Logement social à Montpellier : entre photovoltaïque et voiture électrique, ACM en plein délire
Le bailleur social montpelliérain ACM et le gestionnaire de réseau de distribution d’électricité Enedis ont signé un accord sur l’installation de panneaux photovoltaïque dans le parc social de la Métropole. Grand bond en avant pour l’écologie ? Rien n’est moins sûr, alors que les logements proposés par ACM sont connus pour leur isolation thermique désastreuse. Et que la mesure s’accompagne de l’installation de nombreux compteurs Linky…
Ce 25 octobre, Enedis et ACM ont signé à Montpellier une convention de partenariat visant à développer les panneaux photovoltaïques et la mobilité électrique dans le parc social de la Métropole de Montpellier. ACM compte ainsi aménager 3000 logements avec ces panneaux photovoltaïques d’ici à 2030.
Enedis s’engage à accompagner ACM dans ses démarches, par son expertise, la collecte de données, … mais aussi en installant des compteurs Linky dans le parc social !
Dernier point sur lequel porte la convention : l’installation de prises de rechargement pour les véhicules électriques, avec des modalités pratiques qui sont encore en cours de définition.
Alors, grand bond en avant pour l’écologie ? Au Poing, on s’interroge. Les compteurs Linky, intelligents puisqu’ils mesurent mieux la consommation d’électricité en temps réel, ont été présentés par le gouvernement après la Cop21 comme une mesure forte permettant à tout un chacun de mieux maitriser sa consommation électrique. Ils sont aussi un des symboles de la privatisation rampante du service public de l’énergie : leur pose, dont la responsabilité incombe à Enedis, est sous-traitée à toute une variété d’entreprises privées. Au moment des grèves contre le projet Hercule, les syndicalistes de la CGT Mines-Energie avaient réalisé une action spectaculaire à Paris, en déversant des dizaines de compteurs Linky devant le siège de La République En Marche. Le syndicat menaçait également de bloquer la remontée des données sur la consommation électrique des ménages collectées grâce au dispositif. Autre point : depuis la pose des compteurs Linky, on a pu assister dans certaines régions à des coupures d’électricité à distance pour impayés, avec de simples SMS de rappels au préalable. Aberration humaine rendue possible grâce à cette nouvelle technologie. Comment se réjouir quand des logements sociaux qui accueillent des publics en difficulté financière se dotent de l’instrument ?
Alors on aimerait poser quelques questions à Michel Calvo, président d’ACM Habitat, et par ailleurs adjoint au maire “socialiste” Michaël Delafosse délégué à la ville fraternelle et solidaire (sic), aux affaires sociales, à la solidarité et à la cohésion sociale, à la lutte contre l’exclusion et au soutien aux aidants.
En matière d'”écologie”, la priorité est-elle de passer au photovoltaïque dans le logement social, par le biais d’instruments techniques comme les compteurs Linky, utilisés d’une manière anti-sociale ? Pourquoi ne pas tout simplement chercher à résoudre d’abord les problèmes effarants d’isolation énergétique dont nous font part les habitants du parc social montpelliérain, qui font gonfler les factures. On lira sur le sujet cet article ou celui-ci. En Marche vers le gaspillage photovoltaïque. Ecologie, entreprise de Greenwashing, ou ouverture de nouveaux marchés aux nouveaux sous-traitants privés de ce qui ressemble de moins en moins à un pôle public de l’énergie en France ?
Quant aux prises pour véhicules électriques… M. Calvo se veut visionnaire : « aujourd’hui la demande est quasi inexistante chez nos résidents, cela pourrait très vite évoluer d’ici 3 à 4 ans lorsque la voiture électrique va se généraliser » La voiture électrique, d’un intérêt écologique très contestable, reste bien plus chère que d’autres modèles. Selon une étude Ipsos publiée en juillet 2021, 68% des français considèrent qu’elle n’est pas dans leurs moyens. Le logement social que propose ACM Habitat se destine lui à des ménages qui ont besoin de loyers modérés pour boucler leur budget mensuel…
Espérons qu’une convention entre la rue et les habitants du parc social montpelliérain sache brancher Michel Calvo aux conditions de vie de ses résidents.
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