Hérault : forte mobilisation en faveur de Sabine, institutrice et gilet jaune poursuivie

Le Poing Publié le 28 juin 2019 à 13:02 (mis à jour le 3 juillet 2019 à 13:02)
Interpellation de Sabine lors d'une action sur un péage à Béziers, le 15 juin 2019 (photo empruntée à la page facebook "Soutien à Sabine")
Farouchement gilet jaune en même temps qu’opposée à la loi Blanquer, le cas de Sabine, lourdement menacée par la « justice », s’érige en emblème de la convergence des luttes.

Tous solidaires. Mais quand même on peut faire son choix. On aura passé cette journée du jeudi 27 juin à Montpellier en proie à ce sentiment troublant, si ce n’est irritant, pour avoir pu observer les deux initiatives du jour en faveur de gilets jaunes victimes de la répression. Tôt le matin devant le tribunal de grande instance, les visages et les corps sont surtout juvéniles, autonomes, peu contrôlés. Puis en fin d’après-midi, lors d’une conférence de presse dans le café montpelliérain le Ranch, la moyenne d’âge grimpe d’au moins deux décennies parmi une bonne cinquantaine de soutiens affichés à l’institutrice Sabine, la plupart porte-parole officiels de telle ou telle entité.

On pouvait compter sur Muriel Ressiguier, députée France insoumise, première intervenante, pour mettre les pieds dans le plat. Avec Sabine, l’élue constate qu’on n’a pas « des black blocs, des jeunes, des fous furieux » (admirons l’amalgame en passant), et « même pas une syndicaliste ». Où pourrait s’arrêter le portrait modèle de la victime idéale ? Heureusement, d’autres obligations appelaient très vite ailleurs cette oratrice inspirée.

C’est alors une autre notion qui se dégagea d’un bon nombre d’interventions. Plus encourageante : soit la convergence des luttes. En effet Sabine s’est d’abord impliquée en gilet jaune, par pure conviction, comme tant et tant d’autres. Après quoi, parallèlement et concomitamment, cette institutrice se mobilise contre la loi Blanquer.

En fin de réunion ce jeudi, elle a d’ailleurs prononcé une longue allocution très vibrante, et solidement charpentée, où s’entendait le total refus de la précarisation du service public et ses personnels, comme des populations, crainte avec la loi Blanquer. Mais aussi un mental gilet jaune inaltérable : « Oui je manifeste et je vais continuer. Non, je ne vais pas faire le cadeau de me taire. Gilets jaunes, nous ne sommes plus les mêmes. Nous nous opposons à la soumission aux profits, aux inégalités. Nous existons, nous avons ouvert la voie. Notre gilet, on l’a désormais dans la peau ».

Le 15 juin sur un péage à ralentir en Biterrois, Sabine est arrêtée alors qu’elle distribue des tracts. Elle porte un foulard sur la bouche, symbolisant l’atteinte à la liberté d’expression des enseignants que recèle l’article 1 du projet de loi. Prise de panique, elle fait mine de prendre la fuite. Depuis quoi, cinq possibles chefs d’accusation – rébellion bien sûr, mais aussi la fameuse dissimulation du visage – pèsent sur elle, pouvant se solder par un total de deux années d’emprisonnement, 30 000 euros d’amende, et la perte de son poste de fonctionnaire.

L’arc des soutiens est large allant du commode SNES à la toute nouvelle Union communiste libertaire, des convergences Gilets jaunes à la maire EELV de Murles, etc. D’où une belle diversité dans la tonalité des soutiens formulés. La Libre pensée voit « de la vengeance politique de ce gouvernement », étale les faveurs judiciaires accordées à Cahuzac, pour estimer que « le minimum de décence si on a une once de sens de la justice » est de laisser Sabine en paix.

« Le gouvernement orchestre la violence, c’est lui qui devrait être poursuivi » ose l’assemblée générale des enseignants 34. « Mais cette répression est un espoir », démontrant « la peur du pouvoir devant un mouvement puissant, radical, massif, incontrôlé » selon le syndicat universitaire SCUM.

Etc. Très chaleureuse, parsemée de larmes écrasées, la réunion se conclut sous de vibrantes acclamations, et chants de rue anti-Macron, suivis par une Marseillaise bien plus isolée. Au quotidien, une page facebook permet de s’intéresser au « Soutien à Sabine ». Pétition et cagnotte incluse.

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