Les anti-Oxylane ont frappé les trois coups du retour des luttes pour le climat
Ce mercredi 17 juin, les actions se sont multipliées « contre la ré-intoxication du monde ». À Saint-Clément-de-Rivière, au nord de Montpellier, ils étaient cent cinquante à résister aux prédations de Decathlon.
Cent cinquante personnes se sont retrouvées ce mercredi midi sur le site fabuleux du domaine de Fontanelles. Là, depuis cinq ans déjà – et maintenant deux ans après ce qui était la date d’ouverture initialement prévue – des militants environnementalistes résistent à l’implantation du projet Oxylane. Dans un paysage incroyablement préservé, à moins d’un kilomètre des monstruosités péri-urbaines du centre commercial Trifontaine et du parc entrepreunarial Euromédecine, vingt-quatre hectares de terres cultivées et de bois magnifiques, sont sur la sellette.
Le groupe Decathlon (plus de trois cents magasins en France, dont deux déjà à Montpellier) veut bâtir une surface de sept mille mètres carrés. S’y rajouteraient les huit mille d’une jardinerie Truffaut ; et, cerise du greenwashing sur ce gâteau de béton, un magasin O’Terra, déterminé à saccager le site pour implanter son concept de commerce à circuit court, mais tout bénéf’ pour actionnaires. Des bureaux tertiaires, des parkings, des centaines de voitures, complèteraient ce projet, typiquement inutile et représentatif du « monde d’avant ».
La mobilisation de ce 17 juin relayait un appel national « contre la ré-intoxication du monde », où l’on remarquait, entre autres, toute la mouvance des ZAD, et des luttes contre « les grands projets inutiles ». On y lit notamment que le confinement aura permis d’expérimenter « ce qui serait encore possible, si la machine infernale s’arrêtait enfin, in extremis ». Machine infernale de la marchandisation du monde et de la destruction du vivant. D’où l’appel à « agir concrètement pour [que cette machine infernale] ne se relance pas ».
On s’explique mal pourquoi, après cinq ans d’actions inlassables, et recours judiciaires multiples (toujours non clos), cette lutte n’a pas gagné les faveurs dans tout Montpellier. En tout cas, ce 17 juin, on pouvait remarquer une présence consistante de la mouvance « radicale » des luttes pour le climat, avec des membres d’Extinction Rébellion, ANV-Cop 21, tandis que trônait la splendide banderole colorée : Changeons de système – pas le climat.
Symboliquement, ce trophée militant rappelait la marche du 14 mars, dernier acte militant montpelliérain avant le confinement autoritaire total. Ce samedi-là, quelques centaines de braves, qui auraient dû être des milliers, consommaient leur rupture, soutenue par plus de trente groupes et associations, avec le courant réformiste, électoralement manipulé, qui dominait jusque-là ces mobilisations à Montpellier.
Puis un mois plus tard, le collectif Oxygène, celui qui se bat concrètement contre Oxylane, lançait un appel qui remportait un succès inattendu en plein confinement : plus de cinq mille signatures, certaines très connues ou prestigieuses, appuyaient une lettre ouverte au PDG de Decathlon. Il s’agissait de lui expliquer en quoi un projet comme Oxylane est exactement du genre que le monde d’après ne peut plus accepter, venu du monde d’avant. Même en dehors de ces notions, il suffit de noter l’une des conclusions de la convention citoyenne pour le climat, fort sage et para-officielle, qui appelle à « stopper immédiatement les aménagements de nouvelles zones commerciales, très consommatrices d’espace ».
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