Après l’incendie de la synagogue de la Grande-Motte, le préfet interdit un rassemblement pro-Palestinen

Elian Barascud Publié le 24 août 2024 à 15:57 (mis à jour le 24 août 2024 à 16:19)
Plus de 1000 personnes à Montpellier le 28 octobre pour la Palestine (Mathieu Le Coz, "Le Poing")

A la suite de l’incendie qui a eu lieu ce samedi 24 août au matin devant la synagogue de la Grande-Motte, François-Xavier Lauch a décidé d’interdire un rassemblement de soutien à la Palestine organisé par BDS sur la Place de la Comédie. Les militants dénoncent une “instrumentalisation” et “un amalgame pour tenter de faire taire les voix qui s’élèvent contre le génocide palestinien à Gaza”

Ce samedi 24 août dans la matinée, un incendie s’est déclaré devant la synagogue de la Grande-Motte, dans l’Hérault, il a été suivi d’une explosion. Un potentiel suspect aurait été filmé par les caméras de surveillance. Selon plusieurs médias locaux, il aurait été photographié vêtu d’un keffieh sur la tête et portant un drapeau palestinien autour de la taille.

Alors que les ministres démissionnaires Gérald Darmanin et Gabriel Attal sont attendus sur place, le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, a décidé d’interdire un rassemblement de soutien à la Palestine organisé par les militants de BDS (Boycott Désinvestissements Sanctions, une organisation non-violente de soutien au peuple palestinien) qui devait avoir lieu le même jour à 17 h 30 sur la Place de la Comédie à Montpellier.

Dans son arrêté, la préfecture de l’Hérault évoque le fait que “cette manifestation interviendrait dans un contexte […] particulièrement sensible, du fait du conflit israëlo-palestinien” et qu’il “existe un risque sérieux que les affrontements ne se transportent sur le territoire national et que des altercations pourraient avoir lieu entre partisans de l’une ou l’autre des parties du conflit”.

Comme éléments concrets justifiant de son interdiction, le préfet évoque pèle-mêle le fait que le collectif BDS installe depuis plusieurs samedis son stand sur la place de la Comédie “sans autorisation” et qu’il “fait systématiquement l’objet de verbalisation au titre de l’occupation du domaine public” (onze fois en trois mois) ou encore la gouache rouge versée sur la plaque célébrant le jumelage de Montpellier avec la Ville israélienne de Tibériade à la maison des relations internationales pour dénoncer la “journée de Jérusalem, capitale une et indivisible du peuple juif”, organisée par le Centre culturel juif Simone Veil. Une revendication alignée sur des intégristes israéliens et contraire au droit international, reprise par un certain Donald Trump en 2017. (Deux militants de BDS seront convoqués le 3 décembre pour cette action). Sans oublier la mention des plaintes en diffamations de Carole Delga, présidente de Région Occitanie et du sénateur Hussein Bourgui contre José-Luis Moraguès, co-animateur local de la campagne BDS, à qui ils reprochent de les présenter comme des “complices du génocide palestinien.” Bref, la liste quasi-exhaustive des actes de répression qui s’exercent depuis quelques mois à Montpellier sur les soutiens à la Palestine.

L’arrêté mentionne également le fait que Perla Danan, représentante locale du CRIF (Conseil Représentatif des institutions juives de France) -qui avait été vue en train de faire une accolade amicale à une candidate Reconquête aux législatives convoquée au tribunal pour appel à la haine lors du procès d’un militant décolonial– aurait été huée et menacée lors d’une manifestation montpelliéraine de soutien à la Palestine le 21 octobre dernier. Celle-ci aurait porté plainte contre les organisateurs de la manifestation.

De leur côté, les soutiens montpelliérains au peuple palestinien dénoncent dans un communiqué unitaire un “amalgame pour tenter de faire taire les voix qui s’élèvent contre le génocide palestinien à Gaza. Le Préfet le sait parfaitement, lui qui a pu constater que toutes les manifestations depuis 11 mois en France et à Montpellier en particulier se sont déroulées sans incident.Nous condamnons donc fermement l’instrumentalisation de cet évènement qui vise une nouvelle fois à bâillonner ceux qui manifestent contre le génocide en Palestine. Comme cela a été expliqué à de nombreuses reprises par plusieurs organisations : tous ceux qui cherchent à transformer les problèmes politiques de colonisation en problèmes qui opposeraient de supposées communautés religieuses ne font qu’alimenter le racisme et l’antisémitisme dans notre pays. Le génocide en Palestine a donné un véritable coup d’accélérateur à cette politique de choc des civilisations, par une partie de la classe politique qui joue aux apprentis sorciers. La préfecture de l’Hérault n’en est pas à son premier coup d’essai : tout est prétexte à interdire les manifestations de solidarité avec la Palestine depuis des années. Tout est prétexte à sous-entendre que nos organisations seraient impliquées dans l’antisémitisme, réel ou supposé, du fait de notre refus de nous taire face au massacre des milliers de Palestiniens.Rien ne doit servir de prétexte dans le but d’interdire les mobilisations en solidarité avec la Palestine. L’antisémitisme se combat avec des arguments de fond, rationnels. Instrumentaliser celui-ci ne peut que conduire à des incidents et à opposer les citoyens.

Communiqué de BDS Montpellier, en plus du communiqué unitaire.


Ils demandent à la préfecture de l’Hérault à lever l’interdiction du rassemblement et ont appelé à une conférence de presse à 17 h 30 sur la Place de la Comédie pour dénoncer cette interdiction.

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