La chronique littéraire d’Eugène : “Les médias contre la gauche” de Pauline Perrenot
L’an dernier, la Carmagnole avait eu la bonne idée d’inviter Pauline Perrenot pour présenter son dernier essai, « Les médias contre la gauche » (éditions Agone). La journaliste d’Acrimed faisait le procès d’une absence, celle de la gauche, reléguée au second plan dans la presse depuis 2017. Dans un style engagé, l’autrice montre, sources à l’appui, combien les médias dominants sont courtisans, capitalistes, pro-police, bourgeois et complaisants avec le fascisme
Plus de 80 médias, organisations et collectifs de journalistes organisaient les « États généraux de la presse indépendante » le 30 novembre 2023 à Paris (Le Poing en était, évidemment). Cette initiative, proposée par le Fonds pour une Presse Libre, fut une riposte à des états généraux présidentiels de l’information voulus par l’Élysée. Elle était aussi une réponse aux problèmes posés par des médias de plus en plus concentrés par une caste de milliardaires en France.
En mars 3023, la Carmagnole avait eu la bonne idée d’inviter Pauline Perrenot pour présenter son dernier essai, « Les médias contre la gauche » (éditions Agone). La journaliste d’Acrimed faisait le procès d’une absence, celle de la gauche, reléguée au second plan dans la presse depuis 2017. Dans un style engagé, l’autrice montre, sources à l’appui, combien les médias dominants sont courtisans, capitalistes, pro-police, bourgeois et complaisants avec le fascisme.
Introduction :
Tout commence avec le « tournant de la rigueur » de 1983. Les médias de « gauche » (Libération, Le Nouvel Observateur et Le Monde) s’abstiennent de critiquer ce choix désastreux de Mitterrand, trahissant ses promesses de 1981. Pire, ces médias louent l’austérité, l’entreprenariat et le marché tout en démontant l’État Providence. Cette nouvelle doxa ne cessera plus, les éditocrates affirmant que la « gauche » sera « modernisatrice »…ou ne sera pas !
Aujourd’hui, un journalisme de dédiabolisation banalise les thèses d’extrême-droite tout en défendant une vision du monde néolibérale. La gauche sociale est doublement perdante. Elle est reléguée dans les tréfonds des débats axés sur le triptyque « immigration/insécurité/islam ». Elle est aussi suspectée de laxisme et de complaisance (avec les « racailles » et les « islamistes ») et ses réponses alternatives sont médiatiquement inaudibles.
Si les éditocrates prétendent refléter l’état de l’opinion publique, ils l’influencent au contraire. Soumis aux pouvoirs politiques et économiques, les chefferies éditoriales sont sociologiquement solidaires des intérêts et des points de vue des classes dirigeantes. Un journalisme de classe défend la bourgeoisie et le prêt à penser néolibéral, en partenariat avec le patronat. Un journalisme de cour cirant les bottes de Macron et vendant avec fougue ses contre-réformes brutales.
Dans un contexte de concurrence médiatique exacerbée, les « non-évènements » sont « montés en une », les « petites phrases » entretiennent les polémiques, les sondages manipulent les sondés… Finies les enquêtes sociales, on préfère le confort d’un journalisme de préfecture et des cabales médiatiques contre le « péril rouge » (CGT, les « éco-terroristes », les islamogauchistes, « woke », décoloniaux et piliers de la NUPES).
I/ Un journalisme de cour :
2017 puis 2022 :
Macron est le premier président à jouir d’un tel « capital médiatique » du fait de sa triple carrière (patronale, financière et politique). Ses nombreux contacts avec les groupes de presse lui permettent de communiquer en « off » avec les journalistes. Il s’assure ainsi une visibilité de premier plan et la construction de son image de marque (« nouveauté », peopolisation, personnalisation, spectacularisation…).
On ne compte plus le nombre de Une du style « Et pourquoi pas lui ? » (Le Point), « Et si c’était lui ? » (Le Figaro). Le jury lui décernant le Prix Trombinoscope (Chabot, Barbier, St Cricq et Fressoz) de la « révélation politique de l’année 2016 » (2e fois après 2014) va même jusqu’à déclarer : « Il est une révélation au sens presque mystique du terme. Il fait tout pour signifier aux Français qu’il est une sorte de messie ou d’homme providentiel » !
