Manque d’ATSEM dans une école : des parents d’élèves interpellent la mairie de Montpellier

Elian Barascud Publié le 29 mars 2024 à 14:48
Les parents de l'école maternelle Charlie Chaplin sont mobilisés pour demander à la mairie de Montpellier d'agir à propos de l'absentéisme des ATSEM. (DR)

Depuis septembre, une classe de l’école maternelle Charlie Chaplin, à Montpellier, fait face au remplacement aléatoire d’une enseignante et au déficit d’agent territorial spécialisé des écoles maternelles, qui selon les parents, “pénalisent toute l’école”. Excédés, ils ont saisi la mairie et se sont regroupés avec d’autres écoles en vue de monter un collectif

L’affaire court depuis la rentrée scolaire de septembre dernier. Laure Maestrello, maman de jumeaux en petite section de maternelle déléguée des parents d’élèves de l’école Charlie Chaplin, explique : “A la rentrée, j’ai constaté un manque d’accompagnement par les ATSEM [agent territorial spécialisé des écoles maternelles, ndlr] sur les temps de cantine. Mes enfants se plaignaient du bruit, ça les stressait, et ils disaient qu’ils n’étaient pas suffisamment aidés, et j’ai constaté chez eux une perte d’appétit.”

Le 15 septembre 2023, elle écrit à Fanny Dombre-Coste première adjoint au maire de Montpellier, « déléguée à la ville éducative, la réussite scolaire et l’administration » en l’interpellant sur cette problématique. “Je sais les efforts réalisés par le personnel, qui est un personnel investi, motivé et dévoué ; mais 1 adulte pour 14 enfants renvoie à des organisations standardisées et non de qualité. Je sais d’autres parents préoccupés par cette problématique, nous sommes nombreux à souhaiter faire entendre la voix de nos enfants”, écrit-t-elle alors, en demandant à l’élue d’augmenter le nombre d’ATSEM présents sur les temps de cantine.

Absentéisme des ATSEM : conséquences “pour toute l’école”

Puis, la situation se dégrade encore. “L’enseignante nous a appris qu’elle était enceinte. J’étais ravie pour elle, mais depuis, elle n’est remplacé qu’aléatoirement. En trois semaines, elle a été remplacée six jours, nos enfants sont donc répartis dans d’autres classes de niveaux supérieurs, le matin, quand on les emmène, on ne sait pas où ils vont aller et ils se retrouvent avec des référents inconnus, alors qu’à cet âge-là c’est important d’avoir des repaires”, décrit Laure. “Et l’ATSEM titulaire de cette classe est emmenée à faire des remplacement dans d’autres écoles, donc elle n’est pas là tous les jours. Le problème d’une classe devient le problème de toute une école ,car ça impacte les autres classes.”

Pour elle, cette absentéisme a des conséquences délétères : “Des familles me disent qu’elles en ont marre et qu’elles veulent retirer leurs enfants de l’école publique, à laquelle je suis profondément attachée. Cela va créer des inégalités entre ceux qui en ont les moyens et les autres.”

Lettre ouverte à la mairie

Avec d’autres parents de l’école, elle a rédigé une lettre ouverte adressée aux élus municipaux et au rectorat, dans laquelle sont pointés les “problèmes liés à la gestion de l’absentéisme par la Mairie.” On peut notamment y lire :

“Comment pouvons-nous accepter que certains enfants soient délaissés dans leur apprentissage de la propreté du fait de la gestion de l’absentéisme des ATSEM ? cette gestion entraine un retard dans la prise en charge de ces enfants qui sont laissés dans leurs vêtements souillés ; Nous regrettons que l’École de la République cautionne et participe de ces situations vécues par les enfants, l’équipe pédagogique et les parents comme dégradantes et humiliantes, ne respectant pas de leur dignité et favorisant la stigmatisation des autres enfants. […]
Comment pouvons-nous accepter que des projets de classe minutieusement préparés par des professionnels engagés, ne puissent se réaliser du fait de réorganisation imprévue et dans l’urgence liée la gestion de l’absentéisme. Comment pouvons-nous accepter que les enseignantes et les ATSEM voient leurs conditions de travail sans cesse se dégrader.
La qualité de vie au travail ne doit pas être qu’un concept, elle doit être « garantie en faveur de la santé et de la sécurité des personnels, en prenant à leur juste mesure les risques psycho-sociaux. » C’est à l’école de s’adapter aux rythmes et aux besoins des enfants et non pas aux enfants de s’adapter aux dysfonctionnements liés à la gestion de l’absentéisme de la Mairie. […]
Nous, Parents Délégués, nous nous indignons que des analyses quantitatives répondant à une stratégie des quotas, prévalent sur l’Avenir que représentent nos enfants. Car mettre un terme à ces dysfonctionnements qui ne répondent pas aux besoins de nos enfants dans l’École de la République, ce n’est pas un coût, c’est un investissement.”

Bientôt un collectif ?

Des parents de plusieurs établissements se sont réunis le 26 mars dernier pour échanger sur leurs situations respectives. Est ressorti de cette réunion le fait que l’école Charlie Chaplin n’était pas un cas isolé, et que la problématique de l’absentéisme des ATSEM revenait dans beaucoup d’établissements. Un collectif inter-école est en projet pour fédérer les parents afin qu’ils puissent porter ensemble leurs revendications.

Contactée, la mairie de Montpellier explique que “M. Assaf en sa qualité d’élu au conseil d’école, s’est rendu à l’école Chaplin vendredi dernier pour rencontrer les parents d’élèves. Il a fait retour de cette visite et de la situation de cette école au Maire et la 1ère adjointe.”
La municipalité assure que “Notre mobilisation pour pallier le manque d’ATSEM dans les école est totale. Le contexte de tension sur les métiers du lien, qui n’est pas limité à notre ville, la multiplication des situations RH particulières des agents et les limites des ressources municipales sont de sérieux obstacles à la volonté de la Ville d’offrir le soutien d’une ATSEM à chaque classe de maternelle. En effet, la présence d’une ATSEM par classe n’est pas une obligation règlementaire et beaucoup de villes ont fait le choix d’affecter une ATSEM seulement dans les petites et moyennes sections. A Montpellier, nous souhaitons, malgré les difficultés, maintenir une ATSEM par classe. Un pool de remplaçants est mobilisé pour répondre aux situations urgentes mais nous gérons les remplacements d’agents au plus près des besoins sur le terrain et dans un souci d’équilibre et d’équité. C’est ainsi que dans de nombreuses écoles, l’absence d’une ATSEM de petite ou moyenne section est immédiatement compensée par une réorganisation interne 

De leur côté, les parents refusent le fait qu’une absence d’ATSEM dans une école soit compensée par le détachement d’une autre pour le remplacer, car cela pénaliserait selon eux les autres établissements. Ils demandent à la mairie de s’engager dans la lutte contre l’absentéisme des ATSEM en recrutant et formant du personnel reconnu et payé à sa juste valeur. Pour faire entendre leurs revendications, ils organisent un rassemblement devant la mairie de Montpellier le mercredi 3 avril à 10 h 30.

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