Métropole de Montpellier : Delafosse augmente les prix des transports pour les non-résidents
En Conseil de Métropole de ce mardi 9 juillet, le maire-président de la Métropole de Montpellier, le “socialiste” Michaël Delafosse a proposé l’augmentation du prix des transports en commun pour les non-résidents de la Métropole de Montpellier. Une mesure adoptée, qui lui a valu un tacle venant de sa gauche, lui reprochant d’alimenter une “fracture territoriale” au lendemain d’un score historique du RN dans la ruralité héraultaise
Montpellier, capitale de l’écologie pour bobos vivant dans une bulle déconnectée des problématiques de la périphérie Héraultaise ? Alors que les transports en commun sont gratuits pour les habitants de la Métropole montpelliéraine depuis décembre dernier, ce mardi 9 juillet, le Conseil de Métropole a voté une augmentation de 27% pour le ticket de tramway valable 1h30, et de 50% pour le carnet de 10 tickets et ainsi que tous les abonnements aux transports publics pour les non-résidents de la Métropole. Bref, une gratuité financée en partie par les vaches à lait des campagnes.
Une décision contestée par l’opposition de gauche, la MUPES (Montpellier Union Populaire écologique et sociale) menée par Alenka Doulain, qui s’est toujours proclamée en faveur d’une tarification solidaire plutôt qu’une gratuité complète. La cheffe de file du mouvement municipaliste Nous Sommes -qui avait fait alliance aux municipales de 2020 avec le milliardaire Mohed Altrad- a accusé l’édile socialiste Montpelliérain Michaël Delafosse de “mépris de classe et d’une sourde oreille aux manifestations des ronds-points“, lui reprochant d’alimenter une “fracture territoriale” entre la Métropole et la ruralité héraultaise.
“La gratuité des transports ne profite qu’aux habitants du cœur de la Métropole, laissant ceux des territoires voisins, souvent travailleurs ici, payer des tarifs de plus en plus élevés”, a déclaré Alenka Doulain, qui a précisé que cette décision était “à côté du moment politique que nous vivons, avec une vague brune qui a emporté l’Hérault hors métropole”, en soulignant que cette fracture concernant l’accès aux services publics alimentait le vote RN.
Elle a également insisté sur le fait que le Front Populaire a été élu pour apporter “des solutions justes”, et a demandé au maire Michaël Delafosse d’adapter sa politique libérale en cohérence avec le programme commun qu’il a lui même défendu lors des élections. Dans la même veine, elle a lancé un tacle à Julie Frêche -fille de Georges Frêche, ancien édile Montpelliérain-, bras droit de Delafosse concernant les transports métropolitains, au sujet du Contournement Ouest de Montpellier, un projet routier jugé dommageable pour l’environnement, que la majorité PS soutient : “Je tiens à rappeler que le programme du Nouveau Front populaire contient un moratoire sur les infrastructures routières.”
Soldat Frêche au rapport
L’opposante de gauche a également évoqué un rapport de la Chambre Régionale des Comptes concernant la TAM, société qui gère les transports de la Métropole Montpelliéraine. Un rapport, paru en février 2023, qui évaluait la période 2015-2021, dans lequel on pouvait lire que le niveau de service des transports métropolitains était “médiocre” pour les non-résidents de la Métropole.
Ce document a d’ailleurs été présenté lors du Conseil d’Agglomération. Il a été rappelé que la Cour des comptes notait une “absence de réflexion sur la gratuité”. Catherine Ribot, Conseillère métropolitaine, et anciennement en charge de l’éco-responsabilité de la commande publique et des procédures publiques (elle a démissionné après la polémique sur la filière CRS -combustibles solides de récupération-) a remis sur la table le fait que la Cour avait alerté des risques de corruptions et de conflits d’intérêts au sein de la TAM. En effet, le rapport évoquait « une gouvernance fragilisée et porteuses de risques », notamment en matière de conflit d’intérêts, entre autre par l’influence de son actionnaire minoritaire et co-contractant, Transdev, à qui la TAM a choisi d’externaliser une partie de ses missions de transport urbain. Une externalisation, qui, selon le rapport « a maintenu la TAM dans une situation de dépendance industrielle et économique vis-à-vis de Transdev qui affiche un taux de marge supérieure ».
C’est Julie Frêche qui a volé au secours de la majorité en répondant aux critiques d’Alenka Doulain : “Avec 38 % de hausse du coût de l’énergie, et même 50 % depuis 2022, toutes les grandes métropoles ont fait évoluer leur grille tarifaire. Une grande partie du coût du ticket est toujours financée par la Métropole. Pour le ticket ou les dix trajets, nous restons la métropole la moins chère de France pour les hors Métropolitains ou les touristes.” Le maire-président à quant à lui rétorqué que “nous mettons en œuvre les recommandations de la Cour des Comptes.”
La transition écologique contre les pauvres
Qui ne peut pas se payer de voiture ou de vélo électrique, malgré les mesures incitatives, et est pénalisé par les Zones Faibles Emissions que met en place la Métropole pour empêcher les véhicules les plus polluants (souvent les plus vieux) de rouler en ville ? Qui est obligé d’aller vivre en périphérie de la Métropole à cause de l’augmentation du prix des loyers ? Dans un article intitulé “l’écologie contre les pauvres ?”, sorti dans notre numéro papier de novembre dernier, Le Poing écrivait déjà que le greenwashing imposé par nos gouvernements doublé d’une injonction aux mobilités décarbonées se heurtaient à la liquidation des transports publics, notamment ferroviaires, dans la périphérie des métropoles, laissant les classes populaires sur le carreau.
A toute fin utile (et non sans une certaine gourmandise), Le Poing rappelle également que Loïc Mesner, directeur général de la TAM, touche 180 000 euros brut par an selon un procès-verbal d’assemblée générale de la structure de l’an dernier, que nous avions pu consulter. A titre de comparaison, d’après Ouest-France, Emmanuel Macron lui-même, aurait touché 181 685 euros dans l’année pleine de 2018 dans le cadre de ses fonctions de chef D’État On a beau ne pas être économistes, mais la rédaction a quand même une petite idée sur où trouver l’argent pour financer les transports en commun…
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