Le centre Chorégraphique National de Montpellier occupé depuis 15H30
Une occupation bien anticipée, bien organisée, bien accueillie, on peut dire presque institutionnelle avec un référent de l’équipe du centre chorégraphique pour tout problème logistique ou technique pendant la durée de l’occupation. Comme l’a dit une jeune teuffeuse à l’arrivée dans le hall du centre « C’est la plus belle occupation de ma vie ! »
Le mouvement s’amplifie, les occupations vont essaimer
Aujourd’hui, vendredi 12 mars, ce ne sont pas moins d’au moins trois autres institutions culturelles qui se sont rajoutées à celles déjà occupées dans de grandes villes : Lyon / Marseille et Montpellier, on approche la quinzaine voire la vingtaine d’occupations qui associent le milieu culturel, les jeunes en établissements artistiques et les emplois intermittent(e)s qui ne relèvent pas des métiers de la Culture.
La rumeur d’occupation bruissait dès le début de l’après-midi dans les rangs de l’assemblée générale à l’appel du Mouvement Unitaire LR (Languedoc Roussillon) : Coordination des Intermittent(e)s et des Précaires LR/ CGT Spectacle/ Synavi et Fédération régionale des Arts de la Rue sur les marches du Corum. Dans la suite des différentes interventions syndicales et autres on ne cessait de répéter « ne partez pas, restez il va y avoir une action ! » et l’annonce a été faite !
Aux différentes mesurettes et enfumages proposés par le gouvernement mais largement insuffisants le mouvement maintient unanimement :
-La réouverture des lieux de Culture et de l’Espace Public avec des protocoles sanitaires adaptés
-L’arrêt total de la réforme de l’assurance chômage et ses attaques « sur la présomption de salariat »
– L’extension de l’année blanche pour tou(te)s et un protocole de protection sociale notamment pour les jeunes et toutes les situations de précarité.
« Nous ne voulons pas ré-ouvrir les lieux sur des cadavres, nous voulons des droits sociaux pour les intermittent(e)s de tous les emplois et le retrait de la réforme de l’assurance chômage » lance une comédienne de la CIP.
La réouverture de l’Espace Public : une porte historique vers la convergence des luttes ?
Une discussion avec David Cherpin de la Fédération des Arts de la Rue Occitanie pôle Sud précise cette question.
« Il faut comprendre le fonctionnement de la Culture en saisons ; les lieux culturels fermés comme les théâtres ou les centres chorégraphiques ont fait une saison morte (de septembre à mai) cela leur permet d’en faire un bilan, un état financier et d’envisager éventuellement la reprise en Septembre dans une réalité sanitaire non contestée. Pour les Arts de la Rue (d’Avril à Octobre) la saison 2020 a été catastrophique et celle 2021 le sera aussi avec l’annonce d’annulations successives et la fermeture complète de l’Espace Public. Cette fermeture de l’Espace Public est soumise à toutes les contraintes autoritaires et anti-démocratiques récentes : les contraintes sanitaires édictées par les préfets, l’état d’urgence et les différents lois liberticides (loi de sécurité globale…) Donc être dans la rue, ouvrir la rue, c’est une porte historique d’attaque de la réforme de l’assurance chômage ! Cette lutte pour ré-ouvrir l’Espace Public permet des évènements fédérateurs, nourrit une capacité de mobilisation et d’action puissante. Aujourd’hui le gouvernement joue la Culture d’un côté contre les précaires de l’autre, toute la tension est portée sur les intermittent(e)s car on les sait capables de se mobiliser et de se défendre puisque depuis 2003 c’est le seul régime qui a été préservé. Alors pour faire taire la Culture pour éteindre le mouvement sur l’assurance chômage le gouvernement essaie de diviser car il sait la difficulté de mobilisation et la solitude des précaires. Donc ré-ouvrir l’Espace Public, ce lieu où l’on fait la manche permettrait de construire ce mouvement de « l’intermittence de l’emploi » : notion qui n’existait pas il y a deux ans et qui maintenant est admise et reprise par les syndicats, l’ubérisation de la société. Plus le gouvernement se positionne autoritairement, plus les mouvements de lutte se ressaisissent et se re-politisent de manière radicale, plus les centrales syndicales sont obligées de se positionner elles aussi collectivement sur les revendications communes, le fossé se réduit. A l’Odéon, haut lieu symbolique culturellement, le mouvement a tout de suite intégré tous les secteurs de l’emploi précaire.»
Depuis 8 jours ça bouge…
C’est ce que dira N. Dubourg représentant du Syndeac : « le dialogue a repris, il faut obtenir la ré-ouverture, le reste suivra… » Et un musicien chantera un couplet de « la semaine sanglante » en hommage à La Commune, peut-on la remettre au goût du jour ? En tout cas un calendrier chargé dans les jours qui viennent :
Le lien avec l’occupation du Centre Chorégraphique
Le 16 mars, manifestation des étudiants pour des conditions d’études dignes
Le 17 Mars une initiative du collectif Etat d’urgence culturel et social avec HK /La Carmagnole
le 21 et le 22 mars deux journées d’action commune du Mouvement Unitaire énoncées comme Le Printemps est inéluctable
Sans compter les actions et mobilisations contre les lois Sécurité Globale et Principes Républicains, pour le Climat, effectivement le printemps risque d’être chaud !
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