La police de Delafosse expulse des citoyens mécontents pendant son discours sur les libertés

Le Poing Publié le 11 novembre 2022 à 18:39

À Montpellier, les policiers municipaux ont joué les gros bras, pendant l’inauguration de la ZAT (“Zone artistique temporaire”), faisant tomber les masques de cette manifestation et de la manière dont le maire en parle

Un rendez-vous manifestif” : tel est le titre de l’éditorial en ouverture du programme de la ZAT de ce week-end. Editorial signé par Pascal Le Brun-Cordier, le directeur de cette manifestation artistique. A l’origine, la ZAT n’est pas sans affiliation anarchiste : c’est au début des années 90 que les “zones autonomes temporaires”sont théorisées par Hakim Bey. Leur modèle sera souvent évoqué par la mouvance des free-parties.

A Montpellier, on se doute que la ZAT a subi des avanies : récupéré et détourné par Pascal Le Brun-Cordier, la ZAT devient “Zone artistique temporaire”, un rendez-vous de spectacles de rue, évidemment prisé du grand public, et vendu avec un maximum de blabla comme un conseil à des élus en mal d’idées. Michaël Delafosse en raffole. Ce vendredi 11 novembre à 11h11 était inaugurée une nouvelle édition de week-end conçue dans le quartier Antigone. La dite Antigone est une figure mythique de la tragédie grecque, incarnant la révolte individuelle au nom de la morale, contre l’injustice de la Raison d’État.

On se doute de la teneur du discours du Premier magistrat montpelliérain, à propos de la grandeur de la liberté, et de la culture qui va avec, tel qu’on est censé les défendre sur les bords du Lez. Mais on s’approchait de 11h20, lorsque trois policiers municipaux se sont ingéniés à perturber l’allocution de leur chef Delafosse. Dans la foule avaient pris place trois résident.es du secteur dit des quatre boulevards. Ils ont déplié une banderole, détournant l’appellation Z.A.T. en “Zone asphyxiée par le trafic”. Banderole de taille modeste – façon drap de lit une place – passée inaperçue pour le plus grand nombre, tenue là en silence, mais sous les yeux du maire à son micro.

De quoi lui rappeler la colère des riverains des boulevards Berthelot, Vieussens et Rabelais, qui viennent d’être brutalement reconvertis en axes majeurs de la circulation (on veut dire : des bouchons permanents) pour traverser la ville. C’est tout un symbole du mépris affiché pour la réalité du vécu quotidien des citoyens – quoiqu’on pense par ailleurs des enjeux de la transition écologique.

C’est finalement l’intervention des policiers de Delafosse qui a attiré l’attention sur cette présence contestataire. Si deux manifestants n’ont pas résisté, la troisième en revanche s’est obstinée à répondre aux uniformes que la gêne qu’on l’accusait de créer n’était rien au regard de celle éprouvée par des centaines de riverains des fameux boulevards. Très tenace, c’est finalement manu militari que la contestataire a été exfiltrée de la  foule. Ainsi les masques sont tombés : les discours du maire sur la liberté, les contorsions cultureuses (« nous voulons des lieux qui font du lien et qui font du bien »), tournaient à la bouffonerie creuse et manipulatrice.

Entêtée jusqu’au bout, la citoyenne rebelle a fini par se hisser sur l’un des pilones qui entourent la place du Nombre d’or, au bord du rassemblement. De là, tout le monde pouvait la voir bien mieux qu’à l’emplacement initial. Mais les flics de Delafosse semblaient satisfaits du compromis : de là, au moins échappait-elle au champ visuel du monarque local, cessant d’en être offensé. Dans cette ville supposée gouvernée à gauche, par un maire certes Darmano-compatible, on aura recueilli une preuve de plus de l’extrême-droitisation générale, quand l’un des gradés de cette milice municipale a cherché à intimider des auteurs de prises de vue sur l’incident, en évoquant une réglementation restrictive totalement bidon, qui n’a aucune existence légale. On espère que nul n’a jamais cru qu’une police était censée connaître et faire appliquer d’autre loi que celle de la répression. 

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