Aujourd’hui c’est poésie : La fille qui murmure à l’oreille des emmerdes
Bonne nouvelle : la poésie est vivante et les poètes aussi. Pas tous bien sûr, mais beaucoup d’entre eux ont bon pied, bon œil – et bonne descente.
La poésie contemporaine a ses auteurs, ses stars, ses loosers, et pas mal d’artisans qui déploient ou rabotent les mots pour en faire d’iconoclastes poésies qui vous emportent au diable ou simplement éclairent votre quotidien d’une lumière que personne jusque là n’avait pensé à allumer.
Marlène Tissot habite Valence, elle est jeune, blonde, timide et taiseuse, mais une plume entre les mains (enfin, à mon avis, c’est un clavier d’ordinateur mais l’image est moins romantique) elle devient cinglante, parfois acide, toujours fragile sur la ligne blanche où elle se tient en équilibre, l’âme nue.
Elle travaille les images autant que les mots, et vous trouverez dans son œil à la fois candide et acerbe, un savoureux désenchantement, une dérision qui écorche parfois, et l’élégance de la liberté. Marlène Tissot a un problème avec la réalité, et elle est bien aimable de nous en faire profiter.
Biographie officielle :
Marlène Tissot est venue au monde inopinément. A cherché un bon bout de temps avant de découvrir qu’il n’y avait pas de mode d’emploi. Sait dorénavant que c’est normal si elle n’y comprend rien à rien. Raconte des histoires depuis qu’elle a dix-ans-et-demi et capture des images depuis qu’elle a eu de quoi s’acheter un appareil. Ne croit en rien, surtout pas en elle, mais sait mettre un pied devant l’autre et se brosser les dents. Écrira un jour l’odyssée du joueur de loto sur fond de crise monétaire (en trois mille vers) mais préfère pour l’instant se consacrer à des sujets un peu moins osés.
Avec un petit ajout de l’auteur elle-même : J’ai aussi un petit oiseau bleu, pas du genre qui palpite dans la cage thoracique, mais du genre que je nourris assez peu, du genre qui fait un peu ce qu’il veut, il n’est pas dans une cage et les fils à la patte, c’est pas mon truc… N’empêche, j’ai un petit oiseau bleu*
Extraits du dernier opus (J’emmerde…, Éditions Gros Textes)
J’emmerde les blablas
Les mots sont des adultes consentants
on peut les coucher là, l’un par-dessus
l’autre
et leur faire dire ce que l’on veut
J’emmerde le strip-tease intégral
Je préfère la vérité
débraillée
à la vérité nue
J’emmerde la haute couture
Broder ce qui faut de dérision
sur le bord des jours
pour éviter qu’ils ne s’effilochent
À suivre sur : http://monnuage.free.fr/
Hélène Dassavray
*Précision à l’usage des jeunes générations : l’oiseau bleu est une référence à un célèbre poème de Charles Bukowski :
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