A Montpellier, regain militant en faveur de Georges Abdallah et des prisonniers catalans

Le Poing Publié le 13 octobre 2019 à 17:15

L’un est le plus vieux prisonnier politique d’Europe. Les autres connaîtront leurs peines cette semaine. Le libanais Georges Ibrahim Abdallah et les indépendantistes catalans sont au cœur de nouvelles mobilisations.

Toute une génération actuelle aurait du mal à l’imaginer : dans les années 70 et 80, le monde arabe en général, le Liban et le mouvement palestinien tout particulièrement, connaissent une forte composante progressiste, marxiste révolutionnaire, dans la lignée des luttes de libération nationale en maints endroits de la planète. Le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) du docteur Habache en est l’un des exemples. Le communiste libanais Georges Ibrahim Abdallah en est un membre actif, au nom d’un principe internationaliste, d’autant que le territoire libanais est directement le terrain de menées israéliennes hostiles, dans leur traque du mouvement palestinien.

Puis Georges Ibrahim Abdallah compte parmi les fondateurs des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises), déterminées à engager des actions sur le plan international, pour « frapper l’ennemi partout où il se trouve ». En France même, deux agents des services respectivement américain et israélien figureront parmi les cibles atteintes. En 1984, Georges Ibrahim Abdallah est jugé pour complicité d’assassinats dans ces deux affaires. Au terme de tout un imbroglio judiciaire – entre autre, son avocat avouera ensuite qu’il était devenu un collaborateur de la partie adverse ! – son jugement inaugure la nouvelle Cour d’assises exclusivement constituée de magistrats. Il est condamné à la réclusion à perpétuité.

Détenu à la Centrale de Lannemezan, le militant libanais a atteint en 1999 le terme de la durée incompressible de sa peine. Vingt ans plus tard, il entre à présent dans sa trente-deuxième année de détention, ce qui en fait le plus vieux prisonnier politique d’Europe, a fortiori de l’Hexagone. Georges Ibrahim Adallah n’a jamais rien renié de ses engagements. Et il est évident que des décisions politiques au plus haut niveau, sur intervention directe des gouvernements américain et israélien, interfèrent sur de possibles aménagements plus cléments dans le contexte français. Des processus purement judiciaires près d’aboutir à sa libération, ont été chaque fois stoppés au niveau gouvernemental.

Samedi 12 octobre, une salle pleine à la Carmagnole a réaffirmé son soutien au militant révolutionnaire. Cela dans le cadre plus large d’un après-midi de soutien au peuple palestinien. On y a notamment écouté l’historien Pierre Stambul, vice-président de l’UJFP (Union juive française pour la paix), conduire une déconstruction décapante du sionisme et de l’antisémitisme, mais aussi de leur articulation historique et conceptuelle.

Samedi 19 octobre, des militants montpelliérains se rendront à une manifestation nationale devant les grilles du Centre pénitentiaire de Lannemezan (renseignements sur le compte Facebook Free Georges Abdallah).

Dans le même cadre, un appel a été lancé, pour un rassemblement, d’abord dans l’urgence, ce mardi 15 octobre à 12h30 devant le Consulat général d’Espagne, cours Gambetta à Montpellier. C’est que le Tribunal suprême espagnol – une véritable instance d’exception entièrement acquise au Partido Popular où pullulent les tenants de droite post-franquiste – aura rendu, la veille, son verdict dans le procès des indépendantistes catalans. En détention provisoire depuis déjà deux ans, ces neuf prévenus encourent de très lourdes peines pour « sécession » et « rébellion ». Cela supposant l’organisation concertée d’actions directement violentes. Les élus parmi eux n’ont fait qu’appliquer leur programme électoral en organisant un référendum d’autodétermination – parfaitement pacifique quoique attaqué par les violences policières de l’État central. Il est à noter que deux des prévenus, dits « les Jordis » (du fait de partager ce même prénom), ne sont pas des élus, mais les responsables d’associations populaires capables de mobiliser régulièrement entre 500 000 et un million de personnes dans les rues de Barcelone.

« Notre débat n’est pas d’être en faveur, ou opposés à l’indépendance » a insisté le représentant de la Carmagnole, mais de « défendre les droits à la libre expression et détermination ».

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