“La mise en place concrète du pass sanitaire fait beaucoup de dégâts dans l’organisation de nos vies”

Le Poing Publié le 26 septembre 2021 à 09:00 (mis à jour le 26 septembre 2021 à 13:08)

Il y a le rituel des manifestations hebdomadaires, mais il y a aussi la nécessité d’une conformité à ce pass sanitaire dans nos vies et il provoque beaucoup de dégâts tant sur le plan professionnel que personnel, familial, scolaire, culturel…

Entre 3 000 et 4 000 anti-pass, moins que cet été mais toujours aussi déterminés, se sont retrouvés sur les marches de l’Opéra-Comédie en début d’après-midi. Les discussions comme les discours « officiels » pointent le même sujet : comment on se débrouille maintenant avec cette confusion généralisée entraînée par la mise en place concrète du pass ?

Une première prise de parole dénonce la mairie, qui se serait engagée à recevoir la délégation des « des parents engagés » mais qui aurait fermé ses grilles le jour J, tandis que l’Agence Régionale de Santé reste mutique. Le dialogue est rompu et un vaccibus sera prochainement bien devant le lycée Joffre.

Emilie, infirmière depuis 2012, est ensuite intervenue au nom du « collectif des blouses blanches libres », qui revendique plus de 350 professionnel·les de la santé du public et du privé. « Ce collectif n’est ni complotiste, ni criminel, ni inconscient précise-t-elle, il est non violent et vise, dans le respect de la liberté, à une réconciliation de la population contre la faillite humanitaire. Peut-on poser l’obligation vaccinale de certains corps de métier comme une réussite ou un exemple ? Nous n’appartenons pas au gouvernement, nous avons tout donné pour quelle récompense : un Ségur de la santé qui n’a accordé que des miettes et une loi vaccinale. Je n’ai pas honte de refuser cette loi liberticide qui trie les patients à l’entrée de l’hôpital et qui bafoue les libertés individuelles et collectives. Aidez-nous à vous aider ! »

Le ton et le contenu des deux interventions, les seules de la mobilisation, soulignent les dégâts concrets de l’application du pass : suspension du travail, des activités sociales et culturelles, fermeture de classes voire d’établissements… Cette nouvelle vie confuse à organiser, cette fracture de la société, était-ce ça le monde d’après voire le monde avec le virus ?

Après ces prises de parole, le cortège emprunte d’emblée un parcours interdit par le préfet. Les CRS passent leur à temps « à décrocher », c’est-à-dire à reculer puis à laisser la manifestation avancer tout en tentant de contrôler l’ensemble, avant de lâcher prise.

Au Peyrou, les anti-pass croisent les dix mille manifestants de la Marche des Fiertés, et on peut regretter que la rencontre n’ait pas été plus évidente, plus conviviale, sans même parler de convergence ! Dans l’indifférence, chacun passe vite à autre chose, à son rassemblement, tandis que des anti-pass forcent un barrage de police… La manifestation redescend vers la gare puis le Polygone pour se terminer sur la Comédie.

On peut se demander si la confusion que l’on vit, que l’on entend, que l’on lit autour du pass sanitaire ne relève pas d’une fracture beaucoup plus profonde à penser, à réfléchir pour continuer à faire société commune sans trop de dégâts.

Photos de Elea Voltairine

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