Dans la rue à Montpellier, refus convergeant des lois retraites, immigration et logement
Un demi-millier de manifestants ont rappelé samedi que tous les droits sont à défendre. S’attaquer aux plus faibles, squatteurs ou immigrés, c’est renforcer les logiques d’oppression et d’exploitation partout
Une triple convergence de luttes s’est concrétisée ce samedi 25 mars en début d’après-midi sur la place de la Comédie à Montpellier. Comme partout en France, les Etats généraux des migrations avaient appelé à un rassemblement de protestation contre la nouvelle loi Darmanin portant sur l’immigration. Mais un accord avait été conclu avec les défenseurs du droit au logement, qui eux se battent particulièrement contre la loi Kasbarian.
L’immigration tout d’abord. Si l’examen au parlement a été interrompu dans le contexte de chienlit créé par la varie fausse majorité en place, « la nouvelle loi Darmanin va revenir saucissonnée et sûrement encore aggravée, si on en juge par son durcissement déjà survenu au Sénat », a averti l’orateur des organisations de défense des droits de l’homme et des migrants. Aggravée, puisqu’elle n’a d’autre but que de réduire encore les droits de recours des personnes en situation irrégulière, de multiplier les obligations de quitter le territoire, comme les placements en centres de rétention.
Un aspect piquant : « et on veut nous enfumer avec le fameux droit de séjour et de travail pour les métiers en tension. C’est déjà extrêmement difficile d’accéder à quelque travail que ce soit quand on est sans papier. Et cette même loi prévoit d’aggraver encore la pénalisation des employeurs qui recourraient à un travailleur sans papier. C’est machiavélique ! ». Bref, il s’agit toujours de « réduire encore les droits de ceux qui sont déjà les plus en difficulté, les droits des plus faibles ».
C’est là que les défenseurs du droit au logement entrent en convergence : « La loi Kasbarian a exclusivement une logique de réduction des droits des locataires en difficulté, comme des squatteurs. Là où il y avait encore des recours judiciaires possibles, permettant de prévoir des solutions avant la mise à la rue, cette loi exclut ces recours, et accélère par voie immédiate et seulement administrative la mise a exécution des expulsions ».
Pire : la pénalisation astronomique des locataires, « alors que ce sont ceux qui sont déjà en difficulté pour seulement survivre et conserver un toit » ; idem du côté des squats. L’association Droit au logement est en cours de reconstitution à Montpellier à propos de toutes ces questions. Elle battait le rappel, ce samedi, pour marquer fortement la “traditionnelle” journée du Droit au logement, samedi 1er avril à la Carmagnole (renseignements : 06 25 36 99 35). Dans cette perspective c’est avec l’Assemblée Montpellier contre la vie chère que se noue une autre convergence.
Ce regroupement est très actif dans le mouvement de refus de la réforme des retraites. Ce même samedi à la même heure sur la Comédie, c’est la composante unitaire, interpro, horizontale et autonome, qui appelait à un nouveau rassemblement, à la suite du 49.3, et à l’ensauvagement autoritaire du régime. De quoi maintenir une flamme de mobilisation entre les journées “officielles” de mobilisation convoquées par l’intersyndicale. Tout le monde aura tôt fait de se réunir et converger, autour d’un remaniement du chant des Gilets jaunes, en appelant désormais à “l’honneur des travailleurs”, sûrement. Mais aussi “aux régularisations” et “au droit au logement”. Et “on est là…”
Explication de texte par l’oratrice du M.R.A.P. (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) : « Chaque fois qu’un demandeur d’asile perd de ses droits, est enfermé dans le piège de sans papiers, il est renvoyé vers le travail au noir ultra-précaire, qu’on peut observer très clairement dans certaines branches sur Montpellier. Ces conditions de surexploitation, avec des rémunérations de misère, permettent aux employeurs de tirer tous les curseurs vers le bas, cela crée une concurrence délétère entre travailleurs, et c’est toute la population qui en pâtit dans ses droits ».
C’est très concret. Ce ne sont pas des vues sur la comète, de droits de l’hommistes angéliques. Le cortège est ensuite parti en direction de la préfecture, où d’autres prises de paroles ont eu lieu. En chemin, une militante de longue date pour les droits des étrangers soufflait : « On sent qu’on est en période de mouvement social, parce que normalement, on est à peine 100 en manif, tout le monde s’en fout des migrants… »
De retour sur la Comédie, la manifestation s’est dispersée dans le calme.
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