Montpellier : 15 000 personnes manifestent contre la réforme des retraites
Le Poing l’avait bien dit : l’année 2020 s’annonçait surréaliste. 2019, rappelons-le, s’est achevée pour nous de la plus curieuse des manières : par le partage d’un de nos articles par Christine Boutin sur Twitter. Ce qui ne pouvait signifier qu’une chose : la fin est proche.
La masse est à la masse
09 janvier 2019, 14h, place Zeus : un cortège interprofessionnel et inter-luttes assez massif (environ 15.000 personnes), s’ébranle, mené par d’irréductibles gilets jaunes (bien plus souvent vêtus de noir que de jaune fluo, désormais), d’étudiants en lutte, de lycéens, et de syndicalistes autonomisés de leurs bureaucraties.
Le cœur y est, l’énergie un peu moins. Comme si ces sempiternelles promenades hors du centre-ville négociées entre la préfecture et les dirigeants de la CGT locale tournaient un peu en rond… Quelques moments viendront tout de même animer l’atmosphère, principalement les diverses anicroches à distance avec les flics – on a notamment pu entendre le slogan « Justice pour Cédric », en hommage au livreur tué par la police à Paris cette semaine, qui a doucement glissé vers un « Vengeance pour Cédric ».
Autre moment un peu surréaliste : se retrouver nez à nez avec cinq militants d’Action Française, probablement venus montrer les muscles après avoir vu deux de leurs recrues se faire bolosser par des antifas, mardi dernier, en marge de la manifestation des cheminots. Mais aussitôt mis en déroute par le cortège, les apprentis-chevaliers du Roy sont allés se réfugier pronto derrière une ligne de CRS d’où ils ont pu arroser leurs ennemis de copieux doigts d’honneur. Leur courage et leur ténacité faisait plaisir à voir.
La divergence des luttes
Le clou du spectacle restera ce moment à l’Arc de Triomphe où le cortège de tête a vainement essayé d’entrainer la foule vers la rue Foch, la Préfecture et le reste du centre-ville. Tandis que les gilets jaunes s’amassaient en haut, l’intersyndicale continuait son chemin par-dessous en direction de Louis Blanc, d’abord sous les appels à rejoindre les « sauvages » rassemblés au-dessus de leurs têtes, appels bientôt remplacés par des quolibets et des insultes, réciproques, qui ont culminé par des jets de pétards et de projectiles légers, de la part de quelques gilets jaunes frustrés par la situation.
La manifestation est ensuite allée se disperser au Corum, tandis que les gilets jaunes, suivant bon an mal an le reste du cortège, ont tenté une nouvelle percée vers le centre-ville. Un groupe assez conséquent s’est finalement retrouvé sur la comédie, où bac, CDI, CRS et autres bleusailles les attendaient, prêtes à en découdre, maintenant que les classes moyennes étaient rentrées se mettre au chaud. Après quelques fugaces tentatives de nassage et une errance dans les rues de l’Ecusson, la manif sauvage s’est rapidement dispersée.
Bilan ? Une grande mobilisation, des secteurs jusque-là peu visibles venus montrer leur force – notamment les avocats avec leurs ballons noirs – et toujours cette sempiternelle frustration que rien ne déborde, que le centre-ville reste hors de portée (voire même hors d’imaginaire). La manifestation du samedi 11 janvier, au cours de laquelle intersyndicale et gilets jaunes se côtoieront de nouveau – cette fois-ci sur le terrain de jeux des seconds – sera sans doute très intéressante à scruter.
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