Apartheid en Cisjordanie : Montpellier se mobilise, le préfet adopte le langage des colons israéliens

Le Poing Publié le 4 juillet 2020 à 21:01

Ce samedi 4 juillet, une cinquantaine de Montpelliérains ont manifesté pour dénoncer le projet d’annexion de la Cisjordanie par l’armée israélienne. La condamnation de la colonisation et d’une nouvelle violation du droit international font consensus, sauf aux yeux de Jacques Witkowski, préfet de l’Hérault, qui ne tolère pas les « slogans hostiles à l’État d’Israël ».

Montpellier, son soleil, ses trams colorés, sa Comédie, et son indéfectible soutien au colonialisme. Depuis des décennies, les politiciens locaux à majorité PS, dont le nouveau maire de Montpellier Michaël Delafosse, célèbrent, à l’initiative du centre communautaire culturel juif, la « journée de Jérusalem » pour en faire la « capitale une et indivisible de l’État-nation du peuple juif ». Montpellier se range ainsi du côté de Donald Trump et de l’extrême-droite sioniste au pouvoir en Israël, contre l’ONU, qui n’hésite pas à parler de « crimes contre l’humanité » à propos des exactions subies par le peuple palestinien.

Les Montpelliérains, eux, sont mobilisés pour dénoncer l’apartheid et la colonisation de l’État d’Israël. La campagne internationale BDS (boycott-désinvestissements-sanctions) est localement animée par des militants déterminés, qui tiennent un stand quasiment chaque samedi sur la place de la Comédie. Leur porte-parole est régulièrement convoqué par les autorités (officiellement pour tapage nocturne), mais il a été relaxé deux fois par le tribunal de Montpellier

En 2015, la préfecture de l’Hérault justifiait l’interdiction de manifestation au motif que « l’appel au boycott constitu[ait] un délit constitutif de provocation à la discrimination ». Mais n’en déplaise à Macron, selon qui « l’antisionisme [c’est-à-dire la contestation de la colonisation israélienne] est une des formes modernes de l’antisémitisme », la cour européenne des droits de l’Homme a récemment rétabli le droit d’appeler au boycott d’Israël et a condamné la France pour atteinte à la liberté d’expression. L’actuel préfet de l’Hérault Jacques Witkowski s’en moque : il a justifié la semaine dernière une manifestation de BDS au motif qu’elle pourrait donner lieu à « des slogans hostiles à l’État d’Israël générant des troubles à l’ordre public » ! De fait, la préfecture se range du côté des sionistes les plus extrémistes qui militent pour l’interdiction de la condamnation de la colonisation. La manifestation, initialement prévue au 27 juin, a été reportée (sans interdiction) à ce samedi 4 juillet.

Une cinquantaine de personnes -militants de BDS, du NPA et de l’UCL Montpellier entre autres- se sont donc réunies sur la Comédie ce samedi pour dénoncer les exactions commises par l’État d’Israel. José-Luis Moragues, porte-parole local de BDS, a rappelé lors d’une prise de parole que le combat du peuple palestinien n’était qu’un exemple de lutte contre des violences violences institutionnelles : «  Minneapolis, Palestine, Quartiers populaires : racisme d’État, même combat ! », a-t-il scandé, en ce référant aux récentes émeutes contre les violences racistes aux Etats-Unis où au collectif monté après le meurtre de Mohamed Gabsi par la police à Béziers (des membres du collectif étaient d’ailleurs présent à la manifestation). « Au delà de l’annexion et de la colonisation, c’est l’État d’Apartheid israélien qu’il faut dénoncer. Cet état d’Apartheid vient du racisme, oppression qui génère les autres ».
Le cortège a ensuite fait un aller-retour à la Préfecture en appelant de vive voix au « Boycott [d’] Israël »

Les revendications exprimées par BDS et une dizaine de syndicats, de partis et d’associations, de l’Union juive française pour la paix à l’Union Communiste Libertaire en passant par la Cimade, sont légitimes : il s’agit de dénoncer le projet d’annexion de pans entiers de la Cisjordanie par l’armée israélienne, énième violation du droit international dont les conséquences seraient désastreuses pour les conditions de vie, ou plutôt de survie, des Palestiniens, déjà discriminés par l’apartheid. Le Fatah, parti laïc au pouvoir en Cisjordanie et le Hamas, mouvement islamiste armé à la tête de la bande de Gaza, ont annoncé qu’ils s’uniraient pour l’occasion.

« Personne n’est libre tant que tout le monde ne l’est pas », a conclu José-Luis Moraguès, en appelant toutes les composantes du mouvement social en France à lutter contre le racisme subi par le peuple Palestinien ainsi que le racisme en général « dont l’apartheid est une des formes les plus extrêmes et les plus violentes ». Il a annoncé dans la foulée que BDS reprendrait prochaineent des actions de Boycott contre Israël.

Pour vous renseigner et/ou participer à ces actions vous pouvez consulter le site de BDS-France ou la page Facebook Campagne BDS France Montpellier.

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