi 27 novembre à 14 heures devant la Maison Départementale des Personnes handicapées (MDPH) de Montpellier. Né en septembre de galères partagées de personnes en situation de handicap avec la MDPH, celui-ci entend créer du lien et dénoncer baisse de moyens et lenteur administrative.
“On a l’impression qu’on demande trop”
Dans la pièce, beaucoup perçoivent l’allocation de compensation de handicap (PCH), qui se traduit souvent par une enveloppe versée par la MDPH pour embaucher une aide humaine, après détermination d’un quota horaire en commission.
Ce quota horaire, régulièrement revu à la baisse, fait justement l’objet d’un mécontentement partagé. “On a l’impression qu’on demande toujours trop”, souffle Noah, la vingtaine. Atteint d’une maladie auto-immune depuis quatre ans, il a attendu 21 mois avant de se faire accorder une aide humaine, de deux heures et demi par jour. “J’étais dépendant de mes proches pour tous mes besoins vitaux”, précise le jeune homme. Un an après sa notification, son dossier est réexaminé : la MDPH lui accorde 30 minutes d’aide quotidienne, alors que ses médecins préconisent 6 heures par jour pour cause de progression de la maladie.
Il a déposé un recours en mars pour faire réévaluer sa situation, et attend toujours une réponse. En attendant, il paie de sa poche Julien, son aide de vie. “J’y ai passé toutes mes économies”, affirme Noah, qui explique aujourd’hui ressentir un profond sentiment d’injustice : “Nos vies ne tiennent qu’à ces aides, et quand on nous rend visite à la maison pour évaluer nos besoins, on nous explique qu’il n’y a pas beaucoup de budget. En fait, on nous prépare à avoir peu d’heures.”
Des délais dangereusement longs
Virginie, elle, dénonce des logiques d’économie sur le dos des personnes en situation de handicap : “Je vois une baisse drastique de la rémunération des infirmières qui viennent chez moi, et on incite nos auxiliaires de vie à réaliser des actes de soins à la place des infirmières”. Elle a récemment obtenu une notification pour une aide de vie. Un combat démarré en novembre 2024, lorsqu’elle fait une demande de PCH en urgence, dispositif censé permettre d’obtenir une décision dans les quinze jours ouvrés. “Je suis allé déposer le dossier en main propre à la MDPH, mais il a été perdu“, raconte la trentenaire, tétraplégique. “Heureusement, j’avais gardé des copies des documents, et j’ai pu tout renvoyer.”
En août 2025, elle est recontactée en vue d’une commission pour statuer sur son dossier, laquelle n’interviendra que deux mois plus tard.“Ce n’est pas normal que cela dure autant. Je ne dois pas rester seule, cette situation m’a mise en danger”, fustige-t-elle. Si à la base, la MDPH suggérait une présence d’aide de vie 3 h 30 par jour auprès de Virginie, celle-ci a finalement obtenu une notification pour 18 heures par jour, après s’être défendue en commission. “Nous ne sommes pas tous à égalité si on a pas la possibilité de se battre ou de réaliser les démarches en écrivant des courriers et en faisant des recours.” C’est justement dans cette optique qu’elle s’est engagée dans le collectif Handicap citoyen 34 : “Je veux pouvoir aider les autres dans leurs démarches.”
Pour contacter le collectif : collectifhandi34@gmail.com
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