Enedis autorisé à couper les ballons d’eau chaude deux heures par jour à partir du 15 octobre

Le Poing Publié le 5 octobre 2022 à 13:08
Un compteur Linky. Image d'illustration

Dès le 15 octobre et jusqu’au 15 avril, Enedis va pouvoir couper à distance deux heures par jour les ballons d’eau chaude des clients bénéficiant d’un tarif heures pleines/heures creuses avec une partie des heures creuses située à la mi-journée, entre 12 h et 14 h. Ce qui concerne entre 4 et 5 millions de personnes en France.

La mesure est rendue possible grâce à un décret publié au Journal Officiel le 27 septembre, adopté quelques jours avant, comme le révèle l’UFC Que Choisir. Enedis va pouvoir suspendre l’alimentation électrique du cumulus à distance 2 heures durant, entre 11 h et 15 h 30. 

L’objectif pour le gouvernement est d’aplanir les fameux pics de consommation, ces moments où les Français sont très nombreux à utiliser des appareils électriques.
Si le compteur Linky ne peut pas détecter quel type d’appareil est en activité dans la maison, il peut déconnecter le signal d’enclenchement automatique pour les usages électriques pilotés, comme dans le cas d’un chauffe-eau électrique.

Si d’après l’UFC Que Choisir « les conséquences devraient être limitées si les usagers programment leur chauffe-eau électrique pour qu’il fonctionne sur les heures creuses de la nuit, et celles de l’après-midi après 14 h », les usagers qui consomment de l’eau chaude en journée seront tout de même impactés.
Les compteurs Linky, intelligents puisqu’ils mesurent mieux la consommation d’électricité en temps réel, ont été présentés par le gouvernement après la Cop21 comme une mesure forte permettant à tout un chacun de mieux maîtriser sa consommation électrique. Ils sont aussi un des symboles de la privatisation rampante du service public de l’énergie : leur pose, dont la responsabilité incombe à Enedis, est sous-traitée à toute une variété d’entreprises privées. Autre point : depuis la pose des compteurs Linky, on a pu assister dans certaines régions à des coupures d’électricité à distance pour impayés, avec de simples SMS de rappels au préalable.

Alors que de nombreux syndicats, dont la CGT et FO, appellent les salariés de l’énergie à une journée de grève et de mobilisation pour des augmentations de salaire le 6 octobre, rappelons qu’ au moment des grèves contre le projet Hercule, les syndicalistes de la CGT Mines-Energie avaient réalisé une action spectaculaire à Paris, en déversant des dizaines de compteurs Linky devant le siège de La République En Marche. Le syndicat menaçait également de bloquer la remontée des données sur la consommation électrique des ménages collectées grâce au dispositif.

Si un bouclier tarifaire a été provisoirement mis en place par le gouvernement pour limiter à 15% les hausses des prix du gaz et de l’électricité, il ne concerne que les usagers bénéficiaires du tarif conventionné. Si 25,6 millions de foyers sont au tarif conventionné pour l’électricité, pour le gaz, cela ne concerne qu’un quart des ménages : sur les 10 millions de Français abonnés au gaz, un petit peu moins de 3 millions payent le tarif réglementé.

En Angleterre, alors qu’une journée de manifestation a eu lieu le 1er octobre contre la hausse des prix de l’énergie, 200 000 personnes, rassemblées autour de la campagne Don’t Pay UK, se déclarent prêtent à annuler leurs prélèvements automatiques. Un mouvement qui connaît un écho ailleurs en Europe, en Italie par exemple. En France, des tentatives similaires existent à une échelle plus modeste, notamment autour de l’initiative Don’t Pay France ou du mouvement On Paie Que Dalle, lancé publiquement pendant la manif parisienne des gilets jaunes du 24 septembre.

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