Béziers : un collectif se mobilise contre la création d’un centre de rétention administrative

Elian Barascud Publié le 13 juillet 2024 à 18:50 (mis à jour le 13 juillet 2024 à 18:55)
Les membres du collectif anti-CRA de Béziers ont mené une action symbolique sur le terrain où il doit être construit le 10 juillet dernier. (DR)

Le 10 juillet dernier, quelques personnes étaient mobilisées à Béziers pour s’opposer à la construction d’un centre de rétention administrative (CRA) de 140 places près de la prison de la ville, pour un montant de 40 millions d’euros. Outre le “gâchis financier” pour une infrastructure jugée inefficace en matière d’expulsions du territoire français, les opposants au projet pointent du doigt un manque de concertation avec les riverains

“40 millions d’euros dans une des villes les plus pauvres de France, il faudrait les investir ailleurs, comme dans les hôpitaux, les écoles ou les quartiers populaires de la ville”, s’indigne Daniel, membre du collectif anti-CRA (centre de rétention administrative) de Béziers, après une conférence de presse le 10 juillet dernier devant le terrain qui devrait accueillir l’infrastructure. C’est en octobre 2023 que ce salarié de la Cimade de Béziers et ses collègues découvrent le projet, par voie de presse. La Cimade étant habituée de ces lieux de privation de liberté utilisés pour retenir les étrangers en vue de leur expulsion du territoire français, la section bitérroise commence alors à faire des réunions d’informations pour sensibiliser la population.

Printemps 2024, la mairie de Béziers publie un appel d’offre pour un marché public d’assistance technique à maîtrise d’ouvrage pour la construction d’un CRA de 140 personnes avec dojo pour services de police et un éventuel stand de tir, près de la prison de la ville, sur un terrain prévu à l’origine pour accueillir une déchetterie. “Cela a précipité la création du collectif”, explique Daniel. Collectif qui réunit aujourd’hui la Cimade, la Ligue des Droits de l’Homme, les sections locales du PCF, de la France Insoumises et le syndicat Solidaires.

“Désordre public”

“Cela n’a aucun sens, si ce n’est celui de servir la proximité entre un maire d’extrême droite et les desseins électoraux de son épouse (se vantant sur son tract législatif de ce projet alors qu’il est loin d’être sorti de terre et qu’elle n’en est nullement à l’origine”, écrivait le collectif sur son communiqué de presse annonçant son action symbolique du 10 juillet.

“On est contre les CRA, à Béziers ou ailleurs”, poursuit l’équipier de la Cimade. “L’enfermement des étrangers, sous le seul prétexte administratif, est en désaccord avec nos principes fondamentaux et elle finit par ne produire que du désordre public là où notre société a besoin de sérénité et de justice. Selon la Cour des comptes, en moyenne, un séjour en CRA coûte 6234 € par personne retenue, avec plus de 45000 personnes enfermées en 2023, le chiffre est énorme. Puis c’est censé être un outil d’expulsion, mais ça ne sert à rien, 54% de personnes sont libérées, la plupart, comme par exemple les Afghans, étant de fait inexpulsables de par la situation politique de leur pays.”

Le collectif dénonce également un manque de consultation des riverains sur le projet. “Notre objectif, ça va être d’informer les gens pour créer de la discussion et faire vivre le débat, ça ne peut pas être descendant et opaque”, décrit Daniel. Le deuxième volet d’action du collectif sera quant à lui juridique. “Il y a des choses qu’il faut mettre au clair, on va aller voir des avocats. Le terrain est classé non-constructible, et il y a un flou sur la propriété du terrain, la Ville veut construire un CRA mais la parcelle appartient à la Communauté d’Agglomération de Béziers Méditerranée.” Les opposants au projet devraient annoncer un nouvel évènement public à la rentrée.

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