Il faut menacer de se suicider pour obtenir un rendez-vous en Préfecture
Un Montpelliérain kurde a tenu plus de trois heures au sommet des Arceaux pour lever le blocage kafkaïen des demandes de rendez-vous sur Internet
En fin de matinée ce vendredi 19 février, un homme d’une quarantaine d’années est parvenu à s’engager sur le sommet de l’aqueduc des Arceaux, et s’installer au point d’enjambement de la rue Saint-Louis, à près de trente mètres de hauteur. On pensait l’accès du monument strictement verrouillé depuis des années (notamment l’époque où des cyclistes y faisaient des démonstrations de trompe-la-mort). Mais dans ce cas, le contexte était particulièrement dramatique. Au milieu des pompiers avec leur grande échelle, et des policiers, quelques Kurdes de Montpellier expliquaient que cet homme était l’un des leurs.
Marié séparé d’une Française, père d’enfant de nationalité française, soucieux de continuer d’exercer son devoir parental, cet homme ne parvient pas à seulement déclencher les démarches qui pourraient déboucher sur la régularisation de sa situation sur le territoire. Son sort n’est qu’un exemple parmi des milliers et milliers d’autres : dorénavant Internet est le seul canal pour obtenir rendez-vous au service des étrangers en Préfecture. Mais cette démarche dématérialisée ne débouche sur aucun autre résultat que l’attente sans suite pendant des mois et des mois :dans ce cas, « largement plus d’une année » témoignait une proche, présente au pied du monument.
Cette situation qui sévit dans le pays entier, est à rapprocher des engagements schizophréniques d’Emmanuel Macron, qui jurait qu’il ne faudrait pas plus que trois mois désormais pour traiter d’un dossier de demande de régularisation (certes pas pour se rendre agréable aux requérant.es, mais par souci d’affichage de l’accélération des procédures d’éloignement éventuelles, aux fins de séduire une certaine opinion publique). Soit un objectif contradictoire avec l’effet de découragement recherché par les autorités, à travers cette lenteur extrême de traitement, qui crée nombre de situations infernales pour les personnes concernées.
Après plus de trois heures sur place, l’individu levait le camp et rejoignait la terre ferme du jardin du Peyrou. Il avait obtenu son rendez-vous pour le début de la semaine prochaine. Présente sur place, l’avocate Sophie Mazas, présidente de la Ligue des Droits de l’Homme héraultaise, commentait : « ce genre de situation est d’autant plus rageante que le dossier de ce monsieur paraît particulièrement solide, dès lors qu’il prouve qu’il a en effet entretenu ou tenté d’entretenir un suivi attentif à l’égard de son enfant ».
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