Autonomie créative : quand les enfants prennent leurs vacances en main

Elian Barascud Publié le 23 juin 2025 à 11:41 (mis à jour le 23 juin 2025 à 11:58)
Cette année, un des séjours proposés sera sur le thème des arts urbains, avec street dance, rap et comedy club. (DR)

Utiliser des outils de démocratie directe pour que les enfants établissent collectivement les règles de vie de leur séjour et choisissent leurs activités, c’est le pari de la structure Montpelliéraine « Autonomie créative », dont l’ambition est de créer des colonies de vacances propices à l’émancipation des jeunes par la prise de décision collective

Article à retrouver dans le numéro d’été du Poing consacré à la question du tourisme, à paraître le 27 juin.

L’idée a germé il y a dix ans sur les bancs de l’université Paul-Valéry, dans la tête de trois étudiants en sciences sociales : créer une structure d’animation avec une approche d’éducation populaire. Après avoir animé des Temps d’Activités Périscolaires pour la Métropole de Montpellier, Autonomie créative a lancé ses premiers séjours en 2020, avec un but : favoriser l’autonomie des jeunes par des outils de démocratie directe. Depuis, ce sont environ 200 jeunes d’entre 10 et 16 ans, répartis par tranches d’âges, qui ont pu vivre cette expérience, par groupes de 24, encadrés par quatre adultes.

Un « Conseil » pour décider du séjour

« Pour nous, c’était important que les jeunes ne soient pas simplement consommateurs, mais bien acteurs de leurs vacances », explique Kola, co-fondateur d’Autonomie Créative. « On s’est inspiré de la pédagogie institutionnelle, qui est issue du mouvement Freinet. On crée une institution qui permet de diluer l’autorité que peut représenter la figure de l’adulte pour décider collectivement. »

Cette institution, c’est le « Conseil ». Il a lieu une fois par jour dans le séjour, et permet à chacun de s’exprimer. « On y décide ensemble des règles de vie, on y vote à la majorité des trois quarts ce qu’on va faire le lendemain parmi des activités qu’on propose, et les enfants peuvent aussi venir avec des propositions de jeu, qu’ils sont ensuite chargés de mettre en place avec l’aide d’un adulte », détaille Camille, co-fondatrice de l’association. « Les jeunes apprennent à débattre, à négocier, et deviennent de plus en plus sur d’eux et autonomes au fil de la semaine. Ils sont fiers de pouvoir proposer et superviser des activités. » Ce conseil se double de groupes de suivi, qui se déroulent avant, pour que les enfants puissent préparer le Conseil et se sentir légitimes à y prendre la parole.

Mais l’engagement ne s’arrête pas là : les jeunes sont aussi emmenés à faire la vaisselle, le rangement, et à donner des nouvelles aux parents via le blog de la structure. « Il y a des jeunes qui ont appris à faire la vaisselle ici, ça les responsabilise et les fait gagner en autonomie », constate Camille. « Beaucoup comprennent l’utilité de notre démarche et se sentent valorisés, c’est un peu l’inverse de ce qu’ils vivent à l’école, alors souvent, ils se saisissent à fond de l’outil pour proposer des choses », abonde Kola, qui cite notamment une chasse au trésor géante proposée et organisée par un groupe de jeunes.


Les séjours, d’une durée d’une semaine, se déroulent en extérieur et les nuitées se font sous tente. « Il y a un côté de déconnexion avec la ville que beaucoup de jeunes apprécient », constatent les animateurs. Autre point dont se félicitent les créateurs du projet : « Notre organisme est agrée par la CAF, ce qui permet à des familles à faibles revenus d’envoyer leurs enfants en colonie de vacances, ce qui fait que nos séjours font se rencontrer des jeunes issus de milieux sociaux très différents. » Et selon eux, « on en a entre 20 et 30 % qui reviennent d’une année sur l’autre ». Preuve que les vacances démocratiques ont de quoi séduire.

Plus d’infos sur https://autonomie-creative.org/

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