Incident au bar « Le Montpe’L » : la version du gérant fragilisée
Le 5 avril, plusieurs personnes se sont rassemblées devant le bar « Le Montpe’L » pour protester contre la tenue d’une réunion du groupuscule d’extrême-droite Génération identitaire. La presse locale semble se passionner avec deux semaines de retard pour ce non-évènement, en accumulant les clichés sur les luttes entre « extrémistes »… Ainsi que les contre-vérités. Midi Libre (18/04) nous indique ainsi que « le patron du bar [Le Montpe’L] a été agressé par des militants qui voulaient en découdre », le pauvre homme étant « pris à son corps défendant dans une lutte entre groupuscules politiques se répondant aux extrêmes. »
Cet article repris par la Gazette fait suite à une brève publiée la veille dans le Métropolitain (17/04). Jean-Marc Aubert y décrit la scène : « Les antifas, brandissant des drapeaux, ont fait irruption dans la brasserie le visage dissimulé sous des masques pour la plupart, armés de battes de base-ball. » Il précise pourtant : « Il n’y a pas eu de blessé », seulement « des traces matérielles et morales ». Problème : cet article pour le moins flou (des drapeaux devenant des battes, un saccage sans blessé) cite comme source… un blog local d’extrême droite tenu justement par un militant identitaire, Jordi Vives-Carceller, obsédé par les antifascistes. Les médias locaux reprennent donc un « buzz » pas très frais monté de toute pièce par les identitaires. Le même blog est connu pour ses articles de délation régulière en publiant les noms et les photos de manifestants, notamment de gilets jaunes, certainement dans l’espoir de les livrer à la police.
La presse locale n’a cependant pas mis en lumière le fait que contrairement à ce qu’il prétend, Alexandre Coudouel, gérant associé du bar Le Montpe’L, n’ignorait pas la nature de la réunion qui se tenait dans son bar. L’auteur de ces lignes l’a contacté dans la journée du 5 avril pour recueillir ses impressions concernant la réunion semi-publique du groupuscule d’extrême-droite. Le barman du bar Le Coxx situé en face du Montpel’L lui a également fait part de ses préoccupations légitimes peu avant la réunion. Alexandre Coudouel est donc informé au moins à deux reprises et connaît l’identité de ses clients.
Par la suite, lorsqu’une vingtaine de personnes se présente devant l’établissement pour tenter d’entrer en contact avec les militants d’extrême-droite, le même gérant les cache dans sa cave, expliquant aux personnes attroupées qu’ « ils sont partis, il n’y a personne ». Le petit groupe d’identitaires, incapable de tenir sa réunion, était armé de matraques et d’une gazeuse, comme le notera lui-même Alexandre Coudouel. Autant d’éléments remettant en cause le récit caricatural et victimaire d’un affrontement entre extrêmes au détriment d’un barman ingénu, et mettant en lumière une proximité de fait certains médias locaux et des militants d’extrême-droite.
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