La naissance d’En Marche (juillet 2016), sa démission du gouvernement (août 2016) et sa candidature (novembre 2016) sont surmédiatisées. De micro-évènements, la quasi-totalité des patrons de presse milliardaires et des directions éditoriales en font des macro-évènements. Mêmes méthodes avec sa future candidature pour 2022. On entretient un faux suspense « insoutenable » avec servilité et manque totale d’imagination !
Plus grave, le presse quotidienne régionale (PQR) joue un rôle de passe-plat en publiant sans honte sa « Lettre aux Français » le 4 mars 2022 avec des photos de propagande de leur vedette politico-médiatique. Les médias dominants éclipsent un bilan désastreux pour camper Macron en « chef de guerre » en hoodie et mal rasé, enchaînant les nuits blanches pour convaincre Poutine de cesser sa folie…Certains journalistes vont même jusqu’à dire que les élections sont secondaires !
Au service du prince :
Ce « storytelling » de propagande alimente un culte de la personnalité. On met à la une les « formules publicitaires » (disruption, renouveau, nouveau monde, réarmement…) et les « petites phrases » méprisantes du prince-président. On met en scène la sainte personne du prince-président pour mieux passer sous silence les « barbouzeries » de ses proches et les collusions entre l’État et les lobbies industriels et financiers (Über, Black-Rock, Mc Kinsey…)
Toutes ces dérives sont liées aux nouveaux formats des chaînes d’info en continu qui préfèrent le buzz et la polémique aux formats au long cours. La focalisation sur le jeu politicien et la « comm’ » aux dépens des enjeux politiques est systématique. Cela dépolitise la politique vue comme un spectacle, conforte le bipartisme (RN/Renaissance) et la vision viriliste et autoritaire du pouvoir. Les médias dominants deviennent des succursales du Conseil des ministres.
Les quelques tribunes alternatives, émissions impertinentes, débats et vraies enquêtes sont noyés dans le flux de l’instantané qui génère les « unes » et alimente les « débats ». On y préfère ces quelques « journalistes mondains » (Yann L’Hénoret ou Paul Larrouturou) qui pondent des « documentaires » (ou autoportrait) sur le Président, cherchant la petite phrase et la mise en scène jupiterienne du personnage.
Le service après-vente :
Chaque réforme néolibérale offre un unanimisme éditorial des points de vue. Les voix dissidentes sont écrasées par les « voix de la raison ». La réforme est « nécessaire », « moderne » et « juste ». Il faut « tenir » face aux « immobilistes » et tabler sur « l’essoufflement » des mouvements sociaux. Jamais on ne verra ces médias enquêter sur les effets brutaux et injustes de ces réformes (notamment sur les classes populaires et les conditions de travail).
II/ Un journalisme de dédiabolisation :
Le duel médiatique Macron/Le Pen :
Ce duel rêvé par les médias dominants dès mai 2017 relevait de la fiction et non de l’information. Il a pourtant saturé le débat politique et conduit à exclure la gauche. Les médias dominants se pensent donc comme des « faiseurs de roi ou de reine », réduisant la politique à une course de petits chevaux ultra-personnalisée. Ainsi, les éditocrates affirment sans état d’âme que les Français se résignent à un duel pourtant hypothétique !
Ce duel permet de présenter Macron comme le rempart républicain face à l’extrême droite. Les candidats de gauche sont toujours jugés perdants (Mélenchon ne dépasse jamais les 10 % lors des sondages pour les présidentielles de 2022) et sommés de se prononcer sur leur consigne de vote au second tour…Seul le clivage entre les « optimistes » (Macron) et les « pessimistes » (Le Pen) de la mondialisation existe. Tant pis pour les anticapitalistes !
