Football : tensions à prévoir lors du match Montpellier – Nîmes

Le Poing Publié le 15 septembre 2018 à 14:30 (mis à jour le 27 février 2019 à 00:01)
Bâches de la Butte Paillade 91, volées le 2 mai 2018 dans leur local.

Le dimanche 30 septembre à 17h, le Montpellier Hérault Sport Club (MHSC) affrontera les « crocos » nîmois au stade de la Mosson, dans le quartier de la Paillade de Montpellier. Ce match de Ligue 1 n’est pas anodin : au-delà de la rivalité sportive, il s’agit d’un derby entre deux villes languedociennes concurrentes sur tous les plans. D’un côté, Montpellier, ville médiévale de commerçants et d’étudiants, centre viticole au XIX° siècle, s’étant grandement développée avec l’afflux de l’immigration, des pieds-noirs, et le développement des universités dans la seconde moitié du XX° siècle ; de l’autre, Nîmes, cité antique connue pour ses bâtiments romains et sa feria gardoise, ancienne ville ouvrière considérée comme moins « attractive » que sa rivale. Ces deux villes méditerranéennes de culture occitane représentent deux destins, deux modèles de développement. Le match du 30 septembre sera donc l’occasion de se mesurer symboliquement, et après les récents vols de bâches, la rencontre risque d’être tendue.

Belle saison en prévision

Lorsque le MHSC et Nîmes Olympique étaient en Ligue 2, le Clapas (surnom occitan de la ville de Montpellier) avait gagné les deux rencontres disputées durant la saison 2000-2001. En 2008-2009, les Nîmois ont remporté une victoire face à Montpellier après un premier match nul. Quant à la saison actuelle, elle s’est ouverte par des victoires montpelliéraines face à Amiens (2-1) et Reims (1-0), puis un nul face à Saint-Étienne – après une défaite particulièrement frustrante contre les Verts (surnom donné aux joueurs Stéphanois) durant la dernière saison. Nîmes Olympique, remontée en Ligue 1 lors de la saison 2017-2018, ouvre le bal de manière impressionnante en battant 3 à 1 l’Olympique de Marseille. Après cette entrée remarquée, Nîmes s’incline face à Toulouse (1-0) puis face au Paris Saint-Germain (4-2), malgré un jeu agressif qui a poussé les Parisiens à donner tout ce qu’ils avaient. Ce début de saison augure donc d’un derby de qualité aux enjeux importants.

Vols de bâches

Côté supporters, le stade des Costières, à Nîmes, s’enflamme depuis la montée en Ligue 1 de son équipe, alors que le stade de la Mosson reste plutôt calme. L’explication de cette accalmie montpelliéraine n’est pas due au projet de délocalisation du stade emblématique de la Paillade. Elle est à chercher en coulisses. Le 28 novembre 2017, des supporters ultras des Gladiators de Nîmes en déplacement à Lorient sont tombés dans une embuscade sur une aire d’autoroute, et ils y ont perdu leur bâche extérieure. Le 2 mai 2018, le local de la Butte Paillade 91 (principal groupe ultra montpelliérain) est attaqué à la disqueuse et deux bâches historiques sont volées. Le coup est terrible : la bâche, toujours peinte à la main, représente l’identité et la fierté d’un groupe de supporters. La perdre face à son adversaire revient à perdre son nom et parfois à se dissoudre en cas d’affrontement loyal. Dans ce milieu, un tel affront réclame vengeance.

Ambiance explosive

L’annonce par la préfecture de Montpellier, il y a deux jours, de l’autorisation de déplacement de 500 à 600 supporters nîmois* pour le match du 30 septembre intervient donc dans ce contexte tendu, où les rancunes sont tenaces. Les bus seront accompagnés par les forces de l’ordre tout au long du parcours, à l’aller comme au retour. Les ultras des deux villes partagent une même identité occitane, populaire, antiraciste et marquée par l’héritage ouvrier. Mais la rivalité entre les deux villes, devenue au fil des affrontements une véritable haine, les oppose profondément. Alors que le dernier derby ayant eu lieu dix ans auparavant avait été l’occasion de déplacements de supporters très mouvementés, il y a fort à parier que l’ambiance dans le stade de la Mosson le 30 septembre prochain sera explosive.

Source :

« Derby : 500 supporters Nîmois à la Mosson ? », Allez Paillade !, 13 septembre 2018. / « 500 à 600 supporters nîmois prévus à La Mosson pour un derby à haut risque », France Bleu, 14 septembre 2018.

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