À l’université Paul Valéry, une épicerie solidaire contre la précarité étudiante

Le Poing Publié le 11 mars 2021 à 12:49 (mis à jour le 11 mars 2021 à 19:31)
L'épicerie solidaire de Paul Valéry est ouverte sur rendez-vous du mercredi au vendredi après midi entre les bâtiments H et I du campus route de Mende.

Ouverte depuis plus d’un an, l’initiative portée par le Secours populaire, l’association Especaria et quelques bénévoles a vu son affluence augmenter à la suite du second confinement.

Mercredi 10 mars, 14 heures, quelques étudiants profitent du soleil quasi-estival sur les pelouses de la fac Paul Valéry. Derrière le bâtiment H, abritant le théâtre, quelques bénévoles s’activent à sortir des denrées de premières nécessités sur une table en plein air.

Anghjula, étudiante bénévole à l’épicerie, explique rapidement la marche à suivre en triant les fiches de suivi des bénéficiaires. « Chaque étudiant inscrit, qu’il soit de Paul Valéry ou non, à le droit à 5 produits gratuits toutes les deux semaines, et dix produits payants, mais à prix cassés. En général, le montant des courses ne dépasse pas 6 euros ici. » Du riz, pattes, boîtes, mais également fruits et légumes, masques, produits d’hygiène et protections menstruelles gratuites pour les femmes, distribuées en lien avec l’assurance-maladie.
La nourriture est issue de récupération, de dons ou d’achats effectués par le Secours populaire grâce à une aide européenne.
Charles, dont la barbe grisonnante contraste avec les têtes juvéniles qui animent le lieu, travaille au Secours populaire. «  L’initiative existe depuis une dizaine d’années, mais avant l’an dernier, nous avions un fourgon. En février dernier, la faculté nous a prêté ce lieu pour stocker les denrées, puis on a été confinés. On a donc ré ouvert un septembre dernier. Ça marche avec des jeunes, c’est bien, moi, je suis limite un intrus ici », glousse-t-il sous son masque. Au total, ce sont une trentaine de bénévoles qui effectuent l’accueil et la distribution par roulement.

Des distributeurs de protections hygiéniques gratuites sont installés sur le campus de Paul Valéry.

Une fréquentation en forte hausse depuis le second confinement

Ouverte du mercredi au vendredi après midi, l’épicerie solidaire accueille environ une cinquantaine d’étudiants bénéficiaires par jour. « Le lundi et le mardi, on fait les inscriptions et on appelle les gens pour caler les rendez-vous, et entre le mercredi et le vendredi, ce sont environ 150 personnes qui viennent. Ça fait environ 300 étudiants toutes les deux semaines, et ça ne cesse d’augmenter », résume Anghjula.
« Au début, ça touchait surtout les étudiants étrangers qui vivent en cité universitaire. Mais pendant le second confinement on a vu beaucoup de gens débarquer, pas mal d’étudiants qui n’avaient plus de travail à cause du COVID. On a aussi beaucoup d’étudiants non-boursiers qui galèrent. »
Killian, de l’association Especaria, complète la description de sa camarade : « Avant le premier confinement, on n’avait pas grand monde, car on n’avait pas beaucoup communiqué sur l’action. Mais pendant le second confinement on a dû instaurer un système de rendez vous car beaucoup de gens venaient en même temps. »

Lui aussi constate une augmentation de la précarité chez les étudiants : « Quand les gens viennent, on leur demande quelques renseignements, notamment sur leurs finances, et quand il leur reste moins de 10 euros de reste à vivre par jour, ils peuvent bénéficier de notre action. On s’est rendu compte qu’énormément d’étudiants remplissaient ce critère, et que certains étaient dans le négatifs, jusqu’à moins 300 euros de reste à vivre par mois. »

Alors que les étudiants souffrent de conditions de vie et d’études déplorables à cause de la situation sanitaire et que le gouvernement préfère agiter l’épouvantail de l’islamo-gauchisme dans les universités, ce genre d’initiatives apparaissent comme salutaires pour bon nombre d’entre eux. Encore une fois, la solidarité est notre arme, et comme on dit toujours au Poing « seul le peuple sauve le peuple ! »

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