La droitisation des débats :
Depuis 2017, le triptyque « islam, immigration, insécurité » gangrène l’agenda politique et médiatique. Cela est du à plusieurs raisons. Tout d’abord, les médias font la course aux revenus publicitaires et privilégient l’information-spectacle. Des « évènements » (parfois bidonnés) permettent de légitimer les discours les plus autoritaires et réactionnaires contre la « décivilisation », « l’ensauvagement » ou « l’islamisation »…
On pense notamment aux polémiques innombrables sur le « voile » des femmes musulmanes. Marcher contre l’islamophobie (le 10 novembre 2019) est désormais vu comme un stigmate qui colle à la réputation des nombreux élus de LFI. Des thématiques aussi hallucinantes que le « Grand Remplacement » font l’objet d’émissions et de débats, non pas seulement sur les plateaux réactionnaires de C News, mais sur les chaînes du service public !
L’extrême droite possède, avec l’empire Bolloré, d’une vitrine médiatique puissante (C News, Europe 1, JDD…). A cause de la mollesse (complicité?) de l’Arcom, les éditocrates de Bolloré ridiculisent la gauche et placent au premier plan les journalistes réactionnaires, les blogueurs de la fachosphère, les VRP du RN et les intellectuels racistes. Les mobilisations écologistes, féministes et antiracistes sont systématiquement dénoncées.
L’extrême droite bénéficie également de l’imbécilité des militants de « l’extrême centre » (Enthoven, Barbier, Couturier, Fourest…) qui vocifèrent en permanence contre la NUPES et gangrènent les plateaux TV pour créer des polémiques, politiser la peur, idéologiser des ressentis, butiner dans des pseudos-sondages et commenter des faits divers. Les éditocrates réclament ces petits coqs virilistes (pardon Caro) qui aiment déraper et polémiquer pour faire le buzz.
La peopolisation de l’extrême-droite :
Depuis l’arrivée de M arine Le Pen à la tête du FN/RN en 2011, les médias rivalisent dans les « sagas » de la famille Le Pen pour dépolitiser et peopoliser le néo-fascisme français. A cela s’ajoutent la sur-représentation des élus RN sur les plateaux de la télévision et de la radio. On ne parle en revanche presque jamais des violences de l’extrême-droite (englobées dans une violence des « extrêmes » par les macronistes, mettant dans le même sac LFI et le RN).
La peopolisation de l’extrême droite a culminé en 2022 avec la fabrication par Bolloré du candidat Zemmour. Ce triste personnage (sur-estimé dans les sondages et sur-représenté dans les médias y compris publics !) a permis de rendre encore plus lisse la figure de Marine Le Pen et ses chats… A l’inverse, les candidats de gauche ont été invisibilisés (Arthaud, Poutou) ou montrés d’un doigt accusateur (Mélenchon).
III/ Un journalisme de classe :
Le bal de l’orthodoxie :
Le journalisme économique (et pas seulement celui de BFM Business) formate les esprits au néolibéralisme et disqualifie les courants économiques « hérétiques ». Le Boucher, Lenglet, Doze, Lechypre, Bouzou et autres Seux balancent leur pédagogie au service du capital, leurs inepties sans effort. Les actionnaires des médias privés ont leurs chouchous et n’hésitent pas à l’inverse à passer des grands coups de balai contre les économistes plus critiques (comme les Économistes atterrés).
Le Medef finance BFM Business, Radio France sponsorise les « Rencontres économiques d’Aix en Provence ». Même les médias du service public multiplient les interviews de patrons, financiers, représentants patronaux, acteurs institutionnels (FMI, BCE…) avec une complaisance coupable. Pensons à l’attitude de groupie de Léa Salamé face à Carlos Ghosn après sa « fuite rocambolesque » fin 2019 !
Des « experts » d’instituts néolibéraux (comme l’Institut Montaigne ou l’IFRAP) à l’image d’Agnès Verdier-Molinié multiplient les propositions « choc » pour défendre la réduction de la dette publique, briser le droit du travail, en finir avec la fonction publique et promouvoir l’augmentation du temps de travail. La philosophie dominante est de louer les mérites des nantis et fustiger les droits acquis par les travailleurs.
