Montpellier : la Cour des comptes interroge le bilan de la gratuité des transports

Le Poing Publié le 1 décembre 2025 à 13:30
La Cour des comptes alerte sur la saturation du réseau de transports de la Métropole de Montpellier. (Photo de Mathieu Le Coz / Hans Lucas)

Dans un rapport publié ce 28 novembre, la Cour des comptes alerte sur le coût croissant de la gratuité des transports instaurée par Montpellier Méditerranée Métropole et sur ses effets limités en matière de report modal. Les magistrats pointent une mesure lancée sans plan d”ensemble, mal évaluée et difficilement soutenable d’un point de vue financier

La Cour des comptes vient de publier une analyse sévère de la politique de gratuité des transports menée par Montpellier Méditerranée Métropole. Introduite par étapes entre 2020 et 2023, jusqu’à devenir totale pour les résidents via le « passe gratuité », cette mesure représente aujourd’hui un manque à gagner estimé à 32 millions d’euros pour l’année 2024. Avant la gratuité, les recettes tarifaires représentaient près de 40 millions d’euros, soit un peu plus d’un tiers des coûts d’exploitation. Elles n’en couvrent désormais plus que 6 %. Avec la mise en service de la ligne 5 de tramway et le développement du bus-tram, ce coût annuel pourrait dépasser 45 millions d’euros d’ici 2031, un niveau que le versement mobilité, déjà au plafond légal, ne permettra pas de compenser. La dette liée aux transports atteint déjà 518 millions d’euros, soit la moitié de l’endettement total de la métropole. Cette baisse de recettes a également conduit la TAM à afficher des bilans financiers déficitaires ces quatre dernières années.

Concernant l’utilisation des transports, le rapport note une hausse de fréquentation depuis la gratuité à hauteur d’environ 20 %, mais celle-ci provient essentiellement de trajets jusque-là effectués à pied, à vélo ou en trottinette. Selon la Cour, le report depuis la voiture reste limité et ne permet pas de mesurer un effet notable sur la congestion ou les émissions. Parallèlement, l’augmentation de l’usage du réseau s’est accompagnée de phénomènes de saturation, alimentant des critiques sur la dégradation de la qualité de service. La Cour souligne que la gratuité a été mise en œuvre alors que le réseau n’avait pas été préalablement renforcé, contrairement aux préconisations figurant dans les études techniques internes.

Malgré ces critiques, la gratuité demeure populaire : 62 % des personnes interrogées souhaitent qu’elle soit maintenue. Toutefois, les attentes se portent davantage sur l’amélioration de l’offre, en particulier dans les communes périphériques, que sur la gratuité elle-même. La Cour appelle donc à une révision du modèle, en envisageant des dispositifs plus ciblés, comme une tarification solidaire, afin de préserver la soutenabilité financière tout en tenant compte des objectifs sociaux de la mesure.

Le rapport laisse néanmoins une question en suspend : pourquoi le conseil d’administration de la TAM a voté en 2023 le fait que son directeur général, Loïc Mesner, toucherait 180 000 euros par an, soit ce qu’Emmanuel Macron a touché en 2018 en sa qualité de président, alors même que la structure affichait déjà un déficit et que la Chambre régionale des comptes alertait déjà sur un “modèle économique à repenser” ? Bref, à la TAM, on semble avoir un train de retard…

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