Le site de Maureilhan du négociant en vin Trilles bloqué par la Coordination Rurale de l’Hérault

Le Poing Publié le 13 novembre 2024 à 13:58
Devant le site de Trilles à Maureilhan. DR

A l’appel de la Coordination Rurale, plusieurs dizaines d’agriculteurs.trices ont bloqué ce mardi 12 novembre au soir les deux accès de l’usine du négociant Trilles de Maureilhan. Ce qui doit pour le syndicat servir de nouveau coup de semonce avant la reprise d’actions d’envergure nationale par les agriculteurs.trices du pays.


Plusieurs dizaines d’agricuteurs.trices, dont de nombreux viticulteurs.trices, ont monté des barrages de pneus et de grillages devant les deux entrées de l’usine du négociant Trilles de Maureilhan, tout près de Béziers. Dans leurs rangs, de nombreux membres de la Coordination Rurale de l’Hérault, à l’initiative, mais aussi des déçu.es de la FNSEA, syndicat hégémonique réputé proche du pouvoir et des intérêts de l’industrie agro-alimentaire.
Le négociant Trilles est accusé par les viticulteurs.trices de la CR34 d’importer à des prix défiant toute concurrence des vins étrangers, principalement espagnols. “On a fait le guet devant le site et on a vu des citernes, on a des photos”, soutien Arnaud Poitrine, membre de la CR34, viticulteur à Cabrières à la tête d’un domaine de 20 hectares et vice-président de la coopérative L’Estabel. “Ces pratiques participent à renforcer les effets de la crise viticole sur notre revenu, en mettant une pression à la baisse sur les prix de vente de nos vins.”
L’action est présentée comme un tour de chauffe avant la reprise d’actions au niveau national des agriculteurs.trices. “Peu de choses ont évolué depuis le mouvement intense de l’an dernier., reprend le vigneron. “Beaucoup d’exploitations sont dans le rouge niveau trésorerie, la question du revenu n’est pas réglée. On essaie de canaliser la colère, mais il faut savoir que cette fois-ci les choses risquent de se passer plus durement au vu du haut niveau de désespoir chez beaucoup d’exploitant.es.”
La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, très proches, appellent à des actions sur tout le territoire à partir du 18 novembre, indiquant ne pas vouloir cibler les autoroutes ni “affamer le pays”. Le Modef, syndicat classé à gauche, a lui aussi appelé à la mobilisation à partir du 8 novembre, dans un communiqué de presse. La Confédération Paysanne, autre syndicat classé à gauche, appelle quant à elle à une semaine d’action.


La Coordination Rurale organise des rassemblements devant les préfectures le 19 novembre. “Le but c’est d’avoir des entretiens avec les préfets”, explique Arnaud Poitrine. “Nous dans l’Hérault c’est déjà fait” Le syndicat a en effet été reçu par le préfet de l’Hérault après une série d’action le 17 octobre visant à demander l’annulation de la Taxe sur le Foncier Non Bâti. La section héraultaise ouvrira donc la prochaine étape de la mobilisation, en se rendant au Boulou dès le 19 pour y bloquer le fret alimentaire à la frontière espagnole. Dès le lendemain les syndicalistes devraient être rallié.es par les autres Coordinations Rurales du sud de la France. Autre cibles envisager selon Arnaud Poitrine : “la grande distribution, qui participe activement à notre étouffement. En parallèle on demande à être reçu.es par les parlementaires du département.”
Dans le viseur des organisations syndicales agricoles, on trouve aussi le Mercosur (marché commun du sud), un traité de libre-échange entre l’Union européenne réunissant cinq nations : le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et, depuis 2023, la Bolivie, qui porte un accord politique entre les deux continents visant à supprimer plus de 90 % des droits de douane sur les produits échangés.
“Nous mettre en concurrence avec des pays d’Amérique du Sud pour lesquelles les normes de production sont très différentes d’ici, ça va nous achever”, commente Arnaud Poitrine. “Sans compter que c’est une aberration écologique d’importer autant de produits d’un autre continent où les normes environnementales sont très basses.”
Pour le moment le gouvernement français s’oppose à la signature de cet accord en l’état, et exige pour donner son accord de “ne pas augmenter la déforestation importée dans l’Union européenne, de mettre l’accord en conformité avec l’accord de Paris sur le climat et d’instaurer des mesures miroirs en matière sanitaire et environnementale.” Sauf que la ratification ou non de ce traité commercial se jouera à la majorité qualifiée au Conseil européen et par un vote au Parlement Européen. Et que la France reste pour le moment relativement isolée dans son opposition au Mercosur, et donc de la minorité de blocage fixée à quatres Etats. Tandis que la majorité des parlementaires y est à priori favorable.
À l’échelle nationale, la Coordination Rurale s’était rendue particulièrement visible pendant l’explosion de janvier 2024, à force d’actions coup de poing. Sa section du Lot-et-Garonne avait été à l’initiative d’un convoi visant le blocage du marché international de Rungis.
Autre mobilisation lancée par la CR cet été, beaucoup moins suivie celle-ci : le syndicat avait rassemblé quelques dizaines d’exploitant.es pour une contre-manifestation près du rassemblement des opposant.es aux méga-bassines, contre le « terrorisme écologiste ». Sur fond d’importantes tensions internes, liées aux proximités affichées par certains membres du syndicat avec le Rassemblement National et l’extrême-droite française.

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