Médias des riches :
Le journalisme français est au « chevet des riches ». Les publicités, la « météo des neiges », les éditions spéciales (sur les destinations touristiques de luxe, les familles princières, les stratégies patrimoniales, certains patrons « géniaux »…) permettent une sur-représentation à plus de 75 % des CSP + dans les médias. On ne parle que des centres historiques des grandes métropoles et n’invitent que les « cadres » (à l’exemple des médecins pour parler santé).
Les classes populaires sont absentes. Lorsqu’on en parle, c’est avec une vision misérabiliste d’un « grand malheur sans cause ». Les accidents du travail et les morts au travail sont invisibilisés. Les conflits du travail ont un caractère uniquement économiques (rentabilité, productivité…). On se contente de « micros-trottoirs » pour montrer le désarroi des victimes face aux « plans sociaux » ou autres catastrophes sociales.
La précarité des journalistes favorise leur dépendance aux sources patronales et ministérielles. L’enquête sociale coûte trop cher. Les émissions comme « Comme un bruit qui court », « Là-bas si j’y suis » (France Inter) sont enterrées car trop militantes. Les éditocrates règnent en maîtres absolus sur des rédactions éclatées et peu syndiquées. Les « plans stratégiques » et la précarité structurelle des journalistes provoquent une soumission de ceux-ci.
IV / Un journalisme de préfecture :
Des médias de maintien de l’ordre :
Les médias dominants ne donnent la parole qu’aux institutions coercitives. Les victimes et témoins des violences policières ne sont jamais interrogées. Le « journalisme de préfecture » est un oxymore qui pose le problème des conditions de production de l’information, les pratiques des journalistes, leur dépendance vis à vis de leurs sources et leur conception du métier (maintien d’un ordre social bourgeois et autoritaire).
Les journalistes tissent des liens avec la police, le parquet et les préfectures vus comme interlocuteurs privilégiés. Les chefs de service « police-justice » sont des pôles dominants des rédactions (comme Stéphane Albouy ou Dominique Rizet) et des porte-parole inconditionnel de la police. Le prisme sécuritaire est devenu hégémonique avec les conseillers en sûreté urbaine, sociologues de la délinquance et de la sécurité, syndicalistes policiers.
Les quartiers populaires et mouvements sociaux font les frais de ce traitement stigmatisant. Seules les versions coercitives sont retenues par les éditocrates. Les épisodes de désinformation et manipulation sont nombreux. Par exemple, les médias présentaient l’« arsenal » (bidonné) des zadistes de Notre Dame des Landes pour résister à l’évacuation en décembre 2017 ou la mise en sécurité à la Salpétrière des manifestants le 1er mai 2019 comme une attaque de l’hôpital…
Restaurer l’autorité, un crédo éditorial :
Les médias dominants ont été particulièrement démissionnaires durant le mouvement des Gilets Jaunes. La désinformation par omission, l’euphémisation des « répliques » policières, le mépris de classe et l’appel à une répression plus brutale encore ont marqué les esprits. A l’inverse, des médias indépendants (comme « Allô Beauvau de Dufresne, Disclose ou Médiapart) ont conduit de nombreuses contre-enquêtes et investigations malgré le manque de moyens et les menaces.
Depuis, les faits divers sont montés en épingle et les médias dominants appellent à une « tolérance zéro » contre « l’ensauvagement », « la crise d’autorité » et la « perte des valeurs ». L’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020 provoque un torrent réactionnaire, les uns appelant à abandonner l’État de droit, les autres à traquer les « islamo-gauchistes ». Certains vont même à rêver d’une prise de pouvoir par un militaire providentiel (en la personne de Pierre de Villiers) !
Les médias dominants ont donc une bienveillance complaisante à l’égard de la dérive autoritaire de l’État. Les rappels à l’ordre de la France, au moment du débat sur la Loi de Sécurité Globale (2020-2021), par l’ONU et la Commission Européenne furent passés sous silence. Lorsqu’un opposant affirme que « la police tue » (Poutou, 13 octobre 2021), les éditocrates à l’image de Truchot affirment qu’«il faut le faire taire » !
