Montpellier : “Commémoration, mémoire et résistance” pour la journée du souvenir trans
En ce 20 novembre, environ 150 personnes se sont réunies sur la place Albert 1er à Montpellier pour commémorer la mémoire des personnes trans et intersexes mortes en raison de leur identité de genre. Entre témoignages personnels et revendications, les participant·es ont tenu à rappeler que “l’existence des groupes minorisés est politique”
Devant la chapelle de la place Albert Premier, des bougies sont allumées au pied d’une grande banderole. Environ 150 personnes sont rassemblées à l’appel des Féroces Dolls, réseau et collectif transfem en construction sur Montpellier et alentours, pour la journée du souvenir trans, journée internationale de commémoration des personnes trans et intersexes mortes en raison de leur identité de genre. “Entre novembre dernier et le mois d’octobre, on compte 250 meurtres de personnes trans et de genre non-conformes à travers le monde, c’est l’année la plus meurtrière depuis 2008”, précise une personne au micro. “Les personnes tuées sont en majorité des personnes transféminines, racisées et travailleuses du sexe, mais les chiffres ne sont pas exhaustifs car elles ne sont pas toutes identifiées comme trans.”
Textes d’associations et témoignages personnels s’enchaînent. L’émotion est palpable à la lecture d’une liste de personnes trans mortes, de travailleuses du sexes tuées en raison de leur identité de genre, ces dernières années. Le nom de Doona, jeune montpelliéraine qui s’est suicidée à la gare Saint-Roch en 2019 résonne parmi beaucoup d’autres. Car derrière les chiffres, il y a des noms, des parcours, et des vies de personnes mortes racontées par celles et ceux qui restent, et dont l’existence-même est souvent un acte de résistance. Et puis des causes, structurelles, derrière ces meurtres ou ces suicides : montée de l’extrême-droite et d’un climat transphobe (livres et tribunes dans la presse, projet de loi de la droite visant à interdire les transitions médicales aux mineurs), violences médicales, isolement, difficultés à trouver un travail et un logement… “L’existence des groupes minorisés est politique”, clamera quelqu’un au détour d’un texte, intégralement traduit en direct en langue des signes. Les organisations politiques présentes (LFI, NPA) se voient demander de mettre leurs drapeau en berne. “Si on avait interdit les drapeaux, est-ce que vous seriez venus ?”, demande quelqu’un.
Les récits ne sont pas seulement personnels, les revendications spécifiques affluent : fin des interventions chirurgicales et hormonales sur les enfants intersexes, instauration de législations spécifiques et des politiques d’inclusions dans tous les secteurs de la société, créations de programmes scolaires qui intègrent ces questions, fin de la criminalisation du travail du sexe, menant à plus de précarité et de dangers pour celles et ceux qui le pratiquent, le tout dans une logique intersectionnelle connectées aux autres luttes (anticapitalisme, antiracisme, antivalidisme…)
Le rassemblement s’est terminé par un moment intra-communautaire, en intérieur. Preuve, s’il en fallait encore une, que l’intime est éminemment politique.
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