À Montpellier, le grand réveil des étudiants dans la lutte

Le Poing Publié le 27 janvier 2021 à 19:04 (mis à jour le 28 janvier 2021 à 23:54)

La manifestation de l’Éducation nationale ce mardi 26 janvier a été un succès. Fait le plus remarquable : après des mois d’abattement, les étudiants composaient la moitié du cortège.

À l’appel national des syndicats, ce mardi 26 janvier, au moins deux milles personnes se sont rassemblées dans une manifestation de l’Éducation nationale et supérieure à Montpellier. Étudiant·es, enseignant·es-chercheur·ses, AED, professeur·es, toutes et tous se sont réuni·es pour lutter contre la paupérisation de l’enseignement et la précarisation étudiante, encore accrue avec la crise du covid-19. « Même avant la crise sanitaire on nous demandait de bricoler nos cours avec pas grand chose, mais là ce n’est plus possible », explique un enseignant.

Sitting rue de l’Université

Tout en slogans et en rythmes, la procession a débuté place de la Comédie à Montpellier à 14h puis s’est déployée dans la rue de l’Université. Les participants y ont effectué un sit-in, alors que certains appelaient à une minute de silence symbolique, derrière des banderoles « étudiants fantômes », dont une géante absolument impressionnante. La manifestation s’est finalement tranquillement terminée aux alentours de 17h à son point de départ.

Alors que plusieurs suicides d’étudiant sont aujourd’hui à déplorer, la lumière est enfin mise sur une affliction estudiantine qui devient de plus en plus palpable et visible. Détresse financière, perte d’un emploi, crainte du futur à cause d’un « diplôme qui ne vaudra rien », isolement, voilà les maux qui ronge la jeunesse montpelliéraine, et plus généralement du pays. Les réclamations sont pourtant simples et légitimes : réouverture des universités, élargissement du RSA aux 18-25 ans, plus de moyens pour l’Éducation nationale et l’enseignement supérieur, dédoublement des classes et revalorisation des salaires.

Vas voir un psy !

Cependant, le gouvernement reste sourd à ces réclamations, et oppose une énième « solution fast-food » face à celles-ci , soit des « chèques-psy » pour étudiant. Plutôt que de prévenir la maladie, les autorités préfèrent soigner les symptômes. La ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, à qui on doit déjà l’obscure plate forme Parcoursup et la loi LPR, décriée par les enseignants-chercheurs, ne semble toujours pas encline à satisfaire la demande de réouverture des universités. Selon la ministre, impossible pour les étudiants de se refréner de goûter « aux bonbons qui traînent sur les tables ». Voilà le mépris.

Et pourtant ! Lors de cette manifestation on a encore pu constater à quel point la jeunesse de Montpellier sait se saisir avec vigueur des sujets qui la concernent, à quel point nos étudiants et enseignants sont politisés, mobilisés ensemble pour une société dont ils sont des acteurs essentiels. La présence de nombreux lycéens à cette manifestation démontre les inquiétudes

profondes de la jeunesse face à un avenir qui débute tout juste pour eux, mais qui s’annonce morose.

Finalement, cette manifestation est la matérialisation d’un problème de fond. La place déclinante de l’enseignement public, le privilège laissé aux filières privées, d’excellences compétitives creusent l’inégalité et sèment le désarroi.

Sans un rééquilibrage des priorités, c’est la perdition progressive de droits fondamentaux qui s’annonce, à commencer par l’éducation pour tous, au profil de l’éducation pour les plus riches « un peuple instruit, jamais ne sera soumis ».

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