Bloque ton périph, jour 2 : un carnaval contre l’échangeur autoroutier du LIEN

Elian Barascud Publié le 16 octobre 2023 à 11:25 (mis à jour le 1 décembre 2023 à 11:30)
Les manifestants ont dénoncé le greenwashing du Département de l'Hérault concernant le projet autoroutier du L.I.E.N. (Mathieu Le Coz / Le Poing)

Après la première journée de mobilisation du samedi 14 octobre, la journée du 15 a été marquée par un changement de dernière minute pour les organisateurs du week-end de lutte contre le projet autoroutier du L.I.E.N. : le blocage de la deux fois deux voies a été annulé au profit d’une action plus symbolique pour dénoncer le « greenwashing » du Département de l’Hérault

« Bon, aujourd’hui, on vous propose de marcher plus que hier et à un pas plus soutenu », prévenait l’un des organisateurs du week-end « Bloque ton périph », ce dimanche 14 octobre, devant 200 personnes, qui, pour la plupart, avaient participé à la manifestation de la veille dans la garrigue. Le but : dénoncer le « greenwashing » du Département de l’Hérault, qui présente le chantier routier du L.I.E.N. (Liaison Intercantonale d’Evitement Nord) comme un « projet écologique ».

Car selon Kléber Mesquida, président du Conseil départemental, du haut de ses 78 ans et 88 ans de mandats politique cumulés, cette route permettrait de désengorger le trafic, et donc de réduire les flux et la pollution. Mieux encore : la construction de la route elle-même serait écolo car elle serait construite en… coquilles d’huitres recyclées ! Un argument qui ne manque pas de sel, étant donné que celui-ci avait été démonté la veille lors de la conférence de presse donnée par le collectif à l’origine de l’évènement.

Au programme de ce dimanche, était donc prévu un « carnaval », avec pour totem un hérisson construit avec des matériaux de récupération. Aux alentours de 14 heures, un cortège intergénérationnel comprenant enfants et personnes âgées, où beaucoup étaient déguisé s’est mis en branle, vers un objectif alors encore secret.

Le hérisson, totem de la manifestation, a suivi le cortège (Mathieu Le Coz / Le Poing)


Après une première montée dans un chemin de terre sinueux longeant une vigne, derrière une colline de terre artificielle créée par le chantier, la manifestation s’est arrêtée. Tout le monde ne marchait pas au même rythme, et certains ont même fait demi-tour. Ici, les organisateurs ont marqué un arrêt, et se sont mis à compter les effectifs. « On s’est dit qu’à 200 c’était jouable, mais il faut rester groupés. On change de plan pour que tout le monde puisse participer. »

Initialement, ceux-ci avaient prévu un blocage de la deux fois deux voies à hauteur de Saint-Gély du Fesc, mais ont du se rabattre sur une action plus symbolique. Ainsi, les manifestants ont grimpé sur la colline dynamitée, tendu des banderoles visibles depuis la route, recevant quelques coups de klaxons encourageants, alors que des véhicules de gendarmerie étaient visibles au bout du chemin. Et, clou du spectacle, quelques kilos de coquilles d’huitres ont été versés sur le tracé du L.I.E.N., manière de souligner non sans humour, l’absurdité présumée du projet porté par le Département, avec comme slogan : « Une route écolo, c’est comme une huître à vélo, ça n’existe pas ».

Radicalité et inclusion

Si quelques militants plus radicaux ont pu éprouver une certaine frustration de ne voir que des actions symboliques n’ayant pas d’impact réel sur la suite des travaux, l’initiative a eu le mérite de soulever des questions stratégiques importantes pour la suite des mobilisations : comment associer les riverains (largement absents de ces manifestations) à la lutte contre le projet ? Comment créer des actions inclusives où tout le monde peut participer, quelque soit son âge ou sa condition physique, tout en ayant un poids réel sur la suite des travaux ?

Si les organisateurs attendaient plus de monde, une chose est sûre, et ils l’avaient annoncé dès le samedi 14 octobre : « C’est un début, il y aura des suites ».

E. B.

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