Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Une réalité accablante : le secteur agricole est le plus touché à Gaza

12 mars 2025
Réhabilitation du réseau hydraulique à Khuza'a et Abu Taima

Mais le compte rendu envoyé par Abu Amir le 11 Mars témoigne d’une ingéniosité formidable et résistante pour le réhabilitation du réseau hydraulique à Khuza’a et Abu Taima qui représente un projet vital pour les agriculteurs

Depuis des années, les agriculteurs de Gaza subissent une oppression continue qui a transformé leur vie en un combat quotidien pour la survie. Parmi tous les secteurs économiques de la bande de Gaza, celui de l’agriculture est le plus touché en raison des défis multiples auxquels il est confronté.

L’occupation israélienne s’acharne méthodiquement à rendre la vie des agriculteurs intenable. Les attaques constantes, le ciblage des travailleurs des champs, le rasage des terres et des serres agricoles, ainsi que l’incendie des cultures, sont devenus des pratiques systématiques. Sans oublier les tirs quasi quotidiens sur les agriculteurs qui tentent d’accéder à leurs terres.

L’une des tactiques les plus destructrices utilisées par l’occupant consiste à limiter sévèrement l’entrée des fournitures agricoles essentielles. Les engrais, les graines et le matériel agricole sont soit interdits d’entrée, soit soumis à des restrictions si drastiques que leurs prix flambent, rendant leur acquisition impossible pour la majorité des agriculteurs.

Les agriculteurs indispensables pour la sécurité alimentaire à Gaza

Les agriculteurs sont la première ligne de défense dans toute société en période de crise et de guerre. Ils garantissent la sécurité alimentaire, un élément essentiel à la stabilité de la population, en particulier dans un territoire sous blocus comme Gaza. Ces terres agricoles constituent la principale source de nourriture pour la population locale. Pourtant, à chaque nouvelle escalade militaire, ce sont eux qui subissent les premiers et les plus lourds dommages, et ce sont eux qui reçoivent le moins d’aide pour relancer leur production après la destruction.

Après la Guerre, des pertes dévastatrices et des obstacles incommensurables

Lors de la dernière guerre, les agriculteurs de Gaza ont été confrontés à un véritable désastre. La plupart ont perdu leur unique source de revenus, leurs terres ayant été dévastées par l’armée israélienne. Des milliers d’hectares de terres agricoles ont été détruits, tandis que les serres agricoles, qui formaient une part essentielle de la production locale, ont été totalement rasées.

Les cultures ont été anéanties sous les décombres, et les équipements agricoles ont soit été détruits, soit pillés, empêchant toute reprise rapide de l’activité agricole. Cette destruction systématique a entraîné l’arrêt quasi total du secteur agricole et la détérioration rapide des conditions de vie des agriculteurs.

L’un des dommages les plus critiques infligés aux agriculteurs est la destruction de l’infrastructure hydraulique, qui constitue le cœur de l’agriculture. L’accès à l’eau est devenu quasi inexistant dans plusieurs zones agricoles en raison des dégâts massifs subis par les puits et les réseaux de distribution d’eau. Sans eau, l’agriculture devient impossible, et le processus de désertification des terres s’accélère, aggravant davantage la crise alimentaire à Gaza.

Des agriculteurs pris au piège entre pénuries d’eau et restrictions de l’occupation

Les forces d’occupation israéliennes ont tout mis en œuvre pour empêcher les agriculteurs de retourner dans leurs champs et de recommencer à cultiver leurs terres. L’étendue de la destruction est si massive que les agriculteurs n’ont ni les ressources, ni les moyens techniques pour restaurer leurs exploitations.

En outre, de nombreuses terres agricoles ont été reclassées en « zones rouges », ce qui signifie qu’elles sont devenues inaccessibles en raison de la présence des forces israéliennes aux frontières. Face à cette situation, le taux de chômage parmi les agriculteurs a explosé, plongeant des milliers de familles dans une détresse économique insoutenable.

D’un côté, certains agriculteurs n’ont plus accès à leurs terres en raison des restrictions militaires, tandis que de l’autre, ceux qui peuvent encore y accéder ne peuvent plus cultiver à cause du manque d’eau et du coût exorbitant des fournitures agricoles.

Face aux appels répétés des agriculteurs en détresse, l’UJFP a entrepris une étude approfondie en vue de lancer un projet d’urgence visant à réhabiliter le réseau hydraulique agricole dans les zones les plus touchées.

Réhabilitation du réseau hydraulique à Khuza’a et Abu Taima : un projet vital pour les agriculteurs

Le réseau hydraulique géré par l’UJFP, qui assurait l’approvisionnement en eau des terres agricoles de Khuza’a et Abu Taima, a subi une destruction quasi totale.

La tour d’eau principale a été entièrement détruite.

L’usine de dessalement a été partiellement endommagée, réduisant sa capacité de fonctionnement à 60 % seulement.

Le puits n°1, qui représente la source principale d’approvisionnement en eau, a été sévèrement endommagé.

Le réseau de panneaux solaires, qui fournissait l’électricité nécessaire aux puits, a été complètement détruit, entraînant une coupure totale de l’approvisionnement en eau depuis le 7 octobre 2024.

En février 2025, les équipes de UJFP ont lancé un vaste programme de réhabilitation du réseau hydraulique en plusieurs étapes :

  1. Construction d’un réservoir d’eau sur une colline artificielle d’une capacité de 150 m³, permettant un stockage efficace et un meilleur acheminement de l’eau.

  1. Réparation du puits n°1, considéré comme l’élément clé du projet, afin d’assurer un débit d’eau suffisant vers les zones agricoles.

  1. Installation d’un générateur électrique de 63 chevaux, garantissant le fonctionnement des puits et de l’usine de dessalement en cas de coupures d’électricité prolongées.

Un projet qui rouvre les portes de l’espoir

Grâce aux efforts continus, le projet a été mené à bien, permettant d’alimenter Khuza’a et Abu Taima en eau potable pour les besoins quotidiens et domestiques. En parallèle, l’eau agricole a été rétablie dans la région d’Abu Taima, offrant ainsi aux agriculteurs une véritable opportunité de reprendre la culture de leurs terres après des mois d’arrêt forcé.

Ce projet ne se limite pas à la réhabilitation d’un réseau d’eau, il représente la renaissance de milliers d’hectares de terres agricoles qui étaient au bord de la désertification. Il redonne espoir à des centaines de familles d’agriculteurs, qui ont vu leurs revenus et leurs moyens de subsistance s’effondrer. Avec le retour de l’eau, la production agricole pourra progressivement redémarrer, contribuant ainsi à renforcer la sécurité alimentaire et à stabiliser la situation économique de Gaza.

L’importance de ce projet ne réside pas seulement dans l’accès à l’eau, mais aussi dans son rôle crucial pour aider les agriculteurs à reprendre leurs activités, nourrir la population et reconstruire leur avenir. Avec la réhabilitation du réseau hydraulique à Khuza’a et Abu Taima, l’espoir renaît pour un avenir agricole plus stable dans la bande de Gaza.

Lien vers les photos et une vidéo qui est superbe d’ingéniosité !

https://drive.google.com/drive/folders/1X9nFhnL8L4DIBxKJqXrb0s1gAQsfzazE

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