Montpellier : 2000 personnes à l’appel de l’intersyndicale, sans convergence avec les manifestants du samedi
Réformes des retraites et de l’assurance chômage, baisses du pouvoirs d’achat… : les préoccupations sont multiples pour la journée de grève et de manif interpro du 5 octobre, et les confédérations syndicales entendent remettre le social au coeur du débat public. Parmi les 2000 manifestants montpelliérains, assez peu d’expressions sur l’attaque contre le code du travail que représentent l’obligation vaccinale et la suspension des salaires des réfractaires.
CGT, FO, FSU, Solidaires appelaient ce mardi 5 octobre avec des organisations lycéennes et étudiantes à une journée de grève et de manifestation syndicale interprofessionnelle. Plus qu’une traditionnelle journée de rentrée sociale, il s’agissait pour Yves Veyrier, secrétaire général de Force Ouvrière, d’envoyer un avertissement au gouvernement, haut et fort. Dans un contexte social particulièrement dégradé, et à quelques mois seulement des élections présidentielles.
Sur Montpellier, la manif, partie de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, aura rassemblée environ 2000 personnes. Dont une immense majorité de syndicalistes encartés. Après avoir remonté le boulevard du jeu de Paume, le cortège s’est dirigé vers la place de la Comédie, où ont eu lieu quelques rapides prises de parole avant dispersion.
Il a été rappelé que la lutte paye, y compris dans ses aspects syndicaux. Les grèves de cheminots du printemps 2021 auront menées à la création de 65 postes supplémentaires en région Occitanie. De leur côté, les parents d’élèves, profs et personnels du collège les Aiguerelles à Montpellier auront obtenus l’embauche d’AEDs supplémentaires. Notons également les chèques énergie accordés par le gouvernement en réponse à la hausse du coût de la vie, et dans une peur assumée de voir ressurgir sur le devant de la scène le mouvement des gilets jaunes.
La mesure des chèques énergie est jugée insuffisantes par les syndicalistes mobilisés. On en tiendra pour preuve une longue intervention d’un délégué FO, revendiquant la création d’un pôle public de l’énergie à même de lutter efficacement contre la flambée des prix et la dégradation des conditions de travail, et d’assurer une transition écologique plus que jamais nécessaire, loin des intérêts privés de grandes entreprises côtées en bourse. La baisse du pouvoir d’achat est générale, estimée à près de 14% depuis l’an 2000 pour les fonctionnaires.
Un autre intervenant est venu rappeler que le financement de mesures de progès sociaux n’est pas irréaliste, prenant pour exemple les milliards qui échappent à l’impôts via la fraude fiscale, remis sur le devant de la scène par les Pandora Papers.
Pour clore ces prises de parole, un représentant de l’Union Syndicale Solidaires fait un lien avec les graves reculs que connaissent les libertés publiques ces dernières années. Loi sécurité globale, loi contre le séparatisme : les exemples ne manquent pas. Il est toutefois marquant que ne figure pas dans cette énumération une seule mention ni du pass sanitaire, ni de l’obligation vaccinale pour certains professionnels, avec suspension des salaires pour les réfractaires. Bien qu’il s’agisse d’une franche attaque du code du travail. On devine là derrière un monde syndical profondément divisé sur les questions soulevées par le mouvement contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale.
De fait, très peu d’expressions publiques se faisaient l’écho de ces préoccupations dans cette manif montpelliéraine : une banderole estampillée du syndicat CGT du médico-social, une autre dans le maigre rassemblement de non-syndiqués, et une brève cession de slogans sonorisés contre la suspension des salaires à l’avant du cortège Force Ouvrière. En parrallèle, le défilé n’aura compté qu’une petite poignée de participants non syndiqués.
Pas sûr donc que cette journée soit sur Montpellier celle de la rencontre entre syndicalistes et manifestants du samedi…
Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :