Des néonazis dans les manifestations contre le pass ? Les preuves de l’infiltration

Le Poing Publié le 31 août 2021 à 16:44 (mis à jour le 31 août 2021 à 16:56)
Crédit photo : La Mule du Pape

Depuis le début du mouvement contre le pass sanitaire, les manifestations ont toujours rassemblé un grand nombre de personnes, avec des idées et des objectifs variés. On y trouve des gilets jaunes, des complotistes, des anti-vaccins, des militants de tous bords politiques… Et surtout une grande majorité de personnes lambda, simplement opposées au pass sanitaire. Existe-t-il de véritables infiltrations fascistes ?

Un débat existe autour de la présence de l’extrême droite dans ces manifestations. Il est certain que différents groupes essaient de les récupérer à leur profit, avec leurs propres mots d’ordre et symboles. Rien de surprenant là-dedans.  Après tout, à une époque dominée par les discours réactionnaires, de CNews à Darmanin, les idées diffusées en permanence dans les principaux médias et jusqu’au sommet de l’Etat se retrouvent dans la tête des gens. Ces mêmes médias peuvent ensuite adopter des postures hypocrites de bourgeois choqués par le péril brun…

Le Poing  a suivi les manifestations montpelliéraines des précédentes semaines et peut aujourd’hui vous présenter les stratégies d’infiltration de différents groupes. Attention, certains propos retranscrits ici sont extrêmement violents et ouvertement racistes.

Prendre la tête des cortèges

Comme nous l’avions indiqué dans de précédents articles, une constante locale a été la présence de militants de la Ligue du Midi – groupuscule identitaire responsable de nombreuses agressions, et connu pour ses liens avec les forces de répression étatiques. Dirigé par la famille Roudier, la Ligue a tenté de rattraper son échec lots du mouvement des gilets jaunes, en intervenant massivement dans les cortèges. Selon ses propres interventions publiques la Ligue se présentait comme un « service d’ordre » autoproclamé. Il faut comprendre par-là que ses militants cherchaient une raison légitime de virer par la force les voix discordantes, tout en protégeant leurs alliés (notamment un autre porte-parole autoproclamé, en la personne de Derouch).

Pour cela, des appels étaient lancés en interne, permettant à la Ligue de rassembler chaque samedi des militants d’extrême droite de plusieurs villes (Nîmes, Avignon, et plus loin encore).  D’autres groupuscules locaux comme les restes de Jeunesse Saint Roch se mettaient à la remorque, conscients de ne pouvoir exister seuls. La mobilisation antifasciste a cependant cassé cette dynamique. Les affrontements du samedi 21 août ont conduit à l’auto-exfiltration de la Ligue et de ses alliés, au départ de Derouch, et finalement à l’annonce par le dirigeant Richard Roudier d’une désertion de Montpellier la semaine suivante – entraînant en retour des accusations de trahison et des menaces de mort au sein de son camp. Ambiance !

De son côté, l’Action Française avait tenté d’intervenir plus tôt dans les cortèges, au moyen d’une banderole discrète et de quelques drapeaux. L’objectif était si possible d’en prendre la tête pour s’imposer comme leaders. Une ambition démesurée, puisque des manifestants opposés à cette récupération avaient dégagé les royalistes et saisi leur matériel dès la première apparition du groupe.

Constitution de réseaux

Ces incidents avaient été documentés précédemment. D’autres réseaux sont cependant à l’œuvre, tels les néonazis du site « Democratie participative » et de son forum, « Europe écologie Les Bruns ». Sous couvert d’humour et de parodie, le site (aujourd’hui déréférencé par Google) revient aux fondamentaux du nazisme, avec une prose abominable et des positions racistes et antisémites assumées. Ses membres se faisant appeler les « démocrates » sont intervenus localement aux côtés de la Ligue du Midi avant de l’accuser de trahison. Leur signe de ralliement est le « Qui ? » et le drapeau bourguignon aux bâtons noueux, censé symboliser un projet « d’Etat blanc ».

En vue de la manifestation du samedi 28 août, les objectifs des néonazis sont publiquement affichés dans un article publié quatre jours avant. Extraits : « Les antifas n’ont jamais été que les nègres de la boîte de nuit tenue par les juifs qu’on appelle la « république ». Si vous êtes du Sud de la France et que vous voulez agir, ne cherchez aucune autre ville pour manifester ce weekend : allez à Montpellier. […] Le fait que ces abrutis utilisent des drapeaux d’ultra-gauche est du pain béni : dotez-vous d’un maximum de drapeaux tricolores, rien d’autre. Essayez de faire en sorte d’avoir un drapeau tricolore par personne. […] Si les flics refusent de faire leur travail en maintenant l’ordre dans la rue, les fascistes s’en chargeront.​ »

Cet article comme les commentaires publiés sur le forum confirment la stratégie choisie : se retrouver et se réunir entre fascistes, attaquer violemment les militants des mouvements sociaux, puis manipuler la foule en se faisant passer pour d »inoffensifs patriotes. Là encore, c’est un échec. Les néonazis sont repérés dès le début de la manifestation et sortis du cortège, abandonnant leurs drapeaux ainsi que plusieurs blessés suite à un bref affrontement. Avec à la clé quelques reproches aux « traîtres » de la Ligue qui révèlent la réalité des agissements de ce groupuscule…

Ces faits doivent cependant rappeler qu’il existe bel et bien des réseaux de nostalgiques du troisième Reich, actifs sur Montpellier et sa région, organisés en lien avec les structures d’extrême droite existante. Aussi détestés qu’ils soient, ces individus affirment clairement leur intention d’imposer une ligne raciste et antisémite et de faire le sale boulot de répression. Il est donc du devoir de toute personne sensée d’identifier et de combattre ces charognards par tous les moyens nécessaires.

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