Le président de la CCI de l’Hérault implore les montpelliérains de ne pas manifester en centre-ville
Au nom des petits patrons, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Hérault, André Deljarry, cherche à dissuader les montpelliérains de manifester.
Le gouvernement vient à peine d’autoriser la réouverture des commerces dits « non-essentiels » et voilà qu’une nouvelle manifestation est prévue samedi prochain à Montpellier et partout en France contre la loi « sécurité globale ». C’en est trop pour le président de la CCI de l’Hérault :
Ce matin, aux côtés des commerçants montpelliérains, je lance un appel : manifester Oui, mais plus en centre ville de @montpellier_.
— André DELJARRY (@ADeljarry) December 3, 2020
Laissons travailler nos commerçants.
Il en va de leur survie.#SoutenonsNosCommercants pic.twitter.com/R1Udrfdla2
Ce sentiment est partagé par de nombreux commerçants, lésés par le confinement. Comme beaucoup de gens. On estime que la crise sanitaire a créé en France un million de pauvres. Parmi eux, des étudiants, des intérimaires, des chômeurs mais aussi, et c’est une nouveauté, des artisans, des commerçants et des chefs d’entreprise. Un public pas forcément à l’aise avec l’idée d’être assisté. Aux présidentielles, cette catégorie a massivement voté pour Macron et Fillon. On y partage souvent des idées bien tranchées : quand on veut on peut, le RSA est l’apanage des Jean-foutre, les pauvres doivent se bouger plutôt que de parasiter les allocations, etc. Le spectacle des commerçants implorant nuit et jour que l’État leur vienne en aide est à ce titre plutôt cocasse…
Qu’importe. Face à leur paupérisation, invitons les artisans, les commerçants et les petits patrons qui n’exploitent personne d’autres qu’eux-mêmes – la nuance a de l’importance – à se placer du côté de la contestation. Ils n’ont rien à gagner à se ranger derrière des représentants fortunés acoquinés avec des multinationales. Le combat pour la justice sociale et contre l’autoritarisme est aussi le leur. On peut comprendre qu’ils soient peinés de fermer leur boutique au passage d’une manifestation, mais une société démocratique ne peut pas faire passer le commerce avant le droit de manifester, pas plus qu’elle ne devrait sacrifier ses libertés pour plus de sécurité.
Le 16 février 2019, André Deljarry avait déployé 130 agents de sécurité à Montpellier face aux gilets jaunes, montrant ainsi clairement de quel côté de la barricade il se situait (ô surprise !) Pas rancuniers, les gilets jaunes ont largement relayé les revendications des commerçants sur les réseaux sociaux. Preuve qu’une distinction s’opère encore entre petits et gros patrons. Dissuadons les petits patrons de tisser des ponts avec les gros patrons, incitons-les plutôt à creuser des fossés !
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