Des policiers « d’élite » ont-ils tiré des balles non létales avec un fusil à pompe sur des gilets jaunes à Montpellier ?

Le Poing Publié le 18 janvier 2019 à 19:17 (mis à jour le 1 mars 2019 à 00:13)

Le samedi 12 janvier 2019, lors de l’acte IX des gilets jaunes, un individu cagoulé, casqué et muni d’un treillis militaire a été aperçu à Montpellier dans la rue de l’Aiguillerie aux côtés de policiers au moment d’échauffourées avec les gilets jaunes. Cet homme était en possession d’une arme ressemblant à un fusil à pompe Kel-Tec KSG. Un manifestant gilet jaune a vu cet homme avec son arme : « Quand j’ai vu son arme, je me suis tout de suite dit que c’était une arme de guerre, car le canon était petit, donc ça ne pouvait pas être un flashball. En rentrant chez moi, quand j’ai vu l’image [celle ci-dessous], j’ai tout de suite reconnu que c’était la personne que j’avais vue. J’ai fais des recherches, et quand j’ai vu une photo du Kel-Tec KSG, je me suis dit : ça, c’est l’arme que j’ai vue ». Cette arme utilise des cartouches de calibre 12.

Une cartouche de calibre 12 de couleur verte – produite par la société italienne Fiocchi – a été retrouvée au sol à la fin de la manifestation.

Sur le site officiel de Fiocchi, il existe une catégorie « Forces de l’ordre » qui propose, dans la section « canon scié », trois types de munitions de calibre 12 non létales, en gomme ou en plastique, toutes de couleur verte. Fiocchi précise qu’ « en concevant la ligne de munitions pour le canon scié, [elle] a pris en compte les besoins tactiques et d’entraînement de la police et des forces spéciales ». Le fusil à pompe Kel-Tec KSG fait partie des armes en dotation du RAID (recherche, assistance, intervention, dissuasion) et de la BRI, unités « d’élite » de la police nationale. Des policiers d’élite se sont-ils servis d’un fusil à pompe contre des manifestants le samedi 12 janvier à Montpellier lors de l’acte IX des gilets jaunes ? Le préfet de l’Hérault Pierre Pouëssel doit répondre.

MAJ : Sur la base des informations publiées ci-dessus, Médiapart a approfondi l’enquête :

La police nationale nous indique qu’à la suite de cette utilisation d’un fusil à pompe contre des manifestants, la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) a demandé le 18 janvier un retrait de cette arme sur les mouvements de gilets jaunes. Et ce « pour ne pas qu’il y ait de confusion [avec une arme à balles réelles – ndlr], car c’est une arme impressionnante ». L’Inspection générale de la police nationale a pour sa part été saisie d’une « évaluation sur les conditions d’usage de cette arme ». Il ne s’agit pas d’une enquête administrative, mais de préparer le nouveau « schéma national de l’ordre public », précise la police nationale.

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