V/ Les médias face au « péril rouge » :
Enfin, les éditocrates veillent à ce que la contestation de l’ordre social ne dépasse jamais les bornes du « raisonnable ». On accepte la « gauche réformiste » pour mieux excommunier les « populistes jusqu’au boutistes ». On purge la contestation de ses « excès » et toutes celles et tous ceux qui remettent en cause les différentes formes de domination (syndicats de rupture, militants écologistes et radicaux, partis de gauche radicale et d’extrême-gauche…)
Cela passe d’abord par la casse du front syndical. Les mobilisations sociales sont toujours « minoritaires » et « illégitimes ». Elles mettent « dans la galère » les usagers qu’on oppose aux « privilégiés » et « fainéants ». Les éditocrates aiment brutaliser les leaders syndicaux (notamment de la CGT) pour les sommer de cesser leurs mobilisations et de passer à la table de la concertation. On les oppose aux syndicats réformistes comme la CFDT qui acceptent le « dialogue social ».
Les « futurs khmers rouges » qui pratiquent le « terrorisme urbain » (en brisant les vitrines de symboles du capitalisme notamment) et « les éco-terroristes » qui sont dans « l’inquisition écologiste » (en sabotant les entreprises polluantes ou en se mobilisant sur les ZAD) sont particulièrement dénoncés car ils remettent en cause le système capitaliste. On s’émeut davantage d’un coup de gouache sur la Samaritaine que d’un œil crevé par un LBD…
Les « islamo-gauchistes » qui refusèrent de céder aux sirènes de l’islamophobie au lendemain du Bataclan ou de l’assassinat de Samuel Paty font les frais d’une cabale et sont exclus du « champ républicain » (LFI, LO, NPA, Ligue des Droits de l’Homme, Mediapart, Universités…). On apprend que ces « nouveaux intolérants » sont aussi des « wokistes » complices des terroristes. L’extrême-droite comme l’extrême centre convergent dans cette chasse aux sorcières.
Enfin, les médias dominants paniquent face à la NUPES dangereuse pour l’économie française et la démocratie. En se soumettant à la LFI, les Verts et le PS ont « perdu leur âme ». Les éditocrates sermonnent les « traitres » pour les rééduquer à la social-démocratie et on surmédiatise les « éléphants » du PS pour ruiner cette union des gauches. On prophétise d’ailleurs depuis sa création en mai 2022 son échec souhaitable !
Conclusion :
Le sociologue Pierre Bourdieu affirmait en 1993 que les médias étaient « au service objectif de la révolution conservatrice ». La tendance s’est renforcée avec l’accélération de la concentration capitalistique et les nouveaux modèles médiatiques (formats à bas coût, talk-show permanent, contraintes commerciales, concurrence, éditocratie…)
Les écoles de journalisme recrutent les enfants des classes favorisées. L’enseignement y est formaté pour une pratique journalistique routinisée, apolitique et technicienne.
Les pouvoirs politiques attaquent de plus en plus le droit d’informer avec les baisses de dotations pour l’audiovisuel public, les pressions politiques (comme les plaintes ou les convocations par la police), la loi « secret des affaires » ou encore les intimidations policières contre les journalistes couvrant les mouvements sociaux.
Une réaction de gauche passera par le renforcement de médias indépendants et alternatifs, l’élaboration de propositions pour transformer les médias dominants et un nouveau rapport de la gauche aux médias.
– Concernant les rapports de la gauche aux médias, la gauche ne doit ni déserter l’espace des médias dominants, ni tomber dans les guets-apens indigents et autophages à la Hanouna ou Salamé. Il faut penser la médiatisation comme un combat à mener, y compris dans les médias dominants.
– La gauche doit renforcer dans ses programmes l’idée de débarrasser l’information de l’emprise capitaliste et marchande (questions des seuils de concentration, du statut juridique des rédactions, de la publicité ou encore du système d’aides publiques à la presse).
– Cette réappropriation démocratique des médias devra s’appuyer sur les médias du « tiers-secteur » dont la défense et le renforcement sont indispensable à la politisation de la question médiatique. L’audiovisuel public doit également être défendu contre les attaques capitalistes.
Eugène Varlin
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