Montpellier : la Carmagnole va-t-elle disparaître ?

Le bail du local associatif implanté depuis bientôt six ans dans le quartier populaire de Figuerolles arrive à son terme fin février 2024 et n’a pas été renouvelé. Un comité de soutien s’est constitué et une procédure de médiation va être engagée avec la mairie et les propriétaires du lieu

Depuis six ans, rue Haguenot à Figuerolles, la Carmagnole est un espace d’appui aux luttes sociales, aux mouvements de solidarité, à diverses association en quête d’un endroit où se réunir, et un lieu de débats politiques et de moments festifs. Gilets jaunes, SOS Méditérranée, collectif Stop Bolloré, soirées queer… Nombreux sont les militants ou artistes qui ont pu s’exprimer ici. Ce sont en tout près de 350 évènements qui ont eu lieu dans les 300 m2 de cette coopérative, avec 4 500 adhérents ayant accès à la buvette.

Mais l’avenir du local n’a jamais été aussi incertain. Et pour cause, le bail de location, arrivant à terme fin février 2024, ne sera pas renouvelé. Même si, selon Frédéric Alart et Francis Viguié, cofondateurs du lieu, « on n’a jamais eu de retards de loyers ou des policiers qui passent ». Les propriétaires des murs, un couple de nonagénaires, aurait reçu des plaintes du voisinage pour nuisances sonores. « Depuis que nous sommes ici, nous avons beaucoup valorisé le lieu, et nous sommes prêts à faire d’autres travaux, notamment d’isolation sonore », précisent les deux comparses.

Face à la difficulté de rencontrer les propriétaires pour discuter, la municipalité de Montpellier, « qui porte de l’intérêt pour l’action du lieu » selon ses coopérateurs, devrait organiser une médiation pour trouver une solution. Pour souligner la mission sociale et démocratique que constitue la Carmagnole, un comité de soutien, organisé autour de personnes collaborant ou ayant collaboré avec la structure, s’est constitué.

« Lien social et politique »

Parmi eux, Thierry Arcaix, historien du quartier de Figuerolles, qui souligne la cohérence de la Carmagnole avec l’histoire du quartier. « Il est en phase avec ce qu’il se passe depuis longtemps à Figuerolles, et notamment la Commune Libre de Figuerolles montée après la guerre par des communistes. C’est un quartier avec une identité forte marquée par la solidarité, l’entraide et le brassage de populations différentes, avec un certain esprit frondeur et contestataire. C’est un lieu utile socialement à la vie du quartier. On ne veut pas d’un nouveau vide comme celui qu’a laissé la fin de la friche à Mimi », autre lieu culturel et associatif du quartier qui a fermé.

Un argument repris et étayé par Marion Mazauric, éditrice au Diable Vauvert, elle aussi membre du comité de soutien : « Des lieux comme celui-ci, de débat politique, de démocratie, d’engagement, mais aussi de fête, il n’y en a pas beaucoup. Ils sont importants, précieux, surtout par les temps qui courent. »

En attendant les conclusions de la médiation organisée avec la municipalité, la Carmagnole donne rendez-vous le vendredi 17 novembre à 19 heures pour une soirée de soutien. En attendant, la pétition « Gardarem la Carmagnole » a déjà récolté plus de 3600 signatures.

E. B.

Liste des membres du comité de soutien de la Carmagnole : Thierry Arcaix, historien du quartier Figuerolles ; Anne Berchon, organisatrice d’ateliers de théâtre-forum ; Monsieur BMX, street-artiste ; Anne Bourel, écrivaine ; Corentin Coko, auteur compositeur et interprète ; Erna Dolcet, chanteuse danseuse et chorégraphe ; Aline Huille, fondatrice de la librairie Le Grain des Mots ; Bertrand Lecointre, artiste plasticien ; Sophie Mazas, avocate ; Roland Ramade, musicien, auteur, compositeur, interprète ; Alain Plombat, ancien journaliste du Midi Libre et militant humanitaire ; Laure Pradal, documentaliste ; Mircea Sofonea, épidémiologue ; Eric Soriano, sociologue ; Daniel Villanova, auteur et comédien.

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