Hérault : le combat continue contre Oxylane, ce projet anti-écolo de la famille Mulliez

Le Poing Publié le 30 septembre 2020 à 15:04 (mis à jour le 30 septembre 2020 à 17:35)
Mobilisation le 26 septembre 2020 à Saint-Clément-de-Rivière contre le projet Oxylane (extrait d'une photo du collectif "Plus jamais ça 34")

Le mouvement des jeunes en grève pour le climat, “Fridays for Future”, et sa branche française “Youth for Climate France”, avaient choisi les 25 et 26 septembre derniers comme journées mondiales d’actions pour une justice écologique et sociale. Complémentairement, « parce que la fin du monde et la fin du mois sont un même combat », le collectif “Plus jamais ça“, formé au sortir du confinement – regroupant organisations syndicales, associatives et environnementales – appelait à « participer et à multiplier les différentes mobilisations locales », comme à Rouen pour marquer le triste anniversaire de Lubrizol. Près de Montpellier, c’est le combat contre le projet du village commercial Oxylane, à Saint-Clément-de-Rivière, qu’avait choisi la Confédération paysanne, membre de “Plus jamais ça”, pour faire son grand retour du côté des mobilisations.

Oxylane, le projet absurde que l’on ne présente plus 

En avril 2015, déjà, le Poing relayait la plume de celles et ceux s’insurgeant contre ce projet, que personne n’avait réclamé à cor et à cri. Cela fait désormais plus de cinq ans que le bien nommé collectif Oxygène, porté par Françoise et Jean-Michel Hélary, se bat sur tous les terrains pour faire rentrer le rejeton de la famille Mulliez au bercail. C’est que l’Association familiale Mulliez, « groupement d’intérêt économique », a pour but de faire prospérer la fortune familiale à travers sa tripotée de magasins. De l’assiette (Auchan) à la charpente (Leroy-Merlin), en passant par la tente Quechua (Décathlon), un Mulliez veille toujours sur vous ! Chez les Mulliez, la méritocratie n’existe pas, il suffit d’hériter pour régner. Et qu’on se le dise, on ne jalouse pas la sixième fortune de France. On s’insurge contre ses plans de licenciement, ses projets de commerces sans caissier·es et son béton greenwashé sur nos terres. 

Vent debout contre l’accaparement des terres

En ce vendredi 26 septembre, ce sont donc deux-cents personnes environ qui ont débarqué, seau à la main, pour ensemencer deux hectares d’orges. Comme à l’accoutumée, gendarmes, renseignements territoriaux et huissiers ne manquaient pas à l’appel ! Le Poing conseille en revanche à l’huissier de troquer ses bottines en cuir pleine fleur contre des bottes des champs, la Conf’ paysanne pourra sans doute le conseiller sur ce point.

La Conf’, qui n’avait pas oublié ses drapeaux, était présente en masse avec des représentant·es régionaux, des Pyrénées-Orientales au Var. Un éleveur ovin explique : « La crise a montré la vulnérabilité de la France en matière de souveraineté alimentaire, il faut donc plus de paysan·es, c’est le moment pour la Conf’ de montrer qu’on est prêt à y aller, qu’on veut changer de logique ». Au micro, le fournésan Patrick Genay, apiculteur qui se bat contre l’implantation du géant Amazon au Pont du Gard, pense que « ceux qui ont accepté le projet Oxylane n’y connaissaient rien ». Si l’on doutera aisément de la morale des élu·es, on doutera en revanche moins de leur ignorance. C’est que, dans le Gard comme dans l’Hérault, la logique implacable de la croissance infinie s’applique, et tant pis si le vivant en pâtit.

Après un ensemencement et quelques arbres fruitiers plantés en bordure de route, non seulement par les syndiqué·es paysan·nes mais aussi gilets jaunes, militant·es de SOS Oulala, Attac, Amis de la Terre, faucheurs, CGT, etc, la grosse centaine d’activistes a notamment participé à des débats sur quelles suites donner à cette action, menés par ANV COP21 et Extinction Rebellion, à la méthodologie largement inspirée des assemblées de Nuit debout et des gilets jaunes. La sacro-sainte convergence n’y a pas été réclamée, la complémentarité des combats juridiques, de la bataille culturelle, par l’action concrète et l’alternative, oui. Si l’action de ce premier week-end automnal se dit « symbolique », reste que les participant·es, ont concrètement, et par leurs corps, fait vivre l’alternative sur deux de ces vingt-quatre hectares héraultais promis au « village ludique et commercial ».

De la même façon, à l’appel de “Youth For Climate” et “Désobéissance Ecolo Paris”, le “Camp Climat – Implantons la résistance” faisait vivre de débats, repas et ateliers, depuis samedi plusieurs rues attenantes à un bâtiment (mais s’en faisaient visiblement déloger avec force à l’heure où ces lignes étaient écrites) du dixième arrondissement pour s’opposer à la gentrification dans le quartier de la place Sainte-Marthe, dans le dixième arrondissement de Paris.

Face à des gouvernements libéraux inflexibles, les marches et les actions symboliques, bien qu’ayant contribué à mettre en avant la question écologique au-devant de la scène, ont depuis montré leurs limites. À l’heure où les gouvernements se gaussent de promesses fallacieuses qui n’engage l’énergie que de celles et ceux qui les croient, la nouvelle résistance s’implanterait-elle en semant des graines et faisant fleurir les quartiers libres ?

Photo du collectif “Plus jamais ça 34”

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