Loi séparatisme : le préfet demande le retrait de subventions après des ateliers de désobéissance écolos à Poitiers

Le Poing Publié le 21 septembre 2022 à 16:39
Préfecture de Poitiers

Jean-Marie Girier, ex-directeur de campagne de Macron devenu préfet de la Vienne, a demandé à la ville de Poitiers de retirer une partie de la subvention accordée à une association de défense de l’environnement car ses ateliers de désobéissance civile ne respecteraient pas le « contrat d’engagement républicain » imposé aux associations qui prétendent à des subventions publiques depuis la loi séparatisme de 2021.

Le week-end des 17 et 18 septembre se tenait à Poitiers un village des alternatives organisé par l’association écologiste Alternatiba, avec la participation d’autres organisations comme Greenpeace, la Ligue des Droits de l’Homme, Bassines non merci ou Extinction Rébellion.

Suite à cette seconde édition poitevine, les organisateurs ont eu la surprise d’apprendre, par la presse, que le préfet de la Vienne, Jean-Marie Girier, a demandé par courrier à la mairie de Poitiers et à la communauté d’agglomération de retirer une partie des subventions allouées à l’événement.

Médiapart, qui a pu consulter les fameux courriers, révèle dans un article les raisons de la demande du préfet Girier : les ateliers de désobéissance civile proposés lors du Village des alternatives constitueraient une violation du « contrat d’engagement républicain » créé par la loi « séparatisme » de juillet 2021, dans la mesure où ils incitent à ne pas respecter la loi. Les ateliers en question se sont déroulés en deux temps : une première cession a servi de rappel historique sur la nature de la stratégie militante de désobéissance civile, puis une seconde a été organisée en forme de simulation d’action, pour apprendre aux participants à réagir à d’éventuelles arrestations policières.

Cette loi séparatisme, présentée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin comme un outil de lutte contre l’islamisme radical, avait à l’époque était pointée du doigt par plusieurs collectifs de lutte contre l’islamophobie. Dans le même temps, et bien que sa contestation n’est pas toujours été incluse au mouvement contre la loi sécurité globale, divers groupes de défense des libertés publiques pointaient avec la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) les dangers de la loi séparatisme en matière de libertés d’association.

Face au refus de la mairie de Poitiers de retirer la partie des subventions ayant servies au financement de ces ateliers, le préfet Girier annonce la saisie du Tribunal Administratif.

Ces dernières semaines le ministère de l’Intérieur intensifie, sous couvert de lutte contre l’islamisme radical, sa chasse aux personnes non-respectueuses de très floues « valeurs républicaines », comme en témoigne la procédure d’expulsion visant le très réactionnaire imam Iquioussen. Si l’islam intégriste représente sans ambiguïtés une force politique ultra-réactionnaire tout aussi dangereuse que l’extrême-droite plus classique, comment continuer à penser que l’arsenal législatif liberticide développé par l’État ces dernières années ne sera pas utilisé contre toute forme d’opposition, et y compris contre nos luttes émancipatrices ?

Pour plus de détails, lire l’article paru dans Médiapart ici.

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