Montpellier : jusqu’à 200 000 € par an, les salaires hallucinants des directeurs de la TAM

Elian Barascud Publié le 12 octobre 2023 à 18:23 (mis à jour le 1 décembre 2023 à 11:30)
En juin 2017, des Montpelliérains ont fait savoir à leur manière qu'ils n'appréciaient pas vraiment la TAM...

Dans le procès verbal du Conseil d’administration des Transports de l’Agglomération de Montpellier (TAM) du 17 mai dernier, on apprend entre autre que Loïc Messner, nouveau directeur général nommé en mars dernier, gagne 180 000 euros brut par an. Étonnant quand dans le même temps, un rapport de la Chambre régionale des comptes évoquait « un modèle économique à repenser » pour l’entreprise, déficitaire en 2020 et 2021

Tout va bien dans la ville des tramways à fleurs : les trajets seront bientôt gratuits pour les résidents de la Métropole, la ligne 5 est en construction, et Loïc Messner, polytechnicien, ancien de Renault, de la direction des transports public de la SNCF et nommé directeur général de la TAM en mars 2023, avec une prise de fonction effective en mai, gagne 180 000 euros brut par an (soit 15 000 euros par mois).

Loïc Messner, directeur général de la TAM (photo Twitter/X)

L’information, passée inaperçue, vient du procès-verbal du Conseil d’administration du 17 mai dernier. On y apprend d’ailleurs que la rémunération du directeur général a baissé : le précédent directeur général gagnait quant à lui 200 000 euros brut par an. À noter, selon Ouest-France, qu’Emmanuel Macron lui-même, aurait touché 181 685 euros dans l’année pleine 2018 dans le cadre de ses fonctions. On veut bien que le coût de la vie augmente et que les loyers à Montpellier soient exorbitants, mais de là à toucher un salaire de chef d’État…

« Modèle économique à repenser »

Un salaire qui étonne, quand on sait qu’un rapport de la cour régionale des comptes d’Occitanie, sorti en février dernier, évoque pour la TAM un « modèle économique à repenser », soulignant un déficit d’1,6 million d’euros en 2021.

La cour évoque également « une gouvernance fragilisée et porteuses de risques », notamment en matière de conflit d’intérêts, entre autre par l’influence de son actionnaire minoritaire et co-contractant, Transdev, à qui la TAM a choisi d’externaliser une partie de ses missions de transport urbain. Une externalisation, qui, selon le rapport « a maintenu la TAM dans une situation de dépendance industrielle et économique vis-à-vis de Transdev qui affiche un taux de marge supérieure ».

Concernant la gratuité annoncée des tramways pour les usagers, la cour indique que « la TAM n’a pas entrepris de réflexion sur les impacts économiques et financiers de la gratuité. Or, cette évolution devrait amener l’entreprise à examiner les conditions d’exploitation et de saturation de son réseau mais aussi à repenser la répartition de ses missions pour mieux satisfaire à ses obligations en matière de qualité du service, de prévention et de sécurité. » Alors pourquoi un tel salaire dans une situation économique aussi tendue pour l’entreprise ?

Concernant les usagers, le rapport indique que l’offre des bus est « peu développée », que « le tramway dessert très marginalement les communes périphériques et privilégie la solution tramway pour la ville-centre », que le réseau et le matériel sont usés et les infrastructures « insuffisamment entretenues ». Après tout, Loïc Messner, avec son véhicule de fonction compris dans son contrat, ne prend sans doute pas le tramway…

E. B.

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