Climat : à Montpellier, conf sauvage à la BNP et scientifiques rebelles pour des mesures d’urgence

Le Poing Publié le 15 octobre 2022 à 17:27

Dans la mâtinée de ce samedi 15 octobre, l’agence BNP de Port Marianne a été brièvement occupée par des activistes pour le climat le temps d’une conférence sauvage. Lesquels ont été rejoints devant l’Opéra Comédie par certains de ces « scientifiques en rébellion » qui multiplient ces derniers temps les appels à la désobéissance civile.

Entre l’appel national lancé par ANV-COP 21à tenir des conférences-occupations sur le climat et l’apparition sur la scène publique de ces « scientifiques en rébellion » qui passent à la désobéissance civile, ce samedi 15 octobre aura été marqué par deux happenings écologistes à Montpellier.

Une vingtaine de militants Alternatiba / ANV COP 21 Montpellier se sont dans un premier temps retrouvés pour donner une conférence sur les dangers du réchauffement climatique à l’intérieur de l’agence BNP Paribas située dans le quartier Port-Marianne, entourés de pancartes affichant « Climat : écoutez les scientifiques » ou encore « BNP Paribas : la banque d’un monde qui brûle ». Après quelques minutes, et avant l’arrivée de la police, la prise de parole a pu se terminer devant l’agence, avec le concours de l’ingénieur et activiste climat Paul Leclerq qui a présenté les principales données sur le changement climatique.

Alternatiba / ANV COP 21 Montpellier dénonce dans un communiqué la banque ciblée comme l’une de celles dont les investissements sont le plus polluant : « BNP Paribas est l’une des banques qui a le plus augmenté ses financements au pétrole et gaz de schiste entre 2019 et 2020. En opposition à ses engagements à réduire ses émissions de 50% d’ici à 2030, le groupe poursuit son double discours en plébiscitant d’autre part le “plan climat” de Total Énergies dont il est l’un des principaux actionnaires ; plan qui prévoit notamment le développement de nombreux nouveaux projets pétroliers et gaziers. »

D’autres conférences-occupations ont été organisées partout en France ces derniers jours par des militants écologistes, accompagnés de scientifiques rebelles, que ce soit à l’aéroport Nantes Loire-Atlantique ou au Forum Zéro Carbone de Toulouse, qui bénéficie d’un partenariat avec TotalEnergies et est dénoncé par les activistes comme une tentative de greenwashing.

Une seconde conférence sur le climat s’est tenue à Montpellier, sur les marches de l’Opéra Comédie, en fin de matinée. Les occupants de la BNP y ont rejoint une cinquantaine de scientifiques montpelliérains, décidés à passer à la vitesse supérieur face au désastre en cours.

Dans une « lettre ouverte des scientifiques aux citoyens » distribuée aux dizaines de curieux attirés par l’événement, les scientifiques en question semblent formels :  « Il y a de quoi paniquer. […] Le vivant disparaît à un rythme inédit, bien plus vite que durant les cinq extensions de masse qui ont marqué l’histoire de la Terre. »

D’où nécessité d’une réaction urgente. Dans un premier temps, « sécuriser un avenir viable et durable pour tous  en stoppant le réchauffement à un niveau le plus bas possible, en dessous de 1,5 degrés ». Mais la possibilité de tenir ce cap au vu des politiques actuelles est incertaine. « Si des réductions mondiales extrêmement drastiques ne sont pas engagées au plus tôt, au cours de cette décennie (2020-2030), la viabilité  de la planète sera plus que compromise. », martèle le collectif Scientifiques en Rébellion de Montpellier, fondé depuis deux ans.

Avant d’émettre de profondes réserves sur le respect des engagements pris par les États suite aux nombreuses conférences internationales organisées ces dernières années. Le Tribunal Administratif de Paris a condamné le 14 octobre 2021 l’État français, pour avoir dépassé les seuils autorisés d’émission de gaz à effet de serre. Alors, puisque « tout s’aggrave plus vite que le peu qui est fait », le collectif souligne l’urgence de mobilisations dans la société civile. « Dans tous cas, la société actuelle ne va pas perdurer », rappellent les scientifiques, évoquant migrations climatiques de masse, désordres économiques et possible engrenage du pire.

Si « chaque degré supplémentaire renforce le risque de dépasser des points de basculement provoquant une cascade de conséquences irréversibles (effondrement de la banquise, dégel du pergélisol, ralentissement des courants océaniques…). », les solutions existent. Les activistes préconisent de “réduire les émissions de gaz à effet de serre de 10% par an, […] stopper les investissements dans le charbon, le pétrole, le gaz et mobiliser démocratiquement pour la sobriété et la justice sociale”.

Depuis plusieurs mois la mobilisation d’une partie de la communauté scientifique, qui déclare ne plus supporter la simple observation du désastre en cours, se rend de plus en plus visible. Une tribune a été publiée en février 2020 dans Le Monde, avec la signature de mille scientifiques travaillant dans tous les domaines.

Dans la petite foule montpelliéraine présente sur les marches de l’Opéra Comédie, Florence Volaine, chercheuse à l’INRAE, en témoigne : Nous avons l’impression qu’en restant dans nos laboratoire, nous n’avons pas assez d’impact et nous avons décidé d’aller au devant du public.”

Le 6 avril 2022, le collectif international « Scientists in rébellion », a recensé plus de 1.000 actions orchestrées par des membres de la ommunauté scientifiques dans 25 pays , à New York, Portland, Quito (Equateur), à Muanga (Rwanda), Rome, Copenhague, Berlin, La Hague, Lisbonne… Mais aussi à Paris le 9 avril, dans la grande galerie de l’évolution du Museum national d’histoire naturelle.

Si le phénomène divise une communauté scientifique soumise au devoir de réserve et dépendante des financements, les scientifiques en rébellion promettent d’enchaîner les actions de désobéissance civile.

Plus d’infos sur les scientifique en rébellion en écoutant cette émission diffusée sur France Inter, enregistrée avec le concours d’ Élodie Vercken, chercheuse en écologie à l’inrae et coordinatrice du groupe Scientists in Rébellion de Nice, de l’océanographe montpelliérain Xavier Capet, et d’ Anaïs Tilquin, ancienne chercheuse en écologie membre de Renovate Switzerland.

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