Montpellier : deux participants à la manifestation du 18 septembre jugés en comparution immédiate

Elian Barascud Publié le 22 septembre 2025 à 22:12 (mis à jour le 22 septembre 2025 à 22:19)
Photo d'illustration du Tribunal de Montpellier - le Poing

Ce lundi 22 septembre, deux personnes arrêtées lors de la manifestation montpelliéraine du 18 septembre ont été jugées en comparution immédiate. L’un a écopé de travaux d’intérêt général, l’autre de trois mois de sursis

Il est 17 heures passées quand M. ,18 ans, visage juvénile en treillis militaire, arrive à la barre. Il a été interpellé vers 15 heures, au niveau du Corum lors de la manifestation du 18 septembre et comparait pour outrage à agent, menace de mort et violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique. « Vous avez fait des doigts d’honneur à des policiers, vous leur avez crié “ACAB”, (All Cops All Bastard, ndlr) et avez dit “fils de pute”, vous avez proféré des menaces en parlant de les bruler avec un cocktail Molotov et vous leur avez jeté des grenades lacrymogènes », résume le juge.

« J’ai reçu une grenade lacrymogène dans le tibia, elle me brûlait les yeux. J’ai donné un coup de pied dedans pour l’éloigner sans vouloir viser qui que ce soit, car je ne voyais rien. Je traversais juste l’Esplanade pour aller chercher mon traitement de substitution », explique celui qui est suivi par une association dans le cadre d’un sevrage à l’héroïne. Interrogé sur les insultes, il lâche, penaud : « C’était sous le coup de la colère, je m’en excuse. Un policier m’a dit que j’étais sans doute un fils à papa, je lui ai répondu que mes parents m’avaient mis à la rue. Un autre m’a dit que j’étais une merde et que mes parents avaient eu raison de me mettre dehors, ça m’a fait vriller, j’ai un trouble de la personnalité bordeline » , détaille t-il, la voix tremblante. Le juge lui tend un mouchoir, le jeune sèche ses joues humides, et ajoute : « Je suis contre les violences. Je veux juste sortir de la rue et avoir un travail. »

« C’est mon seul pantalon »

« Même s’il prend conscience de ses actes, il doit en assumer la responsabilité », tonne l’une des deux avocates des policiers constitués parties civiles. Le second renchérit : « Moi je veux bien qu’on arrive à l’audience en parlant de problème psychiatriques, mais on n’a pas d’expertise psychiatrique le jour des faits. Et quand on plaide la repentance, on ne vient pas en tenue de camouflage à l’audience. » « C’est mon seul pantalon », rétorque le jeune homme, en pleurs. Ils demandent 600 euros de dommages et intérêts plus 500 euros de frais des procédures pour chacun des agents constitués parties civiles.

De son côté, le procureur requiert huit mois de sursis simple et une interdiction de manifester, arguant que le fait que le prévenu, au casier judiciaire vierge, ait entamé de lui-même une démarche de soins laisse présager d’une réinsertion sociale. Un constat partagé Me Joseph-Massena, l’avocat de M., qui demande une peine sous la forme de travaux d’intérêts généraux comme alternative à un emprisonnement.

Il a finalement été condamné à 105 heures de travaux d’intérêts généraux à réaliser dans les 18 mois, et devra 500 euros de dommages et intérêts plus 300 euros de frais de procédure à un policier, ainsi que 300 euros de dommages et intérêts plus 300 euros de frais de procédure à trois autres agents.

Un refus de donner un code de téléphone

Trois heures et un dossier plus tard, le second des deux inculpés est appelé à la barre. L., 20 ans, a lui aussi a été interpellé entre l’Esplanade et le Corum. Il est convoqué pour « participation sans arme à un attroupement après sommation de se disperser par une personne dissimulant volontairement son visage », jet de projectile sur un policier et refus de donner son code de téléphone en garde à vue. « Je ne savais pas que c’était un délit » ,souffle-t-il à l’audience. S’il admet s’être masqué pour se « protéger des lacrymogènes », il nie le jet de projectile.

« Y a-t-il une prise de conscience ? Manifester c’est une liberté, mais assumer ses choix c’est aussi être libre », tranche le procureur, peu convaincu par la dénégation du prévenu. « Il est reconnaissable sur les images. » Tenant compte du casier judiciaire du jeune homme, il requiert dix mois de sursis et une interdiction de manifester.

L’avocat du jeune homme, quant à lui, s’interroge : « Le PV d’ambiance évoque un individu avec une queue de cheval, hors mon client a les cheveux courts. Il n’a pas jeté de bouteille. » Il est 21 h 53 quand le délibéré tombe : L. est relaxé pour le jet de projectile, et est reconnu coupable du reste des infractions qui lui étaient reprochées. Il est condamné à ce titre à trois mois de sursis.

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