Marche des fiertés à Montpellier : le Pink Bloc, une épine dans le pied de Delafosse

Le Poing Publié le 15 juin 2024 à 19:55 (mis à jour le 15 juin 2024 à 20:08)
Le 15 juin, lors de la marche des fiertés de Montpellier, le Pink Bloc a dénoncé la récupération politique de la pride par la municipalité PS. ("Le Poing")

Pour dénoncer la récupération politique de la très institutionnelle marche des fiertés montpelliéraine par la municipalité socialiste, un groupe de militant·es a pris la tête de cortège de la pride ce samedi 15 juin avec des slogans radicaux. Plus tard dans l’après-midi, deux personnes ont été interpellées par la police. Un rassemblement de soutien est organisé devant le commissariat central

C’est qu’il en faut, des voix, pour recouvrir la techno aseptisée du cortège officiel de la marche des fiertés montpelliéraine. Des voix qui scandent en chœur “Si t’as des thunes, et si t’es blanc, Montpellier t’aime une fois par an”, “Delafosse n’est pas un camarade”, ou encore “trans, pédés, gouines, contre le pinkwashing”.

Car depuis quelques années, un groupe de militant·e, regroupé·es autour du Pink Bloc, tentent de repolitiser radicalement la pride et déjouer la récupération politique réalisée par le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, normalement au premier rang du cortège avec son parterre d’élus en écharpes tricolores. Pour les individu·es qui composent le Pink Bloc, venant d’horizons différents et s’organisant deux semaines avant l’événement, le slogan “Montpellier t’aime” brandi par la collectivité suinte d’hypocrisie.

“Nous dénonçons le pinkwashing de Montpellier, qui se donne une image gay friendly tout en menant une politique antisociale et répressive. Parce que nos fiertés sont antiracistes, nous nous opposons à Michaël Delafosse et ses élus qui appuient leur soutien au régime génocidaire israélien. Parce que nos fiertés sont anticapitalistes, nous refusons l’instrumentalisation par un misérable soutien d’apparat”, peut-on lire sur le tract du Pink Bloc 2024.

Le pink bloc 2024 à la marche des fiertés de Montpellier, le 15 juin. (“Le Poing”)

Tract sur lequel sont imprimées des revendications politiques, qui détonnent avec le côté festif du reste de la mobilisation : “Rejet total du projet de loi des sénateur·ices LR, proposant la psychiatrisation et l’interdiction de transition qu’elle quelle soit) contre les mineurs trans. une transition réellement gratuite et dépsychiatrisée ; aurès de professionel·les ayant une formation sur le sujet. […] La fin des mutilations, stérilisations et traitements hormonaux non consentis pour les personnes intersexes, quel que soit leur âge.”

Delafosse disparu

Et voilà que vers 15 heures, le Pink Bloc prend la tête du cortège à Michaël Delafosse et son équipe, médusés, alors qu’ils étaient en rang d’oignon derrière une banderole ou était inscrite la mention “révolté.es”, avec les sigles de la mairie, du Département et de la Région et du groupe Veolia en dessous, prêts à prendre une photo. Tout un symbole. L’édile de Montpellier disparaît très vite du cortège, et des policiers interviennent pour tenter d’isoler le Pink Bloc du reste de la manifestation, bloquant ainsi l’avancée des chars et provoquant des mouvements de foule.

Particularité cette année : le comité de soutien universitaire à la Palestine a rejoint le Pink Bloc pour continuer de dénoncer le génocide en cours à Gaza, et un drapeau palestinien pendra d’un pont au niveau pendant le défilé.

Plus tard dans l’après-midi, deux militants gardois de la CNT sont interpellés par la police pour dissimulation du visage, et des soutiens affluent devant le commissariat central dès la fin du parcours pour exiger leur libération immédiate.

La police s’est interposée entre le pink-bloc et le cortège où était Michaël Delafosse. (“Le Poing”)
Le comité de soutien universitaire à la Palestine a rejoint le pink bloc à la marche des fiertés montpelliéraine. (“Le Poing”)
“Gaza, mon queer est avec toi.” Pendant toute la durée de la marche, des slogans de soutien à la Palestine seront scandés par le Pink Bloc. (“Le Poing”)
Un drapeau Palestinien et un drapeau LGBT flottent au niveau de l’Esplanade. (“Le Poing”)
De son côté, l’organisation trotskyste Révolution Permanente a organisé son propre cortège au milieu de la manifestation pour “plus de visibilité” selon des militantes. (“Le Poing”)

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