Béziers : le combat acharné du collectif Justice pour Mohamed Gabsi

Le Poing Publié le 8 juillet 2020 à 14:06 (mis à jour le 11 juillet 2020 à 14:29)
Le collectif "Justice pour Mohamed" de Béziers lors d'une manifestation début juillet

Le 8 avril 2020 à Béziers, le trentenaire Mohamed Gabsi décédait suite à son interpellation par la police municipale pour non respect du couvre-feu imposé par le maire d’extrême-droite Robert Ménard. Dans un premier temps, les médias, en particulier Midi Libre et le Métropolitain, avaient relayé les propos mensongers et injurieux des autorités selon lesquels Mohamed Gabsi ne serait qu’un toxicomane violent qui, au fond, méritait ce qui lui était arrivé. Mais l’expertise médicale est claire : « compression cervicale antérieure gauche par une surface large, ayant été prolongée et appuyée à l’origine d’infiltrations musculaires, fracture de la corne thyroïdienne et contusion du nerf vague (…) syndrome axphyxique ».
« Ils veulent me tuer » criait Mohamed Gabsi pendant son interpellation.

Aujourd’hui, Houda Gabsi, la sœur de Mohamed, entend poursuivre le combat et demander justice pour son frère décédé. Malgré les pressions qu’elle subit et et une procédure judiciaire longue, elle et le collectif « justice pour Mohamed » restent déterminés pour demander des comptes et agir contre les violences policières et racistes.

L’aspect judiciaire de l’affaire : Pressions, refus d’audition, ralentissement de la procédure

Au départ, Houda avait porté plainte contre X mais s’est rapidement tournée vers la responsabilité de la police municipale de Béziers et de ses agents qui ont procédé à l’interpellation mortelle de son frère. L’autopsie a permis de confirmer que c’est la technique employée pour « neutraliser » Mohamed qui est en cause dans sa mort.

Elle a expliqué à la rédaction du Poing qu’elle n’avait pas encore été auditionnée sur cette affaire – sont privilégiées les auditions des témoins directs, du voisinage, des passants présents.- Cependant, tant que Houda n’est pas auditionnée, elle et son avocat Jean-Marc Darrigade n’auront pas accès au dossier. Ce dernier a avoué que c’est la première fois de sa carrière qu’on lui empêche l’accès à un dossier.

Des analyses complémentaires plus poussées avaient été demandées du côté de la police, notamment au niveau toxicologique, dans la perspective de disculper les policiers municipaux.-pour rappel, la presse a dépeint Mohamed comme un toxicomane- Ces analyses devraient être livrées pour début août, ralentissant encore un peu la procédure.

En raison de son acharnement, la sœur de Mohamed subit une certaine pression de la part des agents de la police municipale. En effet, certains d’entre eux ont tendance à la fixer avec insistance et sourire quand ils la croisent. On a pu aussi remarquer ce fait lors de la marche blanche, chez un agent de la police nationale : une voiture de la police nationale passant à proximité de la marche, le passager avant a sorti la tête pour fixer les manifestants et sourire. Cette provocation de la police n’est pas nouvelle. C’est un comportement qui a pour objectif d’inciter à l’énervement et au débordement afin de décrédibiliser les individus en face. Leur réaction serait alors jugée comme « clivante » et effacerait leurs revendications.

Une sœur et un collectif déterminés

Malgré les coups de pression, Houda Gabsi mène donc le combat au nom de toute la famille afin que justice soit faite. Ce n’est pas chose aisée en raison des circonstances particulières de la mort de son frère et de la peine que suscite la perte brutale d’un proche. Dès le déconfinement, un collectif a été crée pour la soutenir dans cette tâche. Le collectif a eu des difficultés à se créer avant en raison du confinement qui a empêché de trouver des gens et de se réunir.

Ce collectif est composé avant tout de personnes qui veulent aider à faire entendre justice pour Mohamed, mais également de certaines associations ou syndicats. De plus, la collectif et la famille ont reçu de nombreux soutiens, notamment de la part d’Assa Traoré, qui se bat pour demander justice pour Adama Traoré, également mort entre les mains de la police.

Nous rappelons qu’il est possible, pour les bitterois.es qui le souhaitent, d’assister aux réunions du collectifs ainsi que d’avoir des informations au travers de la page Facebook du collectif. Le but de ce collectif et des manifestations futures, au-delà d’exiger justice, sont d’informer les bitterois.es, de sensibiliser aux violences policières et essayer de se battre pour d’autres familles afin que cela ne se reproduise plus. C’est ce qu’a confié Houda à notre rédaction avant la marche blanche pour son frère : « [Je souhaite] que ça n’arrive plus, que cela ne se reproduise plus. On est en France, on aime notre pays, c’est pas normal. On croit en la justice, on ne veut plus de pleurs. »

Un rassemblement est prévu ce mercredi 8 juillet à 18h Place Garibaldi à Béziers pour demander justice pour Mohamed.

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