CHU de Montpellier : premier jour d’une grève illimitée au service de chirurgie pédiatrique

Elian Barascud Publié le 2 juillet 2024 à 16:50 (mis à jour le 7 juillet 2024 à 11:33)
Environ 80 personnes étaient réunies le mardi 2 juillet devant le conseil de surveillance du CHU de Montpellier à l'appel de l'intersyndicale pour s'opposer à des suppressions de postes et de lits au service de chirurgie pédiatrique. ('Le Poing")

Ce mardi 2 juillet, jour de Conseil social et économique du CHU de Montpellier, environ 80 personnes sont venues en soutien au personnel du service de chirurgie pédiatrique, en grève pour s’opposer à des suppressions de postes et de lits

8 heures, des blouses blanches se dirigent vers l’hôpital depuis le tramway avec des pancartes. “C’est normal de soutenir les collègues en grève”, soufflent-elles.
Sur place, dans la cour du conseil de surveillance de l’hôpital de la Colombière, environ 80 personnes, dont l’intersyndicale (CGT, FO, CFDT, UNSA) sont réunies devant le lieu qui doit accueillir une demi heure plus tard le Conseil social et économique du CHU pour protester contre des suppressions de postes et de lits au service de chirurgie pediatrique.

Pierre Renard, délégué CGT, explique :“La direction veut supprimer trois lits en semaines, et trois de plus le weekend, dans le service de chirurgie pédiatrique, et supprimer cinq postes : quatre puéricultrices et une auxiliaire de puériculture, sur un service de 27 agents, au motif qu’il y aurait un taux d’occupation des lits insuffisants. Les assises de la pédiatrie préconisent une puéricultrice pour 4 ou 5 enfants, là, on serait à une puéricultrice pour 10 ou 11 enfants. Selon des études dont celle de la revue The Lancet ,un patient en plus par infirmier, augmenterait de 7 % le risque de décès. Passer de six à dix patients ferait passer le risque de décès à 30 %. La direction nous parle de rentabilité quand on parle de qualité de soins. La grève lancée aujourd’hui est illimitée, tant que les salariés voudront se mobiliser. L’intersyndicale est là, ça fait penser à l’union de la gauche, et même si on ne parle pas de politique, il va falloir avancer tous ensemble pour défendre l’hôpital.”


“C’est rare de voir une intersyndicale unie”
, renchérit Laurent Blanc, délégué syndical Force Ouvrière. “Les soins ne sont pas quantifiables”, argue de son côté le représentant de la CFDT, évoquant “le stress et l’angoisse” des familles des patients face à ces suppressions de postes et de lits. Quant aux grévistes, elles ont décliné nos demandes d’entretiens, par peur de sanctions ou de représailles.

8 h 30, grévistes et syndicats pénètrent la salle du CSE. Les journalistes tentent de les suivre mais la direction du CHU s’y oppose. Une heure et demi plus tard, à la sortie du CSE, Pierre Renard commente : “On leur a proposé une réorganisation du service avec un bilan d’ici six mois, mais aucun accord n’a été trouvé. On parle de soins, ils nous parlent de chiffres, c’est impossible de s’entendre, la grève continue.”
La décision concernant la suppression des lits et des postes sera mise au vote au prochain CSE le 25 juillet, et l’intersyndicale entend bien voter contre.

Contactée, la direction du CHU répond : “Pour répondre à ses besoin, le Pôle Femme, Mère, Enfants va être étendu par la construction d’un nouveau bâtiment. La première phase de nouveaux blocs de chirurgie gynécologique a été livrée et un robot chirurgical de nouvelle génération complète depuis le début du mois de juin ce plateau technique. […] Cette adaptation continue suppose aussi de prêter attention à l’occupation des capacités d’hospitalisation des différents services composant le pôle Femme, Mère, Enfants. Cette occupation varie selon les services, avec la progression de l’activité ambulatoire et des activités nouvelles qui s’y développent. Le CHU veille ainsi à allouer les ressources humaines, entre les services constituant le pôle, dans un souci de sécurité des soins, d’équité entre unités et de qualité des organisations. C’est dans ce cadre qu’il a été décidé d’abonder de 10,2 postes le service de chirurgie gynécologique, dont l’activité doit être soutenue, en mobilisant 4.5 postes de chirurgie pédiatrique. Aucune suppression de poste n’intervient au sein du pôle, qui sera au contraire renforcé de nouvelles ressources humaines, pour accompagner son développement.L’accompagnement des équipes concernées est en cours. Elles ont été rencontrées plusieurs fois. Le projet fera l’objet de présentations au Comité social et économique du CHU, pour information tout d’abord afin de permettre le dialogue, puis pour avis lors d’une prochaine séance.”

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