Le Département de l’Hérault a dépensé 10 millions d’euros en cabinet de conseils sur quatre ans

Elian Barascud Publié le 23 décembre 2024 à 11:49 (mis à jour le 23 décembre 2024 à 11:54)
Le Conseil Départemntal de l'Hérault, à Montpellier. (Image sous licence Creative Commons)

Un rapport de la Chambre Régionale des Comptes, paru le 17 décembre dernier, épluche les prestations intellectuelles réalisées par des cabinets de conseil mandatés par le Conseil départemental de l’Hérault entre 2019 et 2024. Si la Chambre reconnait un “recours mesuré” aux cabinets de Conseils, elle souligne le fait que l’appel à ces prestations intellectuelles doit être “davantage interrogé et encadré”

Quand on parle de cabinets de conseils, on pense tout de suite à McKinsey, dont les liens avec Macron avaient défrayé la chronique et provoqué un scandale politico-financier. C’est dans ce contexte que l’an dernier, des citoyens avaient demandé aux Chambres Régionales des comptes une enquête relative au recours par les collectivités territoriales aux prestations intellectuelles délivrés par des cabinets privés de conseil.

Le rapport concernant le Conseil Départemental de l’Hérault, publié le 17 décembre dernier, montre qu’entre 2019 et 2023, le Département a eu recours à 157 prestations intellectuelles auprès de 75 cabinets privés de conseil, équivalant à 10,71 Millions d’euros de dépenses. Une somme, qui selon la Chambre, “ne représente que 1,25 % des charges à caractère général et 0,76 % de ses dépenses d’investissement.”

L’observateur financier note un “recours mesuré” à ces prestations intellectuelles, dont le montant a plus que doublé entre 2019 en 2023, passant de 1,27 million d’euros à 2,71 millions d’euros. Une hausse justifiée par une augmentation des dépenses d’investissements de la part de la collectivité, notamment pour des opérations de rénovation de bâtiments lancées ou pour la transition numérique du Département, qui a nécessité plusieurs dizaines de de prestations auprès de cabinets de conseils.
Pour le Conseil Départemental, ces prestations répondent à un besoin d’expertise ou d’accompagnement pour cause d’absence de compétences internes (premier motif de recours au cabinets de Conseils selon la Chambre), bien que le Département compte 5 406 agents répartis sur 110 métiers au 1er janvier 2020. Un recours à ces cabinets pourrait diminuer selon la Chambre si le Département opérait une “montée en compétences” de ses services.

Des recours aux cabinets “imparfaitement encadrés”

Cependant, malgré un “recours modéré” aux cabinets de Conseil, la Chambre Régionale des comptes souligne un manque d’encadrement du recours à ces prestations par le Département de l’Hérault : “Le Conseil Départemental ne dispose pas à ce jour d’une doctrine d’emploi encadrant les conditions de recours aux prestations intellectuelles auprès des cabinets de conseil. Ainsi, la validation du recours à des ressources extérieures ne fait l’objet d’aucune formalisation particulière.” De même que “l’arbitrage réalisé par la collectivité entre la mobilisation de ses propres services et l’appel à des ressources extérieures est parfois peu, voire non documenté”. Enfin, le rapport souligne que la collectivité “ne procède que peu à l’évaluation des prestations fournies alors même que la bonne utilisation des deniers publics doit pouvoir être justifiée y compris pour des achats de faibles montants ne relevant pas des procédures de publicité et de mise en concurrence des opérateurs économiques.”

De son côté, Kleber Mesquida, président du Département de l’Hérault, a accusé réception du rapport et a précisé que la collectivité travaille actuellement sur la conception d’une doctrine d’emploi, comme préconisé par la Chambre Régionale des Comptes.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Hinterland : dans les interstices des grands pays capitalistes