Montpellier : 50 jours de grève pour les salariées d’Onet, “les invisibles de l’hôpital“
À l’occasion d’Halloween et de leur cinquantième jour de grève, les salariées d’Onet, l’entreprise de nettoyage du CHU de Montpellier, ont déambulé dans l’hôpital déguisé en fantôme pour dénoncer leur invisibilisation et le « mépris » de la direction
Elles sont déguisées en fantômes, pas pour demander des bonbons mais une augmentation salariale, un treizième mois, et la fin d’un dispositif de contrôle jugé chronophage et intrusif. Pour leur cinquantième jour de grève, excusez du peu, et pour Halloween, les salariées d’Onet ont arpenté les couloirs du CHU de Montpellier vêtues de draps blancs pour symboliser leur invisibilisation, elles qui sont chargées du nettoyage.
« La direction nous méprise, ils ne veulent rien entendre », explique Abdel, l’un des grévistes. « On n’a aucune reconnaissance », abonde Claire, une autre salariée élue au comité social et économique de l’hôpital. « On était en première ligne pendant le covid, et on n’a pas eu la prime du Ségur car on n’est pas considéré comme du personnel de santé ».
Vers 15h30, les grévistes se sont rendues devant la librairie Sauramps, place de la Comédie, pour diffuser des tracts et médiatiser leur lutte, avec l’appui de l’union locale de la CGT.
« La solidarité, c’est ce qui nous fait tenir »
Même après un mois sans salaire, 40 des 110 salariées de l’entreprise de nettoyage sont toujours sur le piquet de grève. « Pour certains c’est dur », confie Abdel. « Il y a des femmes seules avec enfants qui sont à mi-temps, d’autres qui sont en CDD de remplacement pour qui faire grève est compliqué. » Mais devant l’absence de réaction de leur direction, les grévistes restent déterminées.
Elles ont contacté le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, par ailleurs président du Conseil de surveillance du CHU et président de la fédération hospitalière de France pour la région Occitanie, afin d’obtenir une médiation, mais celui-ci n’aurait pas donné suite. Alenka Doulain, conseillère municipale d’opposition du groupe Montpellier Union Populaire Ecologique et Sociale, présente au rassemblement d’Onet devant Sauramps, commentait : « Michaël Delafosse a les mandats qui permettraient de faciliter le dialogue social. Il se targue souvent d’être féministe, mais être féministe, c’est améliorer les conditions matérielles des femmes. »
Le 9 novembre, la députée insoumise Rachel Keke, ancienne femme de chambre d’Ibis Batignolles devenue députée de La France Insoumise suite à une grève de 22 mois, viendra rencontrer les salariées d’Onet sur leur piquet. Les grévistes peuvent compter d’une manière générale sur le soutien de plusieurs organisations militantes pour abonder la caisse de grève (une cagnotte est disponible ici). A l’instar de ce militant de la CGT-CHU présent ce 31 octobre devant le CHU de Montpellier pour vendre à prix libre des sablés moulés du slogan « Onet malhonnête, CHU complice ».
Le prochain événement de soutien aux grévistes d’Onet aura lieu ce mercredi 1er novembre au bar le Madrediosa (5 rue Belmont, Montpellier). « La solidarité, c’est ce qui nous fait tenir », souffle Abdel avec un sourire.
Elian Barascud
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