Contre une “saignée dans l’emploi” et la mort du fret : à Montpellier, un rassemblement peu fourni

Elian Barascud Publié le 12 décembre 2024 à 15:44
Serge Ragazzacci, secrétaire de l'Union Départementale CGT de l'Hérault, a alerté sur une "véritable saignée de l'emploi, notamment dans l'industrie". (Photo Le Poing)

La CGT appelait à la grève et à la manifestation ce jeudi 12 décembre, afin de défendre l’emploi dans l’industrie, menacé par de nombreux plans sociaux, et les cheminots étaient également mobilisés pour dénoncer la mort du fret ferroviaire et l’ouverture à la concurrence des TER. A Montpellier, le rassemblement a réuni environ 150 personnes

Dans un froid mordant, les grévistes de cette journée du 12 décembre se retrouvent devant les grilles de la préfecture de l’Hérault. Au premier rang desquels on retrouve les cheminots de la CGT, en grève depuis la veille au soir contre démantèlement du fret et l’ouverture de la concurrence des TER. Sébastien Boudesocque, secrétaire général CGT cheminots 34, explique : “La SNCF est en train de mettre sa propre entreprise en concurrence, en laissant Transdev prendre en charge une ligne de TER dans le sud-est de la France.”

Il évoque également une “mise à mort” du transport ferroviaire de marchandises : “Une aberration, à l’heure où l’on a besoin d’écologie. On va remplacer des livraisons par train par des camions, et là encore, des entreprises privées ne vont prendre que les marchés juteux avec des trains pleins qui desserviront uniquement les grandes entreprises. Quand elle était première ministre, Elisabeth Borne avait promis 100 milliards pour renouveler l’infrastructure ferroviaire, on en a pas vu la couleur, même chose pour les recrutements annoncés.” Lui et ses camarades demandent un moratoire sur le processus de démantèlement du fret. A Montpellier, les cheminots ont décidé de reconduire la grève ce vendredi 13 décembre. “Mais au niveau national, l’entreprise a donné la directive de ne pas communiquer sur les chiffres de grévistes, donc on ne sait pas trop ce qu’il en est ailleurs pour le moment”, commente le responsable syndical.

Absence de gouvernement et interrogations tactiques

A quelques mètres de là, on croise un prof de collège syndiqué chez Sud Education. Comme beaucoup d’enseignants, il était en grève ce mardi 10 décembre. “On a voulu reconduire pour soutenir les cheminots, mais les collègues nous disaient qu’en l’absence de gouvernement, ça servait à rien parce qu’il n’y avait personne avec qui négocier…”

Serge Ragazzacci, secrétaire de l’Union Départementale CGT de l’Hérault, tient le discours inverse, et semble voir dans la faiblesse actuelle du pouvoir une potentielle brèche dans laquelle s’engouffrer : “Ce n’est pas en ce moment qu’il faut ranger les drapeaux !” Il déplore “une saignée massive sur l’emploi, avec 300 plans sociaux au niveau national qui touchent 300 000 salariés, surtout dans l’industrie.” Des chiffres minorés selon lui, car “les 4 000 ruptures conventionnelles signées dans l’Hérault ces derniers mois” ne sont pas prises en compte. Selon la CGT, un milliard et demi d’euros seraient nécessaire pour financer du chômage partiel afin d ‘éviter les licenciements. Une délégation était attendue en préfecture à 14 heures pour évoquer ces questions.

Le secteur du jeu vidéo aussi mobilisé

Lutter contre les licenciements, c’est aussi la raison de la présence au rassemblement de Clément, délégué syndical du syndicat des travailleurs du jeu vidéo d’Ubisoft Montpellier. “Mon syndicat a appelé à soutenir les travailleurs de l’entreprise Don’t nod, qui licencie actuellement un tiers de ses effectifs, et dont les salariés tiennent actuellement un piquet de grève à Paris. Aujourd’hui c’est eux, demain ça peut être tout notre secteur, donc on s’est mis en grève aussi.” Si Ubisoft n’a pour l’instant pas prévu de plan de licenciements, les négociations sur la question du recul du télé-travail dans l’entreprise, qui avait fait l’objet d’une grève massive en octobre dernier, continuent. “C’est très dur, ils ne veulent rien lâcher, ils veulent qu’on soit sur site trois jours par semaines, mais maintenant ils nous laissent choisir les jours en question”, décrit Clément. “Nous, on continue de dire que ça va être un désastre. A Ubisoft Montpellier, on a des gens en 100% télé-travail qui vivent à 400 kilomètres des studios, mais même pour les autres, et notamment pour ceux qui ont les salaires les plus bas, ça va être un coût supplémentaire en transports. Sans parler des problématiques concrètes comme le bruit dans les bureaux, par exemple… On a l’impression qu’ils font ça pour pousser des gens à partir, mais nous, on continue les négociations jusqu’au bout pour leur démontrer toutes ces problématiques point par point.”

Prochain rendez-vous de mobilisation est donné à Montpellier par la CGT lundi 16 décembre à 18 heures devant la gare Saint-Roch pour une marche aux flambeaux.

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