D’où vient la hausse du prix de l’essence, y-a-t-il des solutions ?

Le Poing Publié le 14 mars 2022 à 23:15 (mis à jour le 14 mars 2022 à 23:17)
Image d'illustration

Le prix de l’essence s’envole à des niveaux rarement vus. Les mesures annoncées par Castex pour le premier avril le laisseront à un prix bien plus élevé qu’à l’automne 2018, quand le mouvement des gilets jaunes s’était déclenché. Et si certains acteurs économiques prévoient une possible baisse pour bientôt, elle ne pourrait être que temporaire. Alors, d’où vient la hausse du prix de l’essence, et y-a-t-il des solutions ?

Le prix des carburants ne cesse d’augmenter de jour en jour en France, dépassant les 2 euros le litre de sans plomb dans certaines stations-service. Et la hausse des prix d’autres produits de première nécessité ne promet pas vraiment des lendemains qui chantent pour tout le monde.

Dans un effort pour calmer le jeu, et accessoirement épargner La République En Marche le temps des présidentielles, le premier ministre Jean Castex a annoncé samedi 12 mars une “remise à la pompe de 15 centimes, qui s’appliquera sur tous les carburants”. Elle sera valable quatre mois. Mais laissera les prix à la pompe bien au-dessus de ceux de l’automne 2018, au moment où le mouvement des gilets jaunes s’est déclenché.

Mais d’où vient cette hausse ? Le discours gouvernemental essaie de nous faire croire que la principale raison, c’est les tensions importantes dans les régions productrices de pétrole, et les sanctions prises contre la Russie dans le cadre du conflit en Ukraine. Pas si simple.

En réalité, et selon les données de l’Union Française des Industries Pétrolières (UFIP), les prix à la pompe se décomposent de la manière suivante, pour le gazole : 55,6% de taxes, 10,3% de coûts de distribution, et 33,9% pour l’achat du pétrole brut et le coût du raffinage. A quelques petits % près, la donne est la même pour le Sans Plomb 95.

Concernant les taxes, sont prélevées la traditionnelle TVA qui s’applique aussi à la plupart des produits et services, et la TICP qui représente la majorité du montant prélevé sur le prix des carburants. La TICP a été gelée suite au mouvement des gilets jaunes, elle n’augmente pas mais ne baisse pas non plus.

Le coût qui a augmenté de manière spectaculaire est celui de l’achat de pétrole brut. Le cours du marché s’emballe, suite à des tensions géopolitiques dans certains des principaux pays producteurs, Syrie, Angola, Équateur, Nigéria et aujourd’hui Russie. Si les prix du baril se stabilisent ou s’infléchissent ces derniers jours, annonçant peut-être une légère baisse des prix à la pompe, ils restent très volatils dans une situation géopolitique d’une grande incertitude. D’autant que les compagnies pétrolières sont réticentes à produire plus pour combler le manque apporté par les embargos sur le pétrole russe, misant sur la rareté pour faire encore plus flamber les prix. Ils pourraient par exemple rapidement remonter en cas d’ embargo effectif des européens sur le pétrole russe. Toujours est-il que le gouvernement pourrait influer sur les prix en baissant ou en supprimant les taxes.

La fédération CGT des industries chimiques pointe du doigt d’autres causes des prix élevés dans un communiqué de presse daté du 9 mars. D’après le syndicat, la France est sous-capacitaire de 40% dans sa production de produits pétroliers, et le patronat pétrolier a sacrifié le raffinage en France qui lui coûtait trop cher. Ce qui expose aux fluctuations des marchés internationaux, et rend l’exercice du blocage des prix plus difficile.  Sans compter les coûts de transport, peu écologiques par ailleurs. La fédération considère que le gouvernement pourrait supprimer à minima la TICP, et rappelle que comme la TVA elle reste un impôt fondamentalement injuste, qui s’applique de la même manière à tout le monde indépendamment des revenus, et donc ne participe pas à une forme de redistributions des richesses.

Reste à construire les rapports de force nécessaires pour imposer une économie au service de la